OTTAWA — L’organisme fédéral de réglementation de la radiodiffusion examine s’il devrait inclure un «élément culturel» dans sa nouvelle définition du contenu canadien.
Le Centre pour la défense de l’intérêt public a déclaré que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) devrait plutôt s’en tenir à son approche actuelle, qui consiste à vérifier si des Canadiens occupent des postes créatifs clés.
Le groupe de défense des consommateurs a cité le Royaume-Uni, précisant qu’il dispose d’un institut spécial chargé d’examiner et d’évaluer si les références culturelles proposées dans une production sont «suffisamment britanniques».
«Nous considérons qu’une éventuelle application canadienne de cette approche, ou de tout autre critère d’éléments culturels, où un petit groupe de personnes tenterait de définir objectivement ce qui est et qui est culturellement canadien, serait très problématique», a expliqué le centre de défense dans une copie écrite de sa déclaration d’ouverture.
Il a également averti que les sociétés de production pourraient exploiter les stéréotypes canadiens pour contourner tout critère des «éléments culturels».
«Une représentation américaine de la façon dont un personnage canadien parlerait ou se comporterait, par exemple, ne peut être considérée comme du contenu canadien, a-t-il expliqué. Il s’agit simplement d’une représentation de la vision culturelle américaine du Canada.»
Le vice-président des télécommunications du CRTC, Adam Scott, a demandé aux représentants du CDIP si les Canadiens ne considéreraient pas une minisérie sur l’ancien premier ministre Wilfrid Laurier comme plus canadienne qu’une minisérie sur l’ancien président américain Thomas Jefferson.
Aya Alshahwany, stagiaire en droit public, a répondu en citant l’exemple hypothétique d’une importante plateforme de diffusion en continu américaine produisant un film sur la pop star Justin Bieber sans la participation d’aucun Canadien.
«Utiliser cela pour dire: « Nous avons réalisé un documentaire sur un Canadien, c’est du contenu canadien maintenant », j’aurais beaucoup de mal à digérer, en tant que Canadienne, de dire : « C’est le reflet de ma culture »», a-t-elle déclaré.
Le CRTC a indiqué que, bien qu’il s’éloigne de l’inclusion d’un élément culturel dans son critère de contenu, il est ouvert à l’écoute d’autres points de vue lors de son audience de deux semaines.
L’organisme de réglementation de la radiodiffusion a entendu d’autres intervenants lors de l’audience qui sont en faveur de l’inclusion de la culture dans la définition modernisée du contenu canadien.
L’Office national du film (ONF), qui a comparu vendredi, a soutenu qu’il était temps d’inclure les éléments culturels dans la définition du contenu canadien.
Il a indiqué dans son mémoire écrit précédent que l’absence d’un élément culturel dans la définition pourrait avoir des conséquences néfastes à long terme et risquerait d’effacer «ce qui nous définit».
Il a cité les critères culturels utilisés dans des pays comme l’Australie, la France, l’Italie et le Royaume-Uni.
«Ces pays utilisent des éléments culturels parallèlement à d’autres critères, comme la nationalité des principaux rôles créatifs et la propriété», a expliqué l’ONF.
Il a précisé que ces éléments culturels comprennent, entre autres, la pertinence sociale ou politique, la représentation du mode de vie et la présence de lieux ou de personnages reconnaissables.
«Notre culture cinématographique nationale repose depuis longtemps sur une définition du contenu canadien qui exclut les éléments culturels. Cette approche a contribué à l’incapacité des Canadiens à reconnaître lorsqu’une histoire nous concerne», soutient le mémoire de l’ONF.
Le CRTC, qui étudie des moyens de moderniser la définition du contenu canadien, a entendu des points de vue divergents sur la contribution que les grands diffuseurs américains devraient apporter au système.
Netflix, Paramount et Apple se sont retirés de l’audience dès le premier jour, et l’Association cinématographique du Canada, qui représente Netflix, Paramount, Disney et Amazon, a soutenu que les diffuseurs étrangers ne devraient pas être tenus de s’acquitter des mêmes responsabilités que les radiodiffuseurs traditionnels en matière de contenu canadien.
Le CRTC a ordonné aux services de diffusion en continu de verser 5 % de leurs revenus canadiens annuels à un fonds dédié à la production de contenu canadien. Plusieurs services de diffusion en continu ont contesté cette règle en justice. Apple, Amazon et Spotify ont demandé et obtenu une suspension de leurs paiements jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.