Un survivant de l’attaque contre Pearl Harbor se souvient de la confusion

Audrey Mcavoy, The Associated Press
Un survivant de l’attaque contre Pearl Harbor se souvient de la confusion

Bob Fernandez pensait qu’il irait danser et verrait le monde lorsqu’il s’est joint à la Marine américaine en août 1944. Il n’était alors âgé que de 17 ans.

Quatre mois plus tard, le voici au milieu des explosions en train de donner des munitions à des artilleurs afin que son navire riposte aux bombardements aériens des Japonais, à la base navale de Pearl Harbor.

«Quand ça part, on ne sait plus quoi est quoi, raconte M. Fernandez, aujourd’hui âgé de 100 ans. On ne sait même pas qu’on est en guerre.»

Deux survivants, tous deux centenaires, envisageaient samedi de revenir à Pearl Harbor, dans les îles Hawaï, afin de commémorer le 73e anniversaire de l’attaque qui a entraîné les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Une cérémonie, animée par la Marine et le Service national des parcs, s’est déroulée.

M. Fernandez aurait aimé s’y rendre, mais des ennuis de santé l’en empêchent.

L’attaque japonaise a tué plus de 2300 militaires américains. Près de la moitié d’entre eux étaient des marins à bord du cuirassé Arizona qui a coulé pendant la bataille. Les restes de plus de 900 membres d’équipages y reposent toujours.

Une minute de silence sera observée dimanche à 7h54, à l’heure exacte de début du bombardement en décembre 1941. Des appareils en formation de l’homme disparu devaient survoler les lieux pour rompre le silence.

Autrefois, des dizaines de survivants participaient à cette cérémonie, mais leur nombre a décliné au fil des années. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 16 encore en vie, selon une liste compilée par Kathleen Farley, la présidente californienne des Sons and Daughters of Pearl Harbor Survivors. L’historien militaire J. Michael Wenger estime qu’environ 87 000 militaires étaient déployés à Oahu le jour de l’attaque.

M. Fernandez ne s’est jamais considéré comme un héros.

«Je ne suis pas un héros. Je ne faisais que passer les munitions», a-t-il déclaré à l’Associated Press.

Il était cuisinier à bord du porte-hydravion Curtiss ce 7 décembre 1941. Il espérait pouvoir aller danser ce soir-là dans un hôtel de Waikiki.

Il a apporté du café et de la nourriture aux marins pendant le petit déjeuner. Il a soudainement attendu un signal d’alarme. Par une ouverture, il a aperçu un avion un cercle rouge sur un appareil: l’emblème de l’aviation japonaise.

M. Fernandez s’est précipité vers une armurerie située trois ponts plus bas. D’autres marins et lui ont attendu qu’on vienne ouvrir la porte de la salle contenant des obus de 5 pouces de calibre 38.

Il a raconté aux journalistes venus l’interviewer au fil des années que certains des marins priaient et pleuraient en attendant le bruit de la canonnade.

Les canons du navire ont atteint un appareil japonais qui s’est écrasé sur l’une de ses grues. Peu de temps après, ils ont atteint un bombardier en piqué plongeant vers le bateau. L’explosion a allumé un incendie dans le hangar et les ponts principaux, selon le Navy History and Heritage Command.

Le Curtiss a perdu 21 hommes. Près de 60 marins ont été blessés.

«Nous avons perdu du bon monde. Ils n’avaient rien fait, raconte M. Fernandez. On ne sait jamais ce qui va se passer au cours d’une guerre».

Au terme de l’attaque, Bob Fernandez a nettoyé les débris. Ce soir-là, au lieu d’aller danser, il a monté la garde, carabine à la main. Quand le temps de se reposer est venu, il s’est endormi à côté de l’endroit où les corps des morts avaient été déposés. Il ne s’en est pas rendu compte seulement qu’un autre marin l’a réveillé et l’a averti.

Après la guerre, M. Fernandez a travaillé dans une conserverie à San Leandro, en Californie. Son épouse Mary est morte de 2014. Son seul encore vivant est âgé de 82 ans et vit en Arizona. Il a perdu deux autres fils et une bru.

Il est allé trois fois à Hawaï pour participer aux cérémonies de commémoration

Il aime encore la musique et la danse. Sa chanson préférée est une reprise par Frank Sinatra de «All of Me», qu’il connaît encore par cœur, dit son neveu Joe Guthrie.

«Les femmes étaient attirées par lui, comme les lucioles le sont par le feu», dit-il.

___

Le journaliste d’AP Terry Chea a aussi contribué à cet article.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires