Les premiers ministres des provinces atlantiques critiquent les règles sur le carbone

La Presse Canadienne
Les premiers ministres des provinces atlantiques critiquent les règles sur le carbone

HALIFAX — Une écologiste du Nouveau-Brunswick estime que les premiers ministres des provinces de l’Atlantique utilisent des stratégies alarmistes dans leur appel à Ottawa pour retarder l’instauration des règles obligeant les raffineries à réduire le carbone dans le diesel et l’essence qu’elles produisent.

Louise Comeau, directrice des changements climatiques et des solutions énergétiques au Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, a déclaré dans une entrevue vendredi qu’un communiqué des dirigeants de la côte est était fondé sur des hypothèses douteuses, selon lesquelles les raffineries refileront aux consommateurs les coûts liés au Règlement sur les combustibles propres cet été.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, ainsi que le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, ont publié jeudi une déclaration affirmant que les règles auraient un «impact préjudiciable et disproportionné» sur la région.

Ils ont noté que la réglementation devrait entrer en vigueur en même temps que les redevances sur le carbone, également prévues pour le 1er juillet.

La réglementation oblige les producteurs ou les importateurs de gaz et de diesel à réduire progressivement l’intensité de carbone dans les carburants qu’ils vendent. Les niveaux devront tomber de 15 % en dessous des niveaux de 2016 d’ici 2030.

Louise Comeau a toutefois souligné qu’à partir du 1er juillet «il ne devrait y avoir aucun impact sur les prix du carburant», mais que les raffineries devraient plutôt rechercher, à leurs propres frais, des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs produits.

Elle a affirmé que l’industrie des combustibles fossiles réalise d’importants profits et peut se permettre d’innover au cours des prochaines années, et soutient que les premiers ministres devraient plutôt se concentrer sur la collaboration avec Ottawa pour réduire l’utilisation des carburants dans la région.

Mme Comeau a qualifié la déclaration commune d’un cas où les premiers ministres «profitent des préoccupations des gens et de leurs défis quotidiens avec l’inflation».

«Ils continuent de faire peur aux gens. Et nous ne pouvons pas faire peur aux gens avec des actions qui contrecarrent les pires effets du changement climatique, a-t-elle déclaré. C’est contraire à l’éthique, de mon point de vue.»

La déclaration des premiers ministres préoccupés par le calendrier de la nouvelle réglementation a été effectuée après leur rencontre avec le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui a publié une annonce rejetant la position des premiers ministres.

M. Guilbeault a fait valoir que les raffineries de la région de l’Atlantique devront composer avec de petits coûts supplémentaires d’ici 2030, et pourront les couvrir grâce aux marges bénéficiaires, ajoutant «qu’il n’y a tout simplement aucune raison pour qu’elles reportent des coûts aux consommateurs le 1er juillet».

La semaine dernière, un rapport du directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a mis en lumière que la nouvelle réglementation sur les carburants, qui devrait entrer pleinement en vigueur en 2030, coûterait potentiellement plus cher aux Canadiens à faible revenu qu’aux citoyens plus riches au moment de sa mise en œuvre complète.

Cependant, Yves Giroux a aussi déclaré, dans des entrevues à La Presse canadienne, que « ne rien faire » pour atténuer les changements climatiques aurait aussi des coûts.

Bora Plumptre, directeur de recherche chez Mobilité électrique Canada, un groupe de défense du transport électrique, a évoqué dans une entrevue que les raffineries qui réduisent leur intensité carbone gagneront des crédits carbone qui pourront être échangés et réduiront leurs coûts.

«Les premiers ministres ont vraiment exagéré l’impact de cette politique, et le 1er juillet, il n’y a aucune raison de croire que les coûts du carburant devraient augmenter à cause de cette politique», a-t-il dit.

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