Le Canada, le Royaume-Uni et la France condamnent les actions d’Israël

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Le Canada, le Royaume-Uni et la France condamnent les actions d’Israël

WASHINGTON — Les dirigeants du Canada, du Royaume-Uni et de la France condamnent l’intensification des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et menacent de prendre des mesures concrètes, y compris des sanctions.

Une déclaration commune publiée lundi a qualifié de «nettement insuffisante» l’annonce faite dimanche par Israël selon laquelle l’État hébreu autoriserait l’entrée d’une quantité minimale de nourriture dans la bande de Gaza.

Elle souligne que le niveau de souffrance humaine y est «intolérable».

«Nous ne resterons pas les bras croisés devant ces actes honteux du gouvernement Nétanyahou. Si Israël ne met pas fin à cette nouvelle offensive militaire et ne lève pas les restrictions entourant l’aide humanitaire, nous prendrons d’autres mesures concrètes», martèlent les trois pays cosignataires.

Dans leur déclaration, les trois pays affirment avoir toujours soutenu le droit d’Israël à se défendre contre le terrorisme et ont souligné qu’Israël avait subi un «horrible attentat» du Hamas le 7 octobre 2023, ils qualifient l’escalade de «tout à fait disproportionnée». Ils ont appelé le Hamas à libérer immédiatement les otages restants capturés lors de l’attaque.

Le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Eden Bar Tal, a avancé que son pays avait accepté la proposition de cessez-le-feu et de libération des otages de l’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, ce week-end, mais que le Hamas l’avait rejetée. M. Tal a affirmé que cela avait contraint Israël à reprendre ses opérations militaires.

L’État hébreu a lancé une nouvelle vague d’opérations aériennes et terrestres dans la bande de Gaza en fin de semaine, affirmant qu’il ferait pression sur le Hamas pour qu’il libère les otages restants de l’attaque du 7 octobre 2023. L’armée a ordonné l’évacuation de Khan Younès, la deuxième plus grande ville de Gaza.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a indiqué lundi qu’Israël prévoyait de «prendre le contrôle de tout Gaza». Il a ajouté qu’Israël encouragerait également ce qu’il décrit comme l’émigration volontaire vers d’autres pays. Les Palestiniens ont rejeté cette suggestion.

Le Canada, le Royaume-Uni et la France ont aussi précisé dans leur déclaration qu’ils s’opposaient à «toute tentative d’expansion des colonies en Cisjordanie» et ont condamné «le discours odieux tenu récemment par des membres du gouvernement d’Israël, selon lesquels le désespoir des civils face à la destruction de Gaza les incitera à se déplacer».

«Israël doit mettre fin à l’implantation de colonies, lesquelles sont illégales et compromettent la viabilité d’un État palestinien ainsi que la sécurité des Israéliens et des Palestiniens. Nous n’hésiterons pas à prendre d’autres mesures, y compris des sanctions ciblées», ont-ils soutenu.

Le Canada a déjà imposé une série de sanctions à Israël au cours des deux dernières années concernant les violences des colons en Cisjordanie. Cependant, la mesure dans laquelle la France peut agir unilatéralement reste floue, étant donné son appartenance à l’Union européenne.

La sortie des trois pays intervient peu après l’entrée sur le territoire de cinq camions transportant des aliments pour bébés et d’autres aides. Les Nations Unies ont qualifié cette situation de «bienvenue», mais ont souligné qu’une aide bien plus importante était nécessaire.

Des experts en sécurité alimentaire ont mis en garde contre une famine la semaine dernière, après qu’Israël a bloqué l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza pendant plus de deux mois. L’État hébreu a reconnu que la pression exercée par ses alliés avait conduit à la décision d’autoriser l’entrée d’une quantité minimale de nourriture.

D’autres pays se mobilisent

Les ministres des Affaires étrangères des trois pays — de même que l’Australie, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Allemagne, l’Islande, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal, la Slovénie, l’Espagne, la Suède et des représentants de l’Union européenne — ont également publié dans la journée une déclaration commune appelant Israël à autoriser immédiatement la reprise complète de l’aide à Gaza.

«En tant que donateurs humanitaires, nous avons deux messages clairs à adresser au gouvernement israélien: autorisez immédiatement une pleine reprise de l’aide à Gaza, et permettez à l’ONU et aux organisations humanitaires de travailler de manière indépendante et impartiale pour sauver des vies, réduire les souffrances et préserver la dignité», indique le communiqué.

Les ministres des Affaires étrangères ont critiqué le projet d’Israël et des États-Unis d’imposer un nouveau système d’aide, qui renonce aux opérations habituelles menées par l’Organisation des Nations unies (ONU) et les organisations humanitaires indépendantes.

Ils affirment que ce projet porterait atteinte à l’indépendance de l’ONU et lierait «l’aide humanitaire à des objectifs politiques et militaires».

Une publication sur les médias sociaux de la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, ne mentionnait pas Israël. Le message soulignait l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat, la reprise de l’aide humanitaire vitale pour les civils et une solution à deux États. Il affirmait également que le Hamas devait libérer tous les otages, déposer les armes et ne jouer aucun rôle dans la bande de Gaza.

Noah Shack, président par intérim du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), a indiqué dans un communiqué que la déclaration du Canada, du Royaume-Uni et de la France «mine» une déclaration faite par M. Carney à Isaac Herzog, président d’Israël, lors de sa visite à Rome cette fin de semaine.

Un communiqué du bureau de Mark Carney indiquait que lui et M. Herzog «ont convenu que le Hamas devait déposer les armes et ne jouer aucun rôle dans la gouvernance future de Gaza».

«La déclaration d’aujourd’hui met en cause cette position et incite le Hamas à continuer de rejeter un accord négocié», a écrit M. Shack.

— Avec des informations de l’Associated Press

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