OTTAWA — Ottawa ajoute 60 drones pour surveiller la frontière canado-américaine et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) déploiera deux nouveaux hélicoptères cette semaine, alors qu’Ottawa s’efforce de rassurer le président américain élu.
Les ministres fédéraux et les responsables de la sécurité ont dévoilé mercredi les détails des nouvelles mesures frontalières, qui font partie des efforts du gouvernement Trudeau pour montrer qu’il est sérieux dans sa volonté de renforcer la protection des frontières, quelques jours à peine avant l’investiture de Donald Trump à Washington.
Le gouvernement libéral a promis en décembre 1,3 milliard $ pour améliorer la sécurité frontalière lorsque le président élu a menacé d’imposer d’importants tarifs douaniers si le Canada et le Mexique ne freinaient pas «le flux de migrants et de drogues illégales».
Les préoccupations frontalières ont cependant été principalement remplacées depuis par des plaintes concernant le déficit commercial dans les menaces les plus récentes de M. Trump d’imposer un tarif de 25 % sur toutes les importations canadiennes dès son premier jour à la Maison-Blanche.
Lors d’une conférence de presse à Ottawa mercredi, les responsables fédéraux ont mis de l’avant les efforts du Canada pour renforcer la sécurité des frontières, ont minimisé l’idée de problèmes graves et ont souligné la nécessité d’éviter les drames inutiles tout en restant concentré sur les résultats.
Dans le cadre du «plan frontalier» dévoilé le mois dernier, la GRC déploiera une nouvelle «force opérationnelle de renseignement aérien» composée d’hélicoptères, de drones et de tours de surveillance mobile, qui devrait surveiller la frontière 24 heures sur 24.
Le Canada proposera également aux États-Unis la création d’une nouvelle «force de frappe conjointe nord-américaine» pour lutter contre le crime organisé transnational.
De plus, le gouvernement canadien fournit de nouvelles technologies, de nouveaux outils et de nouvelles ressources à l’Agence des services frontaliers du Canada pour surveiller les expéditions de fentanyl, en utilisant l’imagerie, l’intelligence artificielle et des analyseurs chimiques portatifs, en plus de nouvelles équipes canines.
Le fentanyl canadien
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty, a toutefois pris soin de souligner en conférence de presse mercredi que «la frontière nord représente une très petite fraction du fentanyl saisi».
Le gouvernement affirme qu’entre 2018 et 2024, les forces de l’ordre canadiennes ont «perturbé et démantelé» 44 laboratoires liés à la production de fentanyl illicite.
«Malgré les preuves de production nationale au Canada, les forces de l’ordre canadiennes ou américaines n’ont que peu ou pas de preuves que le fentanyl produit au Canada constitue une menace croissante pour les États-Unis», peut-on lire dans une note d’information préparée en décembre pour le ministre McGuinty.
Le gouvernement souligne également une réduction du nombre de passages illicites de la frontière entre le Canada et les États-Unis, une répression de la fraude aux visas et une augmentation des renvois de demandeurs d’asile déboutés par les autorités.
Le Canada doit éviter les commentaires dramatiques et rester concentré sur la mise en œuvre de changements et la gestion de ses relations avec Washington, a estimé le ministre McGuinty.
«La vie est une question de gestion des relations, n’est-ce pas ? Et la relation numéro un du Canada, à mon avis, est avec les États-Unis, a-t-il souligné. Nous souhaitons réaliser des progrès et montrer au gouvernement américain nouvellement élu que nous prenons au sérieux notre relation frontalière, qu’elle est intégrée et que nous le faisons ensemble.»
Les responsables admettent par ailleurs qu’ils se préparent à une éventuelle augmentation du nombre de migrants se dirigeant vers le Canada en réponse à la menace de déportations massives de la nouvelle administration américaine.
«Nous ne savons pas encore à quelle vitesse la nouvelle administration veut procéder sur ce front, a déclaré M. McGuinty. Nous surveillons la situation de près, nous surveillons attentivement les chiffres.»
Le sous-commissaire de la GRC Bryan Larkin a déclaré mercredi que la police fédérale travaillait avec l’Agence des services frontaliers, les provinces et les territoires pour assurer une action rapide en cas de crise à la frontière.
«La GRC se concentre donc beaucoup sur la façon de procéder, a-t-il expliqué. Quelle est notre planification opérationnelle ? Comment déplacer les ressources et comment soutenir nos collègues de l’Agence des services frontaliers du Canada et des autres services de police?»