Des chercheurs canadiens identifient une nouvelle arme face à l’AVC ischémique

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
Des chercheurs canadiens identifient une nouvelle arme face à l’AVC ischémique

MONTRÉAL — Un médicament déjà couramment utilisé pour dissoudre les caillots lors de crises cardiaques est aussi efficace pour combattre les caillots responsables des accidents vasculaires cérébraux ischémiques, démontre un des plus grands essais cliniques jamais réalisés au Canada.

L’étude publiée dans le prestigieux journal médical The Lancet et à laquelle ont notamment contribué des chercheurs de Montréal, d’Ottawa, de Toronto et de Calgary affirme que le ténectéplase s’est révélé tout aussi efficace, voire plus efficace, que le médicament actuellement recommandé lors d’un AVC ischémique, l’altéplase.

Les deux médicaments ont comme effet d’activer les enzymes produites par le corps humain pour dissoudre les caillots.

«C’est l’histoire d’un succès médical canadien, parce que ce sont vraiment seulement des centres canadiens qui ont participé à cette étude», a dit un des auteurs de l’étude, le docteur Alexandre Poppe, qui est notamment neurologue vasculaire au CHUM.

Quelque 1600 patients provenant de partout au Canada ont participé à cet essai clinique. La moitié d’entre eux ont reçu le ténectéplase et l’autre moitié l’altéplase, de manière aléatoire.

Dans les faits, le ténectéplase se fixe au caillot plus longtemps que l’altéplase, ce qui signifie que le flux sanguin vers le cerveau est rétabli plus rapidement et pour une plus longue période.

Le ténectéplase est aussi plus facile et plus rapide à administrer que l’altéplase, ce qui représente un avantage majeur quand on essaie de sauver des cellules cérébrales de la mort.

Chaque minute pendant laquelle le cerveau est privé d’oxygène mène à la disparition de 1,9 million de neurones, a souligné le docteur Poppe.

«Chaque seconde compte, a-t-il dit. Si on peut administrer le médicament plus rapidement parce qu’il n’y a pas de perfusion, on peut gagner du temps en ce sens.»

Ainsi, le ténectéplase peut être administré en une seule dose, tandis que l’administration de l’altéplase peut prendre jusqu’à une heure et nécessite une pompe à perfusion qui requiert la supervision d’une infirmière et qui pourra se révéler encombrante si le patient doit être envoyé vers un autre centre.

Le ténectéplase se serait enfin montré un peu plus efficace pour dissoudre les gros caillots que les enzymes peinent à éliminer par elles-mêmes.

«Je peux dire qu’on n’est pas les premiers à penser à cette possibilité-là, parce que d’autres études ont été faites avant celle-ci, a dit le docteur Poppe en conclusion. Mais celle-ci se démarque par le fait qu’elle est vraiment de grande envergure et que je pense que c’est la preuve la plus solide qu’on a.»

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