Les membres de l’équipe canadienne de hockey junior du mondial 2018 ont discuté de ce qu’ils devaient dire aux enquêteurs de Hockey Canada qui enquêtaient sur leur rencontre avec une femme dans une chambre d’hôtel à London, en Ontario, a-t-on appris jeudi devant le tribunal, dans le cadre du procès pour agression sexuelle de cinq joueurs.
Les joueurs ont échangé une série de messages environ une semaine après la rencontre de juin 2018, formant un groupe de discussion pour ceux qui étaient présents dans la pièce, a-t-on appris en Cour.
«Nous devons tous dire la même chose si nous sommes interrogés. Nous ne pouvons pas avoir des versions différentes ni inventer quoi que ce soit», a écrit Michael McLeod dans la discussion, qui a été déposée comme preuve.
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«Tout ce qu’on peut dire, c’est que quelqu’un a ramené la fille dans la pièce. On était tous là à commander à manger, et puis cette fille a commencé à supplier tout le monde pour avoir des relations sexuelles avec elle. Personne n’a voulu. Mais au fil du temps, elle a fait une fellation à trois gars. Quand la situation a commencé à déraper, on est tous partis et on l’a fait sortir», a écrit Brett Howden, qui n’est pas inculpé dans cette affaire, plus tard dans l’échange.
«Ça me semble bien», a répondu Maxime Comtois, un autre joueur non inculpé.
«Oui, c’est tout ce qui s’est passé, donc tout va bien. (…) Elle a donné son consentement à ces gars, donc tout va bien», a écrit Dillon Dube. Plus tard, il a ajouté qu’il ne fallait pas faire passer la femme «pour une folle», car elle pourrait se mettre encore plus en colère si elle l’apprenait et que «ce n’est pas nécessaire».
McLeod, Dube, Alex Formenton, Carter Hart et Cal Foote ont plaidé non coupables d’agression sexuelle en lien avec une rencontre survenue aux premières heures du 19 juin 2018. McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de complicité d’agression sexuelle.
«Embarras et incrédulité»
La Couronne allègue que McLeod, Hart et Dube ont obtenu des rapports sexuels oraux de la femme sans son consentement et que Dube lui a giflé les fesses alors qu’elle était en train d’avoir des rapports sexuels avec une autre personne.
Foote aurait fait le grand écart sur son visage et aurait «effleuré» ses parties génitales dessus sans son consentement. Formenton aurait eu des rapports sexuels vaginaux avec la plaignante sans son consentement dans les toilettes.
Le tribunal a appris que plusieurs joueurs non inculpés se trouvaient dans la chambre d’hôtel et sur le groupe de discussion.
Tyler Steenbergen, qui faisait partie de l’équipe et a fourni la discussion à la police, affirme que deux des joueurs – Dillon Dube et Cal Foote – l’ont également appelé pour lui demander de ne pas révéler aux enquêteurs ce qu’ils avaient fait, car ils voulaient s’expliquer eux-mêmes.
Décrivant les événements de la nuit, Steenbergen a témoigné que lui, Dube et Jake Bean s’étaient rendus ensemble dans la chambre de McLeod après avoir entendu qu’il y avait de la nourriture. Il se souvenait avoir vu Comtois, Howden, Drake Batherson et Sam Steel à l’intérieur.
Il a témoigné mercredi avoir été choqué d’entendre qu’il y avait une «fille nue» dans la salle de bain, puis de nouveau lorsque la femme lui a demandé si l’un d’eux accepterait d’avoir des relations sexuelles avec elle.
La femme est sortie de la salle de bain, s’est allongée sur un drap par terre et a commencé à se masturber, puis a dit: «L’un de vous peut venir me baiser?», a-t-il témoigné.
Hart s’est approché peu après et a reçu une fellation, a raconté le joueur de hockey.
Jeudi, Tyler Steenbergen a dit avoir vu Dube gifler les fesses de la femme. Le témoin discutait avec Bean, a-t-il dit, lorsqu’il a «simplement levé les yeux et vu une gifle».
«Ce n’était pas fort, mais ça ne semblait pas doux non plus», a-t-il dit. La femme a ensuite pratiqué une fellation sur McLeod, a-t-il ajouté.
Foote est entré dans la pièce peu après, a raconté le joueur, ajoutant avoir vu Foote faire le grand écart. Il y avait des gens devant lui, donc il ne pouvait pas voir clairement, a raconté Steenbergen, ni voir si le corps de Foote touchait la femme.
L’ambiance dans la pièce était «de l’embarras et de l’incrédulité», a raconté le témoin. «C’est ce que j’ai ressenti.»
Foote a quitté la pièce rapidement après et lorsque la femme s’est levée pour aller aux toilettes, Steenbergen et Bean sont sortis, a-t-il dit.
Des propos clés
La plaignante, qui a passé neuf jours à la barre par visioconférence, a déclaré qu’elle était nue et ivre lorsque des hommes ont commencé à entrer dans la pièce où elle venait d’avoir des relations sexuelles avec McLeod – une rencontre qui ne fait pas partie du procès.
Elle a expliqué que, même si personne ne l’avait physiquement forcée à se livrer à des actes sexuels, elle avait peur et se sentait obligée de se plier aux exigences des hommes présents.
Lors du contre-interrogatoire, les avocats de la défense ont suggéré que la femme avait demandé à McLeod d’inviter ses amis, puis avait incité les hommes à avoir des relations sexuelles avec elle.
La femme a soutenu ne pas se souvenir avoir tenu de tels propos et que ces phrases ne ressemblent pas à quelque chose qu’elle pourrait dire. Elle a admis qu’il était possible qu’elle les ait prononcées, mais, dans ce cas, a-t-elle témoigné, cela serait un signe qu’elle n’était pas dans son état normal à cause de l’ivresse.