Heures d’ouverture: le syndicat inquiet pour les jeunes et la persévérance scolaire

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Heures d’ouverture: le syndicat inquiet pour les jeunes et la persévérance scolaire

Le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, a défendu son projet de loi, mercredi, alors qu’une certaine grogne se fait sentir face à la déréglementation touchant les heures d’ouverture dans les marchés d’alimentation et le nombre d’employés qui seront alors appelés à travailler en dehors des heures habituelles.

Mais le grand syndicat qui représente 39 000 membres, la section locale 500 des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), craint les répercussions sur le travail des jeunes, la nuit, les horaires prolongés et la persévérance scolaire.

Le projet de loi apporte certaines modifications relatives aux périodes d’admission du public dans les établissements commerciaux. Entre autres, pour les marchés d’alimentation et les pharmacies, il retire la restriction prévoyant qu’au plus quatre personnes doivent assurer le service en dehors des heures légales.

Les TUAC, affiliés à la FTQ, voient une contradiction entre ce projet de loi et la loi adoptée par le ministre du Travail, Jean Boulet, qui a encadré le travail des jeunes d’âge scolaire, donc jusqu’à 16 ans.

«En 2023, le gouvernement a adopté la loi 19 pour protéger les jeunes travailleurs de moins de 16 ans. Aujourd’hui, il menace ces mêmes acquis pour les 17 ans et plus. En pleine semaine de la persévérance scolaire, c’est un recul incompréhensible», a critiqué Rosannie Filato, des TUAC 500.

Les TUAC représentent notamment des syndiqués dans les magasins Metro, Provigo, SuperC, Maxi, IGA et Adonis. Environ 60 % de leurs membres ont moins de 30 ans.

Le ministre Skeete insiste: «est-ce au gouvernement de décider qui devrait être ouvert?» À ses yeux, il ne s’agit là que d’un «allègement réglementaire».

En restreignant le nombre d’employés en fonction des heures d’ouverture, «on vient s’ingérer, le gouvernement, dans une pratique d’affaires» qui regarde le consommateur et le commerçant, a objecté le ministre délégué à l’Économie.

«On est la seule juridiction en Amérique qui contrôle les heures d’ouverture comme ça», a-t-il affirmé, lors d’un point de presse.

Les dépanneurs en ont aussi contre la déréglementation, affirmant que les marchés d’alimentation risquent ainsi de leur soutirer une partie de leur clientèle.

De son côté, le Conseil du patronat du Québec a bien reçu cet aspect du projet de loi. «Le CPQ accueille évidemment de façon favorable cette flexibilité qui permettra aux détaillants d’ajuster le nombre d’employés selon leur réalité et mieux répondre aux besoins de leur clientèle. C’est une demande qu’avaient formulée des associations représentatives du secteur du commerce de détail», a-t-il fait savoir.

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