Les microbiologistes et les biologistes veulent adhérer à l’Ordre des chimistes

Élo Gauthier Lamothe, La Presse Canadienne
Les microbiologistes et les biologistes veulent adhérer à l’Ordre des chimistes

MONTRÉAL — L’Association des microbiologistes du Québec (AMQ) et l’Association des biologistes du Québec (ABQ) revendiquent l’accès à un ordre professionnel pour assurer une meilleure protection du public et prévenir les conséquences négatives de la mésinformation.

Dans une lettre ouverte intitulée «Le système professionnel au service de la protection du public face à la mésinformation scientifique», le président de l’AMQ, Marc Hamilton, propose que les microbiologistes et les biologistes québécois adhèrent à l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ), créant ainsi un nouveau regroupement scientifique.

Co-signée par Michel Alsayegh, président de l’OCQ, et Marie-Christine Bellemare, présidente de l’ABQ, la déclaration soutient que ces trois professions «partagent une importante connexité [sur le plan] des connaissances et des milieux pratiques, notamment dans le secteur de la santé». Cette fusion garantirait un accès à des mécanismes disciplinaires liés à l’usurpation de titre, ce qui permettrait de mieux protéger le public de «certains discours conspirationnistes et pseudoscientifiques» et d’encadrer la formation des futurs scientifiques.

«Le gouvernement de la CAQ favorise les mariages d’ordres professionnels, parce que c’est beaucoup plus rapide et, surtout, moins coûteux pour l’État et pour les ordres qui veulent jouir d’une coquille existante», explique en entrevue M. Hamilton.

En discussion avec les cabinets ministériels depuis «plusieurs années», l’AMQ et l’ABQ visent à obtenir l’engagement de l’Office des professions du Québec (OPQ) pour pouvoir soumettre officiellement leur candidature, et espèrent être les prochains à se faire entendre.

«On veut, dans ce mandat-ci, que le gouvernement et l’OPQ s’engagent à enclencher le processus. (…) Ils sont très ouverts et intéressés à nous écouter, mais on n’a pas de date encore», précise M. Hamilton, ajoutant que les deux associations étaient prêtes à amorcer les démarches juridiques.

Limiter la mésinformation

En plus d’assurer leur reconnaissance, l’adhésion à un ordre professionnel permettrait aux microbiologistes et aux biologistes de consolider leurs efforts de communication, de vulgarisation et d’éducation du public.

«Durant la pandémie, lorsque les vaccins sont sortis, beaucoup de gens se disaient microbiologistes et faisaient de la propagande en disant, par exemple, que le vaccin viendrait modifier leur ADN. (…) Sans ordre professionnel, il nous était impossible de créer des sanctions, de poursuivre ces personnes-là ou d’enquêter sur elles», raconte Marc Hamilton.

Selon une étude menée en 2021 par le Conseil des académies canadiennes (CAC), environ 2,35 millions de Canadiens ont refusé la vaccination contre la COVID-19, entraînant 2800 décès et des dépenses d’au moins 300 millions $ en visites à l’hôpital et en soins intensifs.

«On aurait pu aider le gouvernement dans la divulgation du message et intercepter les soi-disant experts en microbiologie, souligne-t-il. On ne prétend pas qu’on aurait pu éviter 2800 décès, mais on aurait pu contribuer à éviter des ragots et des inventions de charlatanisme concernant l’utilisation de vaccins ou de médicaments contre la COVID pendant le pire de la pandémie».

M. Hamilton déplore aussi le fait que les biologistes et les microbiologistes n’aient pas été considérés, lors du décret ministériel de 2020, aider à l’analyse et au prélèvement des tests de COVID-19.

Au cœur de la pandémie, le gouvernement avait demandé de l’aide à la plupart des ordres professionnels, notamment aux acuponcteurs, aux podiatres, aux optométristes et aux sages-femmes, pour effectuer les tests de dépistage et en faire le suivi. Faute d’ordre professionnel, les microbiologistes et les biologistes n’avaient pas pu participer à l’effort, une décision qui avait laissé le microbiologiste «estomaqué».

«On aurait pu être une aide supplémentaire essentielle en plein milieu de la gestion de la crise. (…) On connaît la science, on l’analyse et on a même développé les méthodes, mais on ne peut même pas participer, ne serait-ce que pour donner les résultats d’un test de COVID», ajoute Marc Hamilton.

Le président assure que les associations poursuivront leurs discussions avec le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en plus de réitérer leur demande auprès de l’OPQ.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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