La santé mentale concerne aussi les plus petits

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
La santé mentale concerne aussi les plus petits

MONTRÉAL — Même les plus petits peuvent souffrir de troubles de santé mentale, une problématique qui peut avoir des répercussions pendant plusieurs années et à laquelle on doit donc s’attaquer, prévient l’Observatoire des tout-petits à l’occasion de la semaine québécoise de la santé mentale.

On estime ainsi que la moitié des troubles de santé mentale qui touchent les plus petits perdureront pendant l’enfance s’ils ne sont pas traités.

Si on a beaucoup parlé de l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires sur la santé mentale des enfants, des adolescents et des adultes, la santé mentale des tout-petits a moins retenu l’attention.

«On a tendance à ne pas penser que ce soit possible. On se dit mon Dieu, à cet âge-là, ils sont beaucoup trop jeunes pour vivre ce genre de problématique. Pourtant, ce n’est pas le cas», a dit Fannie Dagenais, la directrice de l’Observatoire des tout-petits.

La fréquence des troubles de santé mentale chez les tout-petits serait comparable à celle observée chez les enfants d’âge scolaire, précise l’Observatoire. La situation aurait été exacerbée par l’isolement social des familles, le stress lié à la pandémie, les nombreux changements imprévus dans la vie des tout-petits et les problèmes d’accès aux ressources en santé mentale.

Les problèmes de santé mentale qui touchent les tout-petits peuvent être plus difficiles à diagnostiquer, notamment parce que les enfants ne sont souvent pas encore en mesure de s’exprimer clairement. Même les parents pourront peiner à distinguer un caprice d’une situation plus grave.

Il y a donc un risque que les rares données dont on dispose à ce sujet sous-estiment l’ampleur réelle du problème, puisque plusieurs professionnels de la santé préféreront d’attendre l’entrée à l’école avant d’y aller d’un diagnostic.

«Ce que les études documentent dans plusieurs pays, c’est une augmentation chez les enfants de symptômes anxieux et dépressifs, une augmentation des troubles de comportement, une diminution des capacités d’attention des enfants et une diminution de la quantité et de la qualité du sommeil, a énuméré Mme Dagenais. Donc tout ça, ça peut être des façons dont s’expriment les problématiques de santé mentale chez les tout-petits.»

Un sondage mené par Léger pour l’Observatoire des tout-petits à l’automne 2020 révélait qu’un peu plus de la moitié des parents considéraient que la pandémie avait eu un impact négatif sur leur enfant. Entre 35 et 40 % des participants témoignaient par exemple d’enfants plus irritables, plus colériques et plus agités qu’avant la pandémie.

Prévention

Repérer rapidement les retards et intervenir dans les cinq premières années de vie de l’enfant influent positivement sur son développement global, sa réussite éducative, sa santé et son bien-être. Ces répercussions positives se ressentiraient jusqu’à 30 ans après la mise en place de l’intervention, prévient l’Observatoire par voie de communiqué.

«Ce qui est important de comprendre, c’est que la santé mentale des tout-petits, ça se construit au gré des interactions avec les personnes qui l’entourent», a souligné Mme Dagenais.

L’augmentation des problèmes de santé mentale chez les tout-petits inclut le stress financier vécu par certains parents, a-t-elle rappelé.

Si on veut prévenir les problématiques de santé mentale, poursuit-elle, on a tout avantage à mettre en place les bonnes conditions pour que ces interactions se déroulent de manière harmonieuse, en réduisant par exemple le plus possible le stress des familles avec des mesures de conciliation travail-famille.

Il importe aussi que l’enfant ait accès à un quartier sécuritaire, à un logement convenable et abordable, et à «toutes sortes de services dans la communauté qui peuvent stimuler son développement», a ajouté la directrice de l’Observatoire, qui cite en exemple l’heure du conte à la bibliothèque.

«On sait qu’il est très payant d’intervenir tôt dans la vie de l’enfant parce que, à cause de la grande plasticité du cerveau des tout-petits à cet âge-là, bien les interventions sont beaucoup plus efficaces que si on les met en place plus tard, a rappelé Mme Dagenais en conclusion. On a tout avantage à intervenir tôt.»

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