Centrale Bernard-Landry: François Legault veut s’inspirer de son prédécesseur

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Centrale Bernard-Landry: François Legault veut s’inspirer de son prédécesseur

EEYOU ISTCHEE BAIE-JAMES — Le premier ministre François Legault s’est rendu dimanche dans la région Eeyou Istchee Baie-James, en territoire traditionnel des Cris, pour procéder officiellement à la désignation d’un barrage et d’une centrale électrique en l’honneur de Bernard Landry.

Le premier ministre Legault était accompagné de la veuve de Bernard Landry, Chantal Renaud-Landry ainsi que certains des enfants et des petits-enfants de l’ancien premier ministre lors de la cérémonie qui s’est tenue à plus de 1500 kilomètres au nord de Montréal, dans la centrale hydroélectrique construite dans la communauté crie d’Eastmain.

«Bernard Landry avait à cœur le développement économique, culturel et social du Québec. Il allait de soi de choisir un projet d’infrastructure aussi important que celui-ci pour porter son nom et ainsi transmettre son legs aux générations futures», a indiqué le premier ministre.

L’ancien barrage Eastmain-1 et l’ancienne centrale Eastmain-1A ont été renommés le barrage et la centrale Bernard-Landry, alors que l’immense réservoir de 603 kilomètres carrés créé par ces ouvrages porte désormais le nom de réservoir de la Paix des Braves.

Le premier ministre Legault a ainsi officialisé une annonce qu’il avait faite en 2019.

Un exemple

Avec la Paix des Braves , «Bernard Landry a établi un standard que tous les premiers ministres ont le devoir de suivre», a indiqué le premier ministre devant plusieurs leaders cris et des travailleurs d’Hydro-Québec.

La Paix des Braves fait référence à l’entente historique conclue, en 2002, entre la Nation crie et le gouvernement du Québec, alors dirigé par Bernard Landry, et cette entente « a marqué un tournant dans les relations entre le gouvernement du Québec et la nation crie», a souligné le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit Ian Lafrenière.

La Paix des Braves a ouvert la voie à une nouvelle aire de relation entre le gouvernement du Québec et les Cris, permettant aux Premières Nations davantage d’autonomie et de contrôle sur les ressources de leur territoire traditionnel.

«On travaille à mettre en place d’autres chantiers et il faut s’inspirer de Bernard Landry», a ajouté François Legault, en faisant référence aux grands projets énergétiques qui se trouvent sur les territoires ancestraux des Premières Nations.

«Ici, (dans la région Eeyou Istchee Baie-James), il y a un potentiel important. On pourrait rehausser la capacité des barrages, que ce soit celui de La Grande ou celui qui s’appelle maintenant Bernard Landry et il y a un territoire dans les communautés cries qui est immense pour des projets d’éoliennes [et] évidemment, on va faire ça avec les Cris», a expliqué le premier ministre.

Legault ferme la porte

François Legault s’est dit ouvert à ce que des Premières Nations soient partenaires et actionnaires de certains projets énergétiques, comme c’est déjà le cas.

Toutefois, il a fermé la porte, dimanche, à ce que des communautés deviennent actionnaire d’Hydro-Québec.

Il est également contre l’idée que la société d’État fasse une place aux Premières Nations dans son conseil d’administration.

Il réagissait ainsi aux demandes formulées par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) la semaine dernière, lors de l’étude du projet de loi 69 sur la gouvernance des ressources énergétiques.

«Nous, on négocie avec les Cris, pas avec Monsieur [Ghislain] Picard», a ajouté le premier ministre en faisant référence au chef de l’APNQL.

Ted Moses rend hommage à Bernard Landry

Après la prise de parole du premier ministre, l’un des principaux artisans de la Paix de Braves, le grand chef des Cris de l’époque Ted Moses, a indiqué que la cérémonie en l’honneur de Bernard Landry, qu’il considérait comme un ami, était «signifiante» pour lui.

«La Paix des Braves est une excellente entente, qui a fait prospérer l’économie et donne les outils aux Cris pour qu’ils développent leur économie», a indiqué l’ancien grand chef en marge des cérémonies.

Mais La Paix des Braves a aussi créé de profondes tensions au sein des Cris de la Baie James.

Le détournement de la rivière Rupert, l’un des plus grands cours d’eau du Québec, qui a toujours été un important garde-manger pour les Cris, était au cœur de l’entente. En échange de la dérivation de la rivière, les communautés Cri ont reçu des sommes d’argent considérables.

La dérivation de cette rivière était nécessaire afin d’alimenter le barrage et la centrale Bernard-Landry, qui permet aujourd’hui, grâce à une énergie annuelle produite de 2,3 TWh, d’électrifier plus de 135 000 foyers québécois.

Mais le détournement de la Rupert a aussi profondément changé le territoire, en inondant, par exemple, des lieux culturels sacrés et des territoires de chasses traditionnelles. La faune et la flore ont également été fortement perturbées par ce projet hydroélectrique.

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