OTTAWA — Le gouvernement canadien condamne l’attaque iranienne contre Israël après le lancement d’une salve de missiles à longue portée sur Tel-Aviv en représailles à une frappe israélienne en Iran.
Israël a attaqué vendredi des sites nucléaires et de missiles iraniens, et l’Iran a menacé l’État hébreu de «sanctions sévères» avant de lancer ses missiles en réponse.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a déclaré que le Canada exhortait les deux parties à la retenue. Selon elle, toute autre action pourrait avoir des «conséquences dévastatrices» pour l’ensemble de la région.
Mme Anand a déclaré que les négociations entre les États-Unis et l’Iran constituaient la meilleure voie pour parvenir à une «résolution durable et pacifique» du programme nucléaire iranien, ajoutant que l’engagement diplomatique demeurait essentiel pour assurer la stabilité régionale et la sécurité internationale à long terme.
«L’Iran ne doit jamais obtenir d’armes nucléaires, a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux vendredi soir. Les efforts continus de l’Iran pour se doter d’armes nucléaires, son appui aux groupes terroristes et ses attaques directes contre des centres civils représentent une menace constante pour la stabilité régionale et pour Israël, qui a le droit de se défendre.»
Les Canadiens présents dans la région sont encouragés à rester vigilants et à s’inscrire auprès de l’ambassade afin de recevoir des mises à jour en temps opportun.
Selon l’armée israélienne, la frappe israélienne a impliqué plus de 200 avions et une centaine de cibles.
L’Iran a confirmé la mort de trois de ses principaux dirigeants militaires et a lancé plus de 100 drones sur Israël en réponse. Israël a affirmé avoir intercepté les drones hors de son espace aérien.
Les dirigeants israéliens ont décrit l’attaque comme une frappe préventive visant à parer à une menace imminente en détruisant la capacité de l’Iran à fabriquer des armes nucléaires. L’Iran maintient que son programme nucléaire est exclusivement destiné à des fins civiles.
Après une réunion avec le Conseil de sécurité nationale, le premier ministre Mark Carney a déclaré aux journalistes vendredi soir que le gouvernement suivait la situation de près.
Dans une publication sur les médias sociaux, le premier ministre a indiqué que le programme nucléaire iranien «nous préoccupe beaucoup depuis longtemps, et ses tirs de missiles contre Israël menacent la paix dans la région».
«J’ai convoqué notre Conseil de sécurité nationale pour faire le point sur la situation et veiller à ce que toutes les mesures nécessaires soient prises pour protéger nos ressortissants et le personnel de nos missions diplomatiques dans la région», a-t-il écrit.
«Le Canada réaffirme le droit d’Israël de se défendre et d’assurer sa sécurité. Nous appelons toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à rechercher une solution diplomatique», a-t-il ajouté.
À la veille du G7
À ce stade, le Canada n’a annoncé aucun changement au personnel de l’ambassade, ni en Israël ni dans la région. Le Canada a fermé son ambassade en Iran en 2012.
Les États-Unis ont évacué certaines personnes de leur ambassade en Irak avant qu’Israël n’attaque l’Iran.
Le député Robert Oliphant, secrétaire parlementaire de Mme Anand, a avancé vendredi aux journalistes que l’Iran était un «impondérable» dans la guerre entre Israël et le Hamas.
«L’Iran a manifestement recours à des guerres par procuration à divers moments et en divers lieux, et nous ne défendrons donc jamais l’Iran, mais nous serons toujours solidaires du peuple iranien», a-t-il déclaré.
Il a indiqué que le personnel diplomatique canadien dans la région était protégé par des «mesures strictes», mais n’a pas pu préciser si des plans étaient en cours pour le retirer ou pour renforcer les protocoles de sécurité des ambassades.
Dennis Horak, dernier ambassadeur du Canada en Iran, a indiqué que, si Ottawa décidait d’évacuer les ambassades de la région, la première mesure serait d’ordonner le départ des personnes à charge et du personnel non essentiel.
«Il existe des plans d’urgence pour toutes les ambassades concernant les plans d’évacuation et autres, qui seront dépoussiérés et éventuellement révisés», a expliqué M. Horak.
«Idéalement, notre ambassade en Israël souhaiterait faire sortir au moins les personnes à charge, mais, là encore, la logistique pourrait s’avérer complexe.»
Alors que l’espace aérien israélien est actuellement fermé, M. Horak a indiqué que les Canadiens pourraient partir par la route pour la Jordanie.
Le Canada accueillant le G7 la semaine prochaine, M. Horak croit qu’il s’agit du moment «opportun» pour les dirigeants mondiaux de discuter du conflit au Moyen-Orient.
«La définition du succès est une tout autre histoire, a-t-il souligné. Je pense donc que le moment est opportun.»
Le chef conservateur Pierre Poilievre a donné son appui à Israël, affirmant que l’État avait le droit d’agir pour se défendre en «neutralisant» l’Iran avant qu’il n’ait la capacité de lancer une frappe nucléaire.
«Nous devons tous espérer qu’il s’agit de la fin du programme nucléaire du régime et que le grand peuple perse pourra maintenant se lever pour reprendre son pays au régime totalitaire», a écrit M. Poilievre sur les réseaux sociaux.
Heather McPherson, porte-parole du NPD en matière d’affaires étrangères, a condamné les actions d’Israël dans un communiqué de presse.
«Bien que nous condamnions depuis longtemps les dirigeants iraniens, y compris le Corps des Gardiens de la révolution islamique, cet acte illégal d’Israël ne fera qu’engendrer de nouvelles violences», a-t-elle affirmé.
Dans un communiqué de presse, B’nai Brith Canada a appelé le gouvernement fédéral à soutenir Israël.
«Un Iran doté d’armes nucléaires et de missiles balistiques constitue une menace existentielle pour le monde entier», a déclaré l’organisme de défense des droits.
«Depuis des années, la République islamique d’Iran travaille sans relâche au développement d’armes nucléaires, à l’armement de ses mandataires terroristes avec des armes de destruction massive et à l’appel ouvert à l’anéantissement d’Israël et de l’Occident. Hier, Israël a agi avec détermination pour éviter une catastrophe mondiale.»
— Avec des informations de Catherine Morrison et de l’Associated Press