Le Canada doit faire plus pour lutter contre le suicide, selon un rapport du Sénat

Fakiha Baig, La Presse Canadienne
Le Canada doit faire plus pour lutter contre le suicide, selon un rapport du Sénat

MONTRÉAL — Un rapport du Sénat publié jeudi indique que le Canada peut faire des progrès importants en matière de prévention du suicide si tous les paliers de gouvernement élaborent des stratégies adaptées aux hommes et aux peuples autochtones, les groupes aux prises avec les taux de suicide les plus élevés.

Le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie affirme également que la Loi sur le cadre fédéral de prévention du suicide n’a pas fait grand-chose pour réduire le taux de suicide au Canada depuis son adoption en 2016, car elle ne donne pas la priorité aux interventions fondées sur des données probantes pour la prévention du suicide et fait un mauvais travail pour suivre le problème.

Le sénateur Patrick Brazeau, membre de la communauté algonquine de Kitigan Zibi et membre du comité, a fait pression pour une étude sur le suicide au Canada après avoir tenté de se suicider à deux reprises il y a presque dix ans. «J’avais mal», raconte le sénateur dans le rapport.

«Certaines personnes ont perdu des êtres chers à cause de cela et ne peuvent tout simplement pas le supporter, mais pour ceux qui peuvent le supporter, il est très important qu’ils partagent leurs voix et leurs histoires. Il y a beaucoup de gens qui ont des problèmes au Canada aujourd’hui.»

Le sénateur Stan Kutcher, membre du comité, affirme que le rapport a révélé que les hommes représentent 75 % des suicides au Canada.Les dirigeants autochtones ont indiqué au comité que «les Inuits sont confrontés à des taux de suicide 6 à 25 fois supérieurs aux taux nationaux, en fonction de la région et des données démographiques».

Le rapport indique que les hommes meurent davantage par suicide parce que «les hommes choisissent des moyens de suicide plus meurtriers, comme les armes à feu».

Selon le sénateur Brazeau, le Canada doit mener une analyse comparative des programmes disponibles en fonction du sexe parce que le rapport a révélé qu’il y a plus d’efforts de prévention disponibles pour les femmes que pour les hommes.

M. Brazeau avance que cela pourrait être dû au fait que, historiquement, les hommes ont également appris à cacher leurs émotions, ce qui rend plus difficile la prise en charge de leur bien-être mental.

«(Nous pensons) que les hommes sont forts, les hommes sont censés être solides, et les hommes n’ont pas besoin d’aide, et ils s’en sortiront par eux-mêmes, a déclaré M. Brazeau. Je suis la preuve vivante que ce n’est pas le cas.»

Le rapport indique que diverses approches fondées sur des preuves peuvent réduire le suicide parmi les groupes surreprésentés, y compris des «restrictions de moyens».

«La restriction des moyens vise à rendre les méthodes de suicide les plus courantes et les plus mortelles plus difficiles d’accès», indique le rapport, recommandant au Canada de limiter la possession d’armes à feu et de renforcer la surveillance frontalière du trafic d’armes à feu.

Système de collecte de données demandé

Les rapports révèlent que plusieurs facteurs, y compris les effets du colonialisme, ont nui au bien-être des Autochtones et le cadre de 2016 doit le reconnaître.

«Les réalités diffèrent passablement des Premières Nations, des Métis, des Inuits et des peuples autochtones urbains à ceux des réserves ou des régions rurales», indique le rapport.

«Les témoins ont souligné l’importance de fournir des soins et des interventions accessibles à tous les peuples autochtones, qu’ils vivent en milieu urbain, rural ou éloigné.»

Il a également souligné que les programmes de prévention du suicide devraient impliquer des soins autochtones.

Le rapport du Sénat fait valoir que les médecins de soins primaires peuvent également grandement bénéficier des efforts de prévention du suicide.

La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Carolyn Bennett, a déclaré au Sénat que «le Collège des médecins de famille prévoit actuellement de prolonger la résidence de deux ans à trois ans pour permettre une formation supplémentaire en santé mentale, en toxicomanie et en douleur», selon le rapport.

Mme Bennett n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur le rapport, mais le Sénat affirme que la ministre a informé le comité que des travaux sont en cours pour mettre à jour le cadre de 2016.

Le rapport demande également au Canada de créer un système national de collecte de données sur le suicide et exhorte le cadre existant de 2016 à reconnaître officiellement les taux de suicide disproportionnellement élevés chez les Autochtones, ainsi que chez les hommes et les garçons.

M. Brazeau a indiqué que la prochaine étape du Sénat est de discuter du rapport avec le gouvernement fédéral, qui préparera ensuite une réponse à ses conclusions.

«Il est important que les futurs gouvernements suivent ces recommandations et se concentrent sur les populations ciblées», a déclaré M. Brazeau.

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez pensez au suicide, un soutien est disponible 24/7 1 866 APPELLE (1-866-277-3553).

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