Le contrat de Catherine Tait à la tête de CBC/Radio-Canada reconduit pour 18 mois

La Presse Canadienne
Le contrat de Catherine Tait à la tête de CBC/Radio-Canada reconduit pour 18 mois

OTTAWA — L’actuelle dirigeante de CBC/Radio-Canada voit son contrat prolongé jusqu’au 2 janvier 2025, a confirmé Patrimoine canadien. Catherine Tait va ainsi demeurer en poste pour un nouveau mandat de 18 mois. 

Mme Tait a été nommée présidente-directrice générale (PDG) de CBC/Radio-Canada en juillet 2018 pour un mandat de cinq ans, ce qui est la norme pour cette fonction.

Elle est la première femme à occuper ce poste dans l’histoire de CBC/Radio-Canada. 

Comme pour la nomination de 2018, le ministère du Patrimoine canadien a indiqué jeudi qu’un comité indépendant lancera un processus ouvert et transparent pour trouver le prochain ou la prochaine PDG du diffuseur public, qui entrera en fonction en janvier 2025.

La décision de reconduire le contrat de l’actuelle PDG d’un an et demi, plutôt que cinq ans, découle d’un commun accord avec la principale intéressée, a affirmé le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodiguez. 

Il a expliqué que Mme Tait a accepté de rester 18 mois de plus pour soutenir la «transition» liée à la mise en oeuvre de la réforme de la Loi sur la diffusion continue en ligne et du projet de loi sur les nouvelles en ligne.

«On s’est entendu que c’est un environnement très différent qui va exister dans à peu près un an et demi. Donc, on s’est entendu ensemble sur cette période là où elle va nous aider à travers le processus aussi pour trouver quelqu’un d’autre dans un an et demi», a déclaré M. Rodriguez en mêlée de presse, jeudi. 

Le ministre libéral s’est défendu de montrer un manque de confiance à l’endroit de Mme Tait. 

«Il faut comprendre que les changements actuels, ce que nous amènent C-11, C-18 ainsi que la modernisation de Radio-Canada et son mandat, font en sorte qu’on doit réfléchir dans ce contexte-là où on sera et quel type de personne on aura de besoin», a-t-il dit.

«Mais d’ici là, on a besoin de quelqu’un de solide pour nous accompagner. Il y a beaucoup de choses qu’elle a entreprises qu’elle veut également terminer», a ajouté M. Rodriguez.

Mme Tait souhaite compléter des dossiers tels que l’examen par le CRTC du renouvellement de la licence du radiodiffuseur public, le lancement de la première stratégie nationale autochtone de la société et les préparatifs des Jeux olympiques d’été de Paris 2024, a précisé le ministre dans un communiqué. 

Combattre la désinformation

Au cours de son deuxième mandat, la PDG de la société d’État a déclaré vouloir continuer de «répondre aux enjeux prioritaires de la polarisation et de la méfiance, qui portent atteinte aux sociétés ouvertes et démocratiques».

«Le problème est grave et préoccupe toutes les démocraties occidentales. Je crois que le diffuseur public du Canada a un rôle primordial à jouer pour combattre la désinformation, bâtir la confiance dans une information fiable et vérifiée», a-t-elle affirmé dans un communiqué. 

Mme Tait est depuis 2019 la présidente du Groupe de travail mondial pour les médias publics, qui vise à promouvoir et à protéger le journalisme indépendant et la radiodiffusion publique dans le monde.

Aux journalistes, M. Rodriguez a souligné que Mme Tait avait démontré un «profond engagement» envers la société d’État, de même qu’une grande expertise, une connaissance du milieu et de la production. 

Mme Tait oeuvre dans les secteurs du cinéma et de la télévision indépendants depuis plus de 30 ans. Avant d’entrer en poste à CBC/Radio-Canada, elle a notamment travaillé chez Téléfilm Canada, le Fonds des médias du Canada et eONE Entertainment. 

Le prédécesseur de Mme Tait, l’avocat Hubert Lacroix, a occupé le poste de PDG pendant dix ans, de 2008 à 2018. 

Selon Peter Menzies, chercheur principal à l’Institut Macdonald Laurier et ancien vice-président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), la décision d’écourter le deuxième mandat de Mme Tait témoigne peut-être d’une «certaine confusion au sein de Patrimoine canadien» quant à l’avenir de CBC/Radio-Canada. 

«Le mandat de Mme Tait est si court qu’il lui est impossible de poursuivre un quelconque programme dans ce court laps de temps, sachant qu’elle sera remplacée. Je dirais donc qu’elle est un canard boiteux à un moment particulièrement difficile pour la CBC, ce qui est regrettable», a analysé M. Menzies.

Il est étonné de voir que le gouvernement fédéral souhaite manifestement quelqu’un d’autre à la tête du diffuseur public, «mais qu’il n’a pas encore trouvé le moyen de le faire». 

«Ils savaient depuis cinq ans que son mandat prendrait fin cet été. Et cela semble les avoir rattrapés», a soutenu M. Menzies. 

– Avec la collaboration de Cassandra Szklarski

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