Les deux tiers des handicapés ont connu des obstacles dans les trains et les avions

La Presse Canadienne
Les deux tiers des handicapés ont connu des obstacles dans les trains et les avions

OTTAWA — Environ les deux tiers des Canadiens en situation de handicap ont rencontré des obstacles dans les avions et les trains sous réglementation fédérale en 2019 et 2020, ce qui met en lumière le manque de consultations avec les voyageurs concernés et les lacunes dans l’application des règles par les agences responsables, estime la vérificatrice générale.

Dans un nouveau rapport déposé lundi, Karen Hogan indique que Via Rail et l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) ont apporté des améliorations à l’accessibilité au cours des dernières années, mais que de sérieuses lacunes subsistent.

Lors d’une réunion du Comité permanent des comptes publics des Communes, lundi matin, Mme Hogan a rappelé aux députés que pour tout voyageur, il était déjà assez frustrant d’atterrir après un vol pour constater que les bagages n’ont pas suivi. Elle a alors demandé aux députés d’imaginer ce que ça peut être lorsque le bagage qui n’arrive pas, c’est votre fauteuil roulant. 

La vérificatrice générale note par ailleurs dans son rapport que les sites internet pour la planification et la réservation de voyages n’étaient pas entièrement accessibles, «bien que ce soit l’un des obstacles que les personnes en situation de handicap rencontraient le plus fréquemment dans le réseau de transport». 

Alors que certains des problèmes étaient considérés comme mineurs et n’affectaient pas considérablement le voyage, d’autres ont créé des problèmes majeurs, comme l’affichage de mauvaises heures de départ pour les personnes avec un handicap visuel qui utilisent un lecteur d’écran pour accéder au site internet de Via Rail.

Une partie du problème est que seulement quatre employés de l’Office des transports du Canada sont responsables du suivi et de l’application de plus de 450 règles d’accessibilité pour plus de 130 fournisseurs de services de transport, indique le rapport. 

«Par conséquent, certains obstacles pouvaient persister et de nouveaux pouvaient survenir», lit-on dans le rapport.

Pendant la pandémie, les inspections effectuées par ces employés étaient principalement virtuelles, limitant leur capacité à éliminer les obstacles pour les voyageurs en situation de handicap. «Ils se concentraient vraiment sur la conception du service plutôt que sur la prestation de service proprement dite», a déclaré lundi Mme Hogan au comité.

L’Office des transports du Canada a promis de consulter et même d’accompagner des voyageurs ayant divers handicaps pendant leur périple, pour avoir une idée de leur vécu, et d’inclure cette information dans sa stratégie d’application renouvelée.

L’agence a également déclaré qu’elle envisagerait d’embaucher plus de personnel, si des budgets sont disponibles.

Le transport est un secteur majeur couvert par la Loi canadienne sur l’accessibilité, qui vise à éliminer les obstacles dans les industries de compétence fédérale d’ici 2040.

Mais alors que Via Rail et l’ACSTA reçoivent les plaintes concernant l’accessibilité, elles sont traitées de manière ponctuelle, plutôt que d’être utilisées pour examiner plus largement l’accessibilité de leurs services dans l’ensemble, a constaté Mme Hogan.

«Dans l’ensemble, nous avons constaté que VIA Rail et l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien avaient manqué des occasions de mieux comprendre l’expérience de voyage des personnes en situation de handicap en décidant de ne pas effectuer d’analyse plus approfondie des données disponibles sur les plaintes», lit-on dans le rapport.

Mme Hogan a également constaté que près d’un tiers des cadres et des gestionnaires de l’ACSTA étaient en retard pour terminer la formation obligatoire sur l’accessibilité. Chez Via Rail, 39 % étaient en retard, alors que 17 % n’avaient même pas amorcé la formation.

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