Des ministres caquistes à la rencontre de jeunes pour freiner le déclin du français

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
Des ministres caquistes à la rencontre de jeunes pour freiner le déclin du français

TROIS-RIVIÈRES — Trois ministres caquistes ont pris le pouls d’élèves du secondaire lundi sur l’avenir du français et de la culture québécoise. Leur constat: les jeunes consomment principalement sans surprise les plateformes numériques anglophones, mais ils demandent à voir plus de contenus francophones d’ici. 

Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, était de passage dans une école de l’est de Trois-Rivières, en Mauricie, accompagné de ses collègues de la Culture, Mathieu Lacombe, et de l’Éducation, Bernard Drainville. 

Leur visite à l’Académie les Estacades s’inscrivait dans le cadre des  travaux du groupe d’action pour l’avenir de la langue française mis sur pied par le gouvernement Legault en janvier dernier. L’initiative vise à déterminer les grandes orientations d’un plan d’action pour freiner le déclin du français au Québec. 

À la question qui est abonné aux services de diffusion en continu Netflix et Disney, une majorité de mains se sont levées dans l’auditorium où plus d’une centaine de jeunes étaient réunis pour discuter avec les trois élus. À l’inverse, la plateforme de Radio-Canada Tou.tv recueillait peu de mains levées, certains semblaient même ignorer l’existence de cette webtélé. 

Mais des élèves ayant pris la parole ont fait part de leur intérêt à ce que les plateformes américaines proposent davantage de productions du Québec, un moyen qui pourrait, selon eux, les amener à consommer un peu plus de culture québécoise. 

«Il y a comme une voie de solution peut-être. On ne leur dit pas de lâcher Netflix parce qu’on sait bien que ça n’arrivera pas. Mais si on est capable d’amener sur Netflix davantage de productions québécoises, on voit que les jeunes aimeraient ça», a commenté en point de presse M. Drainville à la suite de la rencontre. 

«Il n’y a personne qui a dit dans la salle: “ce n’est pas important le français, c’est trop exigeant, baissez les attentes”. Dans le fond, il y a une espèce de soif de culture et de français, puis ils ont proposé comment», a renchéri à ses côtés M. Roberge. 

«Ils étaient vraiment dans la solution et pas dans le déni. Donc ça, c’est très encourageant», a-t-il ajouté. 

Le ministre Lacombe a d’ailleurs signifié le mois dernier son intention de légiférer pour forcer les géants du web à promouvoir le contenu québécois. 

«Consommer de la culture québécoise qui les intéresse»

Les trois ministres se sont dits rassurés d’entendre les jeunes afficher un attachement pour le français. Certains ont proposé de privilégier l’immigration francophone pour maintenir la survie de la langue de Molière au Québec.

Recourir à des livres, des chansons et des films québécois pour l’apprentissage du français à l’école a aussi reçu un appui positif, ce qui a plu au ministre Drainville. Plusieurs jeunes ont toutefois insisté pour que les oeuvres proposées soient contemporaines et rejoignent leur génération. 

«Ils ont envie de consommer de la culture québécoise qui les intéresse. Je suis sensible à ça», a noté M. Lacombe. Il faut s’assurer que leur premier contact avec la cinématographie québécoise «soit un succès si on veut les fidéliser pour la suite», a-t-il déclaré. 

Un grand nombre de participants ont également signifié qu’ils utiliseraient le passeport culturel numérique pour les jeunes annoncé la semaine dernière dans le budget 2023-2024. Un montant de 4,2 millions $ sur deux ans a été réservé pour déployer ce laissez-passer qui doit favoriser l’accès à des biens et services culturels québécois à un coût avantageux. 

La rencontre du trio caquiste avec les élèves trifluviens est survenue environ deux semaines après la diffusion d’une publicité gouvernementale visant à encourager les Québécois à parler un bon français.

La publicité — dans laquelle un narrateur décrit un faucon pèlerin en franglais, avec toutes sortes d’expressions comme «sick», «insane» et «sketch» — s’est attiré diverses critiques notamment chez les jeunes se sentant pointés du doigt. 

La visite des ministres à l’Académie les Estacades était prévue bien avant la diffusion de cette campagne publicitaire, a précisé M. Roberge. Il n’est pas dans les plans de sillonner les écoles des différentes régions dans le cadre du groupe d’action. Ayant apprécié leur expérience de lundi, les trois élus aimeraient possiblement répéter l’exercice, a laissé entendre M. Roberge. 

Celui-ci a indiqué que la réflexion du groupe d’action se poursuivra avec la tenue d’une consultation en ligne qui sera annoncée mardi. 

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