Débat en Ontario: les chefs talonnent Doug Ford sur le logement

Allison Jones et Liam Casey, La Presse Canadienne
Débat en Ontario: les chefs talonnent Doug Ford sur le logement

NORTH BAY, Ont. — Les chefs des partis néo-démocrate, libéral et vert de l’Ontario ont lancé une offensive vendredi, lors du premier débat de la campagne électorale provinciale, contre le chef progressiste-conservateur Doug Ford, qui, selon les sondages, est en passe de former un nouveau gouvernement majoritaire.

Le débat se déroulait vendredi après-midi à North Bay, précisément pour discuter des enjeux du Nord. Les chefs ont parlé de la sécurité routière et des infrastructures dans la région, ainsi que de la crise de la toxicomanie qui a durement frappé de nombreuses communautés du Nord, mais les trois chefs de parti de l’opposition ont également vu une occasion de se concentrer sur le logement et le bilan de Doug Ford dans toute la province.

«Où sont les maisons que Doug Ford a dit qu’il allait construire ? a demandé la cheffe du NPD, Marit Stiles. Où sont les maisons, Doug ? Parce qu’elles ne sont pas dans nos communautés. Elles ne sont pas dans les communautés du Nord. Elles ne sont nulle part en Ontario en ce moment. Il n’a rien fait à ce sujet. C’est la vérité.»

Pas assez de mises en chantier

Les mises en chantier de logements en Ontario ont diminué de 16 % en 2024 par rapport à l’année précédente, et la province n’a atteint aucun de ses objectifs intermédiaires de construction de 1,5 million de logements depuis que M. Ford les a promis lors de l’élection de 2022.

L’objectif de l’année dernière était de 125 000 logements, mais les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) montrent qu’il y a eu un peu plus de 72 000 mises en chantier de logements en 2024 en Ontario. Les représentants du gouvernement ont déjà indiqué que, même si les taux d’intérêt ont baissé, il faut un certain temps pour que cette baisse ait un impact. Ils s’attendent toujours à atteindre l’objectif de 1,5 million de logements.

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a soutenu que les mises en chantier de logements sont faibles alors que les prix des logements sont élevés, en partie parce que Doug Ford a les mauvaises priorités.

«La plupart des plans du gouvernement en matière de logement ont consisté à se demander comment débloquer des profits pour les riches spéculateurs fonciers, au lieu de se demander comment débloquer des logements abordables que les gens peuvent se permettre», a déclaré M. Schreiner.

«Le résultat de leur bilan en matière de logement est que nous avons toute une génération de jeunes qui se demandent s’ils pourront un jour se permettre d’acheter une maison», a-t-il ajouté.

Quand Doug Ford a été invité à parler du logement, il a mentionné que son gouvernement avait réduit les formalités administratives et la réglementation ainsi que supprimé la TVH sur les logements locatifs construits à cet effet. Il a toutefois passé la majeure partie de son temps à critiquer les bilans et les plans des autres en matière de logement.

Il a notamment critiqué le bilan de la cheffe libérale, Bonnie Crombie, en tant que mairesse de Mississauga, en Ontario, mais elle a contesté ses déclarations.

«Monsieur le premier ministre, vous savez, vous parlez bien et vous semblez plutôt populaire et charmant, mais rien de ce que vous dites n’est vrai, a-t-elle affirmé. Vous nous avez dit il y a sept ans que vous mettriez fin aux soins de santé prodigués dans les couloirs. La situation a empiré. Vous avez dit que vous réduiriez nos impôts, mais vous ne l’avez pas fait non plus. Vous n’avez pas fait ce que vous aviez prévu et vous avez dit que vous construiriez 1,5 million de logements.»

Lorsque le modérateur s’est tourné vers M. Ford pour lui permettre de défendre son bilan en matière de logement, il a immédiatement commencé à parler de la lutte contre les tarifs douaniers des États-Unis, dont il a souvent discuté au cours de la campagne électorale provinciale, ce qui a incité Mme Stiles à s’exclamer : «Oh mon Dieu.»

Des scandales mis en avant

La référence au président américain Donald Trump a également amené la cheffe néo-démocrate à accuser M. Ford d’avoir dit une chose en public et une autre en privé, en citant une vidéo dans laquelle il a récemment déclaré qu’il espérait que M. Trump gagnerait les élections américaines.

«Vous nous avez montré qui vous êtes, a clamé Mme Stiles. Vous dites une chose devant le public, comme ça, et vous allez dire autre chose à huis clos.»

Mme Stiles a cité le scandale de la Ceinture de verdure comme un autre exemple, car M. Ford avait promis de ne pas toucher à la zone protégée avant de l’ouvrir au développement. Le gouvernement Ford fait l’objet d’une enquête criminelle de la Gendarmerie royale du Canada pour sa décision, maintenant annulée, d’ouvrir les terres protégées à la construction de 50 000 logements, une décision qui, selon le vérificateur général, aurait permis à quelques promoteurs de bénéficier de 8,3 milliards $.

Les chefs ont également dénoncé les commentaires de Doug Ford sur la peine de mort, comme l’a révélé le Toronto Star. Le journal a rapporté que, lors d’un gala de la police à London, en Ontario, au premier jour de la campagne, le chef progressiste-conservateur a demandé des peines plus sévères pour les cambrioleurs qui tuent des gens afin que les contrevenants puissent être envoyés «directement à la chaise électrique».

Une porte-parole de M. Ford a déclaré qu’il ne croyait pas à la peine de mort et a fait une «blague de mauvais goût», mais Mme Crombie a avancé qu’il s’agissait d’une preuve supplémentaire que M. Ford faisait des promesses différentes à différentes personnes.

Doug Ford a évité de répondre aux questions des journalistes après le débat, les organisateurs ayant indiqué qu’il devait assister à un autre événement. Il n’y avait aucun autre événement sur son itinéraire officiel vendredi.

Les chefs ont également débattu de la manière dont ils allaient gérer les dépendances, un sujet qui figure parmi les principales priorités des municipalités de l’Ontario, mais qui n’a pas beaucoup été abordé pendant la campagne.

Les opioïdes ont tué plus de 2600 Ontariens en 2023, la dernière année complète pour laquelle des données sont disponibles. Les dépendances et l’itinérance vont souvent de pair. Il existe 1400 campements dans toute la province.

Les élections anticipées convoquées par Doug Ford auront lieu le 27 février.

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