Les employés du Casino de Montréal menacent de débrayer pendant le Grand Prix de F1

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
Les employés du Casino de Montréal menacent de débrayer pendant le Grand Prix de F1

MONTRÉAL — Plus de 1000 employés du Casino de Montréal viennent de se doter d’un mandat de grève de cinq jours à être utilisé «au moment opportun» — et la fin de semaine très achalandée du Grand Prix de Formule 1 pourrait bien être ce fameux «moment opportun».

Le syndicat affilié à la CSN qui représente les employés du casino a annoncé samedi que ses membres ont voté à 91 % en faveur d’une banque de cinq jours de grève, notant d’entrée de jeu que ce mandat lui est donné «à l’approche du Grand Prix de Montréal».

En entrevue avec La Presse Canadienne, le président de l’unité des travailleurs et des travailleuses de sécurité du Casino de Montréal, Riccardo Scopelleti, a confirmé que les employés n’auront pas peur de perturber cette fin de semaine cruciale si les négociations ne progressent pas d’ici là.

«On ne dévoile pas tous nos secrets, mais on vise ces dates-là effectivement. On peut assurer qu’on va être visibles lors de ces journées si on ne reçoit pas d’appel pour retourner aux tables de négociation», a soutenu M. Scopelleti au bout du fil.

La course de Formule 1 sur le circuit Gilles-Villeneuve de l’île Notre-Dame, où se trouve aussi le casino, est l’un des événements touristiques les plus courus à Montréal pendant la saison estivale, attirant bien au-delà de 100 000 personnes au cours de la fin de semaine. Elle se déroulera cette année du 16 au 18 juin.

Le syndicat des employés du casino compte utiliser cet événement d’envergure pour mettre de la pression sur l’employeur avec qui il négocie, soit Loto-Québec, depuis juin 2022.

La question du salaire est au centre du litige. Les employés demandent des augmentations qui représentent «l’équivalent de la hausse du coût de la vie plus 1 $ l’heure», afin de «protéger le pouvoir d’achat des salariés et améliorer l’attraction et la rétention».

«Le salaire, c’est la seule chose qui reste à régler, a mentionné M. Scopelleti. On a réglé le normatif juste avant les Fêtes, mais depuis février, ça n’a avancé d’aucun iota en sept rencontres avec l’employeur.»

De son côté, Loto-Québec a rapidement réagi à cette sortie du syndicat pour rappeler que deux offres monétaires «globales et généreuses» ont déjà été présentées aux syndiqués.

«L’ensemble des ajustements proposés permet de faire face aux grands enjeux d’attraction, de rétention et au contexte économique. (…) La rémunération globale des employés des casinos est fort attrayante, particulièrement sur la question des salaires, du régime de bonification, des primes et du régime de retraite à prestations déterminées», a-t-on fait valoir du côté de la partie patronale.

Mais M. Scopelleti ne partage pas cette vision des choses.

«Depuis trois ans, on n’est plus à la hauteur des salaires dans l’industrie, on a de la misère à embaucher, comme tout le monde on perd notre ‘staff’ à tour de bras, parce que ça démissionne et ça s’en va vers de meilleures conditions ailleurs», a-t-il déploré, ajoutant que la charge de travail des employés qui restent en poste se retrouve à être plus lourde.

Le casino paralysé?

Les personnes concernées par les négociations actuelles travaillent dans le service à la clientèle, la restauration et la sécurité. Ainsi, 31 départements seraient touchés par les moyens de pression, des préposés aux machines à sous jusqu’aux employés d’entretien ménager.

«Toutes les opérations seraient affectées, ça, c’est sûr», selon M. Scopelleti.

Loto-Québec a toutefois réitéré samedi que l’ensemble des activités dans les casinos «se déroulent normalement malgré la tenue de moyens de pression par certains groupes d’employés». «Ces moyens de pression n’entraînent pas l’arrêt des opérations», a-t-on martelé.

M. Scopelleti a d’ailleurs eu vent que la direction compte maintenir les services même pendant une éventuelle grève, mais il veut le voir pour le croire: «Avec 400 ou 700 personnes à remplacer sur un quart de travail… bonne chance», a-t-il lancé.

Les employés du Casino de Gatineau et de Jeux en ligne se sont aussi dotés d’un mandat de grève similaire de cinq jours, tandis que les travailleurs des casinos de Charlevoix et de Mont-Tremblant devraient tenir des votes dans les prochains jours.

Seuls les croupiers ne sont pas concernés par les négociations en cours, puisqu’ils sont représentés par un autre syndicat. Ils avaient aussi tenu divers moyens de pression l’an dernier, avant de s’entendre avec leur employeur en août.

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