Le Nouveau-Brunswick prévoit un déficit de 599M$ pour faire face aux droits de douane

Hina Alam, La Presse Canadienne
Le Nouveau-Brunswick prévoit un déficit de 599M$ pour faire face aux droits de douane

FREDERICTON — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a déposé mardi un budget de 14,3 milliards $, qui a creusé un déficit important en raison d’une promesse d’augmentation du financement des soins de santé et d’un fonds de réserve pour faire face aux menaces tarifaires américaines.

Le budget du ministre des Finances, René Legacy, prévoit un déficit de 549 millions $, qui s’élève à près de 600 millions $ avec l’ajout du fonds de réserve de 50 millions $ pour les droits de douane.

«En tant que ministre des Finances de ce gouvernement, il m’est difficile d’annoncer aujourd’hui un déficit aussi important alors que l’un de nos engagements électoraux était de présenter un budget équilibré pour chaque année de notre mandat», a déclaré M. Legacy aux journalistes avant le dépôt de son budget à l’Assemblée législative.

Il a indiqué que les «gains de revenus exceptionnels» des années précédentes ne se matérialisaient pas et que les menaces du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur les marchandises en provenance du Canada avaient freiné l’économie de la province.

«Les préparatifs en vue de la présentation de ce budget ont été particulièrement exigeants, comme vous pouvez l’imaginer, dans un contexte de revirements quotidiens sur le plan des tarifs, des contre-mesures et des exemptions, a exposé le ministre Legacy dans son discours du budget. La conjoncture reste difficile et ne s’améliorera sans doute pas dans un avenir rapproché.»

Dans le premier budget du gouvernement libéral depuis sa victoire aux élections d’octobre, les recettes totales pour 2025-2026 sont prévues à près de 13,8 milliards $, tandis que les dépenses totales, avant le fonds de prévoyance de 50 millions $, s’élèvent à 14,3 milliards $.

Le gouvernement a pris des mesures pour introduire de la flexibilité dans le budget afin de pouvoir réagir avec agilité aux défis posés par les droits de douane, notamment en soutenant les entreprises et les travailleurs et en diversifiant l’économie, a-t-il fait valoir.

En plus du fonds de prévoyance, les libéraux disposent d’un programme de réponse tarifaire de 112 millions $, dont 25 millions $ pour un programme de soutien aux entreprises offert par l’intermédiaire d’Opportunités Nouveau-Brunswick, a-t-il précisé.

Le ministre a ajouté que le gouvernement avait mis sur pied une «équipe de transformation» pour étudier des «moyens créatifs» d’augmenter les recettes.

Il a indiqué que le gouvernement avait été invité à augmenter les impôts, mais qu’il avait choisi de ne pas le faire dans ce budget. «Ce n’est pas ce que nous envisageons actuellement», a-t-il dit aux journalistes.

Tout en prévoyant une certaine flexibilité dans le budget pour faire face aux difficultés engendrées par la guerre commerciale, M. Legacy a assuré que le gouvernement honorerait sa principale promesse en matière de santé, en affectant 4,1 milliards $ au ministère, soit environ 293 millions $ de plus que l’année dernière.

Le budget met également l’accent sur l’éducation, le logement et les services aux victimes de violence familiale et sexuelle.

Le budget total du ministère de l’Éducation s’élève à environ 2,1 milliards $, contre 1,9 milliard $ l’année dernière. «Les inscriptions continuent de croître, nous devons donc nous assurer de disposer d’installations adéquates pour les élèves et d’un personnel dédié en nombre suffisant pour les accompagner dans cette démarche», a affirmé M. Legacy.

Le gouvernement a annoncé une augmentation de 36,6 millions $ du budget de la Société d’habitation du Nouveau-Brunswick, soit une hausse de 18,6 % par rapport à l’année précédente.

«Nous créerons également une unité provinciale spécialisée dans la lutte contre la violence sexuelle, chargée d’enquêter sur les cas de traite de personnes les plus graves et les plus complexes», a spécifié le ministre des Finances aux journalistes.

Richard Saillant, économiste et ancien vice-recteur de l’Université de Moncton, a qualifié le budget d’austère. La croissance des revenus n’est que de 4 %, tandis que celle des dépenses est de 5 %, contre près de 10 % les années précédentes, a-t-il noté.

Les changements démographiques, notamment une baisse potentielle de l’immigration, compliquent davantage la situation financière, de même que l’imprévisibilité du voisin du sud, a-t-il ajouté. M. Saillant s’est dit peu surpris par l’ampleur du déficit, le qualifiant de «budget difficile pour eux».

Glen Savoie, chef de l’opposition progressiste-conservatrice, a dit espérer voir davantage de mesures visant à diversifier l’économie, notamment l’exploitation des ressources naturelles et l’exploration minière.

Le gouvernement devrait également envisager de renforcer sa promotion touristique, a-t-il soutenu. «Avec tous ces droits de douane, beaucoup de Canadiens vont rester chez eux. Ils vont passer leurs vacances chez eux. Alors, y a-t-il des fonds supplémentaires pour inciter davantage de Canadiens à venir en vacances ici? a-t-il demandé. Je ne sais pas, car rien n’était mentionné dans le budget.»

Le chef du Parti vert, David Coon, a confié ne pas être surpris par le déficit, car il faut dépenser de l’argent pour redresser les services publics.

«J’ai dit qu’il était très probable que nous devions enregistrer des déficits et, même si la première ministre ne l’a pas reconnu pendant la campagne, il est clair que j’avais raison», a-t-il commenté.

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