L’immigration entraîne une croissance démographique record au Québec

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
L’immigration entraîne une croissance démographique record au Québec

MONTRÉAL — Un nouveau rapport de l’Institut de la statistique du Québec indique que de nombreuses régions de la province ont connu une croissance démographique record ou presque record entre 2023 et 2024, en grande partie en raison de l’immigration.

Montréal ouvre la voie, ayant accueilli un total de 91 000 personnes de juillet 2023 à juillet 2024, pour un taux de croissance de 4,2 %, l’un des plus élevés jamais enregistrés dans une région.

«À elle seule, la croissance de Montréal compte pour 44 % de la croissance totale enregistrée au Québec», a indiqué jeudi l’Institut de la statistique du Québec dans un communiqué. La ville de Québec a établi un nouveau record avec une croissance de 2,4 %, tandis que la ville de Laval et les régions de l’Outaouais et de la Mauricie suivaient de près.

L’Institut de la statistique du Québec note que la croissance est principalement due à l’immigration, et à l’immigration temporaire en particulier.

Il souligne que les résidents non permanents tels que les travailleurs temporaires, les étudiants étrangers et les demandeurs d’asile ont dépassé en nombre les résidents permanents nouvellement admis dans toutes les régions et ont contribué à la majorité de la croissance.

La province a ajouté un total d’environ 208 000 personnes de juillet 2023 à juillet 2024, soit un bond de 2,3 % — le taux de croissance le plus élevé enregistré pour une période équivalente depuis le début de la collecte de données comparables au début des années 1970. Toutes les régions de la province, à l’exception de la Côte-Nord, ont connu une croissance, selon le rapport.

«La majorité des régions ont enregistré une de leurs plus fortes croissances démographiques, voire la plus forte depuis que les données sont disponibles», soit depuis 1986-1987, ont indiqué les auteurs du rapport.

Adèle Garnier, professeure de géographie à l’Université Laval, dont les recherches portent principalement sur les migrations internationales, a souligné que le rapport reflète une période où l’immigration temporaire a bondi après la fin des restrictions liées à la pandémie.

Les données montrent «une forte croissance de cette immigration temporaire dans de nombreuses régions, mais surtout dans les régions où il y a des universités ou de forts besoins en main-d’œuvre, donc une augmentation marquée particulièrement à Montréal et à Québec», a-t-elle déclaré en entrevue.

Elle a ajouté qu’il reste à voir si ces tendances s’inverseront dans les années à venir, à la suite d’une forte pression du gouvernement du Québec pour réduire l’immigration temporaire. D’un autre côté, elle a déclaré que les réductions pourraient être quelque peu contrecarrées par l’arrivée d’une administration américaine perçue comme hostile aux immigrants et qui pourrait faire du Canada une destination plus attrayante pour les étrangers hautement qualifiés.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a pris des mesures ces derniers mois pour réduire le nombre d’immigrants temporaires dans la province, invoquant une volonté de protéger la langue française et d’alléger la pression sur le logement, l’éducation et les soins de santé.

Ces annonces ont notamment consisté à geler certains flux d’immigration, notamment pour certains travailleurs étrangers temporaires à bas salaire, et deux programmes qui ouvrent normalement la voie à la résidence permanente. M. Legault a également demandé à plusieurs reprises au gouvernement fédéral d’en faire plus pour limiter le nombre de nouveaux arrivants temporaires au pays et de veiller à ce que les demandeurs d’asile soient réinstallés de manière plus équitable dans les provinces.

M. Legault a déclaré l’année dernière que le nombre d’immigrants temporaires au Québec avait doublé, passant de 300 000 à 600 000 en deux ans.

La population totale du Québec était de près de 9,1 millions de personnes en juillet 2024.

L’institut indique également que la province a enregistré un peu plus de décès que de naissances au cours de cette période d’un an – c’est la première fois que le Québec connaît un déclin naturel de sa population sur une période équivalente.

Les décès ont dépassé les naissances dans 12 des 17 régions de la province, ce qui donne un bilan global de 1150 décès de plus que de naissances. Cependant, Montréal, Laval, la Montérégie, l’Outaouais et le Nord-du-Québec ont enregistré plus de naissances que de décès.

«Le solde naturel y est toutefois de faible ampleur et joue un rôle réduit dans la croissance de la population, à l’exception du Nord-du-Québec où il demeure le principal facteur d’accroissement», peut-on lire dans le rapport.

Entre juillet 2022 et juillet 2023, il y avait eu 696 naissances de plus que de décès dans la province.

Mme Garnier a indiqué qu’elle s’attend à ce que les décès continuent de dépasser les naissances dans les années à venir, puisque le taux de natalité de la province est bien inférieur au taux de remplacement. Cela signifie que le Québec restera une société vieillissante qui continuera de dépendre des immigrants pour sa croissance, a-t-elle déclaré.

«Mais éventuellement, les immigrants vieilliront eux aussi, ce qui constituera un défi à long terme», a-t-elle noté.

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