Des milliers de Canadiens se trouvent toujours en Israël et en Iran

Vanessa Tiberio, La Presse Canadienne
Des milliers de Canadiens se trouvent toujours en Israël et en Iran

Affaires mondiales Canada indique qu’environ 3500 Canadiens se trouvent en Iran et 6700 autres en Israël, dans le contexte d’un conflit qui s’intensifie entre les deux pays. Certains d’entre eux sont bloqués dans la région et d’autres s’inquiètent pour leurs proches.

Le ministère précise que ce décompte est basé sur l’inscription volontaire d’environ 80 000 Canadiens au Moyen-Orient et ne reflète pas entièrement le nombre d’entre eux qui pourraient avoir besoin d’aide pour quitter la région.

Affaires mondiales Canada affirme n’avoir reçu aucun rapport faisant état de blessures ou de décès de Canadiens dans le cadre du conflit.

Le ministère déconseille tout voyage en Iran, en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et conseille aux Canadiens au Moyen-Orient de demeurer au courant de l’actualité et de suivre les directives des autorités locales.

Les frappes militaires et les chutes de débris résultant des hostilités présentent de «graves risques» dans toute la région, a déclaré le ministère, ajoutant que la situation pourrait entraîner des perturbations des transports et des voyages aériens, ainsi que la fermeture des frontières.

Maddy Eisenberg, une résidante d’Ottawa, est actuellement bloquée à Tel-Aviv après que son vol de retour d’un séjour d’une semaine en Israël a été annulé.

Mme Eisenberg fait partie d’une dizaine de résidants canadiens et américains d’une délégation juive LGBTQ+ arrivée en Israël la semaine dernière pour en apprendre davantage sur le pays et assister au défilé de la Fierté de Tel-Aviv.

Lundi, le vol de Mme Eisenberg au départ de Tel-Aviv a été annulé en raison de l’intensification des attaques de missiles entre les deux pays. On lui a dit qu’il lui faudrait peut-être des jours, voire des semaines, pour rentrer chez elle.

«C’est un choc pour le système d’apprendre que cela pourrait prendre des semaines, a-t-elle déclaré, en entrevue. Mais aucun d’entre nous ne s’attendait à ce qu’une nouvelle guerre éclate, alors voilà.»

Israël a d’abord lancé des frappes sur la capitale iranienne, Téhéran, au petit matin vendredi, dans ce qu’il a présenté comme une attaque visant les sites nucléaires et énergétiques de l’Iran pour empêcher le pays de se doter de l’arme nucléaire.

En représailles, l’Iran a lancé des centaines de drones et de missiles contre Israël, provoquant des explosions dans les villes de Tel-Aviv et de Jérusalem.

Mme Eisenberg a affirmé qu’elle n’était pas préparée au signal d’alarme diffusé par le haut-parleur de son hôtel tôt vendredi matin, ajoutant n’avoir eu que quelques instants pour chercher ses chaussures et son passeport dans l’obscurité et se réfugier dans un abri anti-bombes.

«C’était la première fois que nous, membres de la délégation, voyions un abri anti-bombes», a-t-elle raconté.

Le conflit s’est intensifié depuis les premières attaques. Les frappes israéliennes ont fait plus de 200 morts et plus de 1200 blessés en Iran. En Israël, un peu plus d’une vingtaine de personnes ont été tuées et plus de 500 ont été blessées par les frappes iraniennes.

Dans les jours qui ont suivi les premières attaques, Mme Eisenberg a indiqué avoir reçu des notifications lui demandant de se rendre à l’abri anti-bombes presque toutes les demi-heures, la plupart des alertes survenant au milieu de la nuit.

«Nous avons appris à dormir habillés, notre sac de survie est prêt et nous avons de l’eau, a-t-elle affirmé. Il n’y a pas de lumière du jour et aucun moyen d’entrer, alors nous apportons le nécessaire.»

Mme Eisenberg a dit espérer pouvoir retourner à Ottawa pour retrouver son mari, ses parents, sa nièce et son neveu le plus rapidement possible.

«On s’attendait à ce que ce soit le voyage de notre vie pendant une semaine, puis c’est fini et je reprends ma vie normale. Et cela a évidemment changé», a-t-elle déclaré.

L’inquiétude des proches

Amir, un résidant de l’Ontario qui a demandé à garder l’anonymat par crainte de conséquences négatives pour sa famille, a déclaré que ses proches avaient dû quitter le district 3 de Téhéran lundi à la suite de l’ordre d’évacuation donné par l’armée israélienne.

«Toute la famille a paniqué et nous avons essayé de faire en sorte que les personnes âgées puissent sortir de la zone, comme ma grand-mère, car il leur serait impossible de se déplacer rapidement», a expliqué Amir.

Il a ajouté que la communication avec sa famille en Iran était difficile, le pays étant confronté à des perturbations de la connexion internet qui ont empêché l’utilisation d’applications comme WhatsApp et Telegram.

Le groupe de surveillance internet NetBlocks a dit avoir détecté mardi une baisse significative du trafic Web en provenance du pays, probablement due aux restrictions d’accès imposées par les autorités iraniennes.

Lors de l’évacuation de Téhéran, la famille d’Amir a dû faire face à plusieurs difficultés, alors que les embouteillages et les longues files d’attente aux stations-service ont semé le chaos dans les rues de la ville.

«Même dans les meilleures circonstances, la circulation à Téhéran est incontrôlable, a-t-il déclaré. Je n’ose même pas imaginer être coincé dans un tel embouteillage.»

Les parents d’Amir, qui vivent également au Canada, sont revenus d’un voyage en Iran il y a quelques semaines. Amir a confié qu’ils étaient «très inquiets» pour leurs proches dans la situation actuelle.

«C’est notre famille immédiate et tous ceux que nous aimons, a déploré Amir. On se sent impuissants, incapables d’aider les membres de notre famille, éloignés et absents.»

Ses tantes, oncles et cousins lui ont fait part de faits inquiétants, comme des bâtiments endommagés, des secouristes tirant des personnes des décombres et du bruit des systèmes de défense aérienne activés.

«Des gens comme la génération de ma grand-mère et de ma tante ont vécu la guerre Iran-Irak, ce n’est donc pas la première fois qu’ils vivent une telle situation. Malheureusement, j’ai entendu deux ou trois personnes dire exactement que la situation est bien pire.»

— Avec des informations de l’Associated Press

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