Intempéries: les inondations du printemps montrent que les Canadiens sont mal assurés

Rosa Saba, La Presse Canadienne
Intempéries: les inondations du printemps montrent que les Canadiens sont mal assurés

Des experts affirment que de nombreux propriétaires résidentiels canadiens n’ont toujours pas d’assurance adéquate pour couvrir les dommages causés par les conditions météorologiques extrêmes à leur maison.

« Je dirais qu’en général, les Canadiens ne sont pas vraiment conscients des risques auxquels sont exposés leurs maisons, de la vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes et des pertes potentielles qu’ils pourraient subir », selon Michelle Laidlaw, vice-présidente associée chez Groupe Co-operators Ltée.

Les inondations sont le plus grand risque climatique sous-assuré au Canada, selon Victor Adesanya, vice-président des assurances chez DBRS Morningstar, en particulier pendant le dégel printanier. Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) affirme que plus de 1,5 million de foyers au Canada sont «très exposés» aux risques d’inondation.

En comparaison, alors que les incendies de forêt en Alberta ont forcé des évacuations, le Bureau d’assurance du Canada a déclaré que l’assurance habitation standard couvre les dommages causés par le feu ainsi que les coûts des évacuations massives.

L’onde de tempête est un autre grand risque sous-assuré, d’après Nadja Dreff, vice-présidente principale et responsable de l’assurance canadienne également chez DBRS Morningstar. La région de l’Atlantique est particulièrement exposée aux ondes de tempête, qui ont tendance à survenir à la suite d’ouragans ou d’autres tempêtes de ce type.

Les risques pour ces deux événements ne font qu’augmenter avec le changement climatique, d’ajouter Nadja Dreff. « Il y a vraiment un besoin pour cette couverture. Et pourtant, nous n’avons toujours pas atteint ce niveau où nous pouvons dire que le secteur de l’assurance est complètement capable de couvrir tous les risques.»

Le BAC soutient que la couverture contre les inondations terrestres pour les dommages causés par les débordements de plans d’eau n’est généralement couverte qu’avec un complément aux polices d’assurance. Elle peut même ne pas être disponible si l’on vit dans une plaine inondable connue.

Les polices d’assurance habitation et entreprise ne couvrent pas non plus normalement les inondations côtières ou celles causées par les ondes de tempête, selon le BAC, ce qui signifie que les dommages causés par la montée des eaux et les vagues soulevées par les tempêtes ne sont généralement pas couverts.

Mais certains des dommages les plus importants peuvent provenir de ce genre d’événements, comme l’illustre l’ouragan Fiona, qui a dévasté des maisons au Canada atlantique l’automne dernier. 

Selon le BAC, les intempéries ont causé pour 3,1 milliards $ de dommages assurés au Canada en 2022, Fiona ayant coûté 800 millions $ à lui seul.

« Les incidents météorologiques extrêmes, y compris les inondations, sont devenus plus soudains, plus fréquents et plus graves. Et donc, ce que nous voyons, c’est une augmentation des prix, une augmentation du coût de l’assurance pour les Canadiens», selon Michelle Laidlaw. Co-operators est la seule compagnie d’assurance qui offre une couverture contre les ondes de tempête à tous les Canadiens, et pas seulement à ceux qui sont moins à risque, précise-t-elle.

À l’heure actuelle, environ 80 % des clients de Co-operators sont couverts contre les ondes de tempête, mais la participation est plus faible dans les zones à haut risque. Par exemple, Mme Laidlaw a observé que seulement 60 % des clients de Co-operators au Canada atlantique sont couverts contre les ondes de tempête.

À son avis, c’est probablement parce que les primes d’assurance sont basées sur le risque. « Là où nous voyons le risque le plus élevé, vous verrez également la prime la plus élevée », soutient-elle.

Michelle Laidlaw croyait possible qu’il y ait une augmentation de l’intérêt des propriétaires à haut risque alors qu’ils reconstruisaient après les dommages de Fiona, mais cela ne s’est pas encore produit.

Pendant ce temps, le gouvernement du Canada a promis de mettre en place un programme national d’assurance contre les inondations à faible perte, « visant à protéger les ménages à haut risque d’inondation et sans accès à une assurance adéquate ». Le dernier budget fédéral a annoncé 31,7 millions $ sur trois ans pour la création du programme, à compter de 2023-2024.

Il existe des programmes dans d’autres pays qui donnent un aperçu des types de modèles possibles, selon Victor Adesanya, de DBRS Morningstar. Par exemple, le programme national d’assurance contre les inondations aux États-Unis est piloté par le gouvernement, tandis qu’au Royaume-Uni, il est piloté par l’industrie, le risque étant partagé entre les compagnies d’assurance.

Le budget fédéral indiquait que le programme comprendrait l’offre de réassurance par l’intermédiaire d’une société d’État fédérale ainsi qu’un programme distinct de subventions d’assurance.

Le BAC a plaidé en faveur d’un tel programme et a déclaré qu’il devrait aider à accélérer le rétablissement et la reconstruction dans les communautés inondées ainsi qu’à réduire les coûts imprévus des catastrophes pour le gouvernement fédéral.

«Sa mise en œuvre est la mesure la plus importante que le Canada puisse prendre pour mieux se préparer aux impacts du changement climatique», a écrit le BAC dans un communiqué de presse.

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