Défendre la souveraineté canadienne a «rarement été aussi important», dit Trudeau

Michel Saba, La Presse Canadienne
Défendre la souveraineté canadienne a «rarement été aussi important», dit Trudeau

OTTAWA — Le Canada prend «extrêmement au sérieux» la violation «très grave» de son intégrité territoriale au cours des derniers jours, a déclaré lundi le premier ministre Justin Trudeau, de passage au Yukon où un «objet volant non identifié» a été abattu samedi.

«Les actions que nous menons pour protéger l’espace aérien nord-américain, les actions que nous menons pour récupérer et analyser ces objets, l’importance de défendre notre intégrité territoriale, notre souveraineté ont rarement été aussi importantes qu’aujourd’hui», a-t-il dit lors d’une conférence de presse après avoir rencontré des militaires canadiens et des experts de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui ont été chargés de mener des recherches.

Quatre objets à haute altitude ont été abattus en Amérique du Nord en un peu plus d’une semaine, le plus récent dans l’espace aérien américain au-dessus du lac Huron dimanche.

M. Trudeau a reconnu qu’il y avait «de toute évidence» une tendance récurrente dans la situation. «Nous avons déployé des ressources importantes ici pour pouvoir récupérer l’objet (abattu au Yukon) ainsi que des engagements diplomatiques et internationaux en cours pour trouver plus d’informations et obtenir des solutions à ce sujet», a-t-il dit.

Le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) a révélé publiquement la présence de l’objet au-dessus du Grand Nord canadien samedi après-midi.

À ce sujet, M. Trudeau a expliqué lundi que des avions de chasse canadiens et américains étaient «sur place» et que l’ordre a été donné à celui qui avait «la meilleure option, le plus rapidement possible» de l’abattre, mandat que remplissait mieux l’avion américain.

«On est moins préoccupé par qui reçoit le crédit pour ça et beaucoup plus préoccupé par le résultat qu’on veut», a-t-il insisté.

Les recherches menées au Yukon sont coordonnées par Sécurité publique Canada, a noté le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes. 

La ministre de la Défense, Anita Anand, a déclaré samedi que l’objet du Yukon était «potentiellement similaire» au ballon-espion chinois détruit le 4 février, qui a été suivi par un deuxième objet mystérieux abattu au-dessus de l’Alaska vendredi.

Les autorités canadiennes et américaines ont peu parlé des objets et de leurs objectifs au-delà de la surveillance.

Pour les conservateurs, la situation démontre que le Canada doit mieux financer son système d’alerte. «On voit que ce n’est pas seulement des bombardiers stratégiques russes ou chinois qui peuvent venir dans les airs. On voit qu’il y a des cibles comme ça qui ne sont pas faciles à être détectées. Les menaces peuvent être de toutes sortes», a plaidé le lieutenant politique pour le Québec, Pierre Paul-Hus.

Selon lui, les systèmes de défense du Canada sont tous «en piètre état» et la situation actuelle devrait agir comme un «wake up call». M. Paul-Hus a cependant peiné à pointer la faille du Canada.

«L’engagement des cibles a été fait, a-t-il répondu. Les Américains ont réussi à les abattre. Tant mieux. Là maintenant ce que ça démontre, c’est qu’on a besoin d’être à la hauteur. On a besoin d’avoir les équipements efficaces pour détecter même ce genre de cible-là. Le Canada doit être en mesure d’avoir les appareils pour intervenir au même titre que les Américains.»

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est également dit préoccupé. «C’est inquiétant parce que ce n’est pas banal qu’on doive envoyer des avions de chasse abattre des objets qui volent au-dessus de l’espace du territoire nord-américain, que ce soit au Canada, aux États-Unis», a-t-il affirmé.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires