Chefferie du Parti libéral: Chrystia Freeland se lance «pour défendre le Canada»

Michel Saba et Émilie Bergeron, La Presse Canadienne

OTTAWA — L’ancienne vice-première ministre Chrystia Freeland a officiellement donné le coup d’envoi à sa campagne, vendredi, pour tenter de succéder au premier ministre sortant Justin Trudeau, en se présentant comme une patriote.

«Je me lance pour défendre le Canada», a-t-elle écrit dans une infographie de communiqué de presse publiée sur X, au lendemain de l’annonce d’une autre candidature qui faisait l’objet de spéculations depuis belle lurette, celle de l’ex-gouverneur de banques centrales Mark Carney.

La publication de l’aspirante cheffe, qui était aussi ministre des Finances, était coiffée d’un message précisant que le «lancement officiel» de sa campagne se fera dimanche.

Quelques heures avant sa déclaration sur X, Mme Freeland invitait déjà, tôt en avant-midi, les membres de sa formation politique, sur un site web éponyme, à la nommer «comme prochaine cheffe du Parti libéral du Canada».

Celle qui a claqué la porte du conseil des ministres, en décembre dernier, et qui n’avait pas pris la parole publiquement depuis, signait au même moment des lettres ouvertes dans les quotidiens «Le Devoir» et «The Toronto Star».

En après-midi, elle a partagé sur Instagram de courts extraits vidéos au cours desquels on peut la voir serrer des mains au Marché Atwater, destination montréalaise bien connue.

L’une des publications éphémères, communément appelées «story», est affublée de l’inscription «premier arrêt de la campagne à Montréal, Québec!», et l’on peut y entendre un extrait du morceau «Montréal XO» de Laurence Nerbonne. Dans l’autre «story», on entend quelques secondes de la mélodie de «Pitou», qui figure sur le premier album de l’artiste Vincent Roberge, alias Les Louanges.

La Presse Canadienne a demandé une entrevue avec Mme Freeland, mais son équipe n’a jamais donné suite à cette requête.

Répliquer «dollar pour dollar»

Dans ses missives publiées vendredi matin, Mme Freeland affirme que, face aux tarifs de 25 % que menace d’imposer le président désigné américain Donald Trump sur les importations canadiennes, elle juge que le Canada doit «répondre dollar pour dollar, de manière précise et minutieusement ciblée».

«Être intelligents, c’est frapper là où ça fait mal», insiste celle qui avait renégocié, il y a quelques années, l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique.

Mme Freeland rappelle que le Canada est le plus grand marché d’exportation des États-Unis, qu’il est même «plus important que la Chine, le Japon, le Royaume-Uni et la France réunis».

«Si nous y sommes contraints, notre riposte sera le coup le plus dur que l’économie américaine aura jamais subi sur le plan du commerce», avertit-elle à quelques jours de l’assermentation de M. Trump.

Les générations précédentes de Canadiens «n’ont jamais reculé» lorsqu’ils ont été appelés à se battre pour le pays. «Nous ne reculerons pas non plus», conclut-elle.

Les conservateurs à l’attaque

Comme ils l’ont fait la veille avec Mark Carney, les conservateurs de Pierre Poilievre n’ont pas perdu une minute et ont dégainé, sur les réseaux sociaux, une publicité négative attaquant la nouvelle candidate.

Dans la vidéo d’une minute qui était, une fois de plus, uniquement en anglais, ils tentent d’associer Mme Freeland au très impopulaire premier ministre Trudeau.

On y entend notamment le premier ministre sortant, lors de l’annonce de sa démission, la semaine dernière, souligner que Mme Freeland «a été une partenaire politique incroyable dans tout ce que nous avons réalisé comme gouvernement et comme parti au cours de la dernière décennie».

La publicité présente un montage d’images d’archives d’accolades entre les deux politiciens et des déclarations mutuelles d’appui, le tout sur une mélodie qui pourrait être en trame de fond d’une bande-annonce de série dramatique.

«Just like Justin» («Juste comme Justin»), écrivent-ils à la fin, un slogan dont leur version française des derniers jours se lisait «Tout comme Trudeau».

La candidature de Mme Freeland, qui doit encore être officialisée par les instances du PLC, était attendue de longue date. La rumeur qu’elle était tentée par la chefferie circulait depuis plus d’un an.

Les candidats doivent se déclarer avant le 23 janvier, après avoir fait un premier versement de 50 000 $.

En plus de Mme Freeland, la leader parlementaire Karina Gould prévoit aussi officiellement lancer sa campagne dimanche dans sa circonscription de Burlington, en Ontario. Son équipe a fait savoir qu’elle sera entourée d’amis, de membres de sa famille et de sympathisants. Elle prévoit répondre aux questions des médias.

Jusqu’à présent, les autres candidatures annoncées sont celles du député ontarien Chandra Arya, de l’ex-élu montréalais Frank Baylis et du député mi’kmaq Jaime Battiste.

Le ministre de l’Énergie, Jonathan Wilkinson, a envisagé de se lancer, mais a annoncé vendredi qu’il n’ira pas de l’avant puisqu’il souhaite se concentrer sur ses responsabilités actuelles face aux menaces tarifaires américaines.

«Me retirer de mon poste ministériel à ce moment critique ne servirait pas, à mon avis, au mieux les Canadiens et le pays que j’aime tant», a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Les libéraux choisiront leur nouveau chef le 9 mars.

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