Donald Trump a déclaré qu’il ne pouvait pas garantir que les tarifs douaniers qu’il a promis d’imposer aux principaux partenaires commerciaux des États-Unis n’augmenteraient pas les prix pour les consommateurs américains et il a suggéré une fois de plus que certains rivaux politiques et fonctionnaires fédéraux qui ont engagé des poursuites judiciaires contre lui devraient être emprisonnés.
Dans une longue entrevue accordée à l’émission «Meet the Press» de la chaîne NBC, diffusée dimanche, le président élu a également abordé la politique monétaire, l’immigration, l’avortement et les soins de santé, ainsi que l’engagement des États-Unis en Ukraine, en Israël et dans d’autres pays.
M. Trump a brandi la menace de vastes sanctions commerciales, mais il a affirmé qu’il ne croyait pas aux prédictions des économistes selon lesquelles l’augmentation des coûts des produits importés pour les entreprises américaines entraînerait une hausse des prix pour les consommateurs.
Il ne s’est pas engagé à ce que les ménages américains ne paient pas plus cher lorsqu’ils font leurs courses. «Je ne peux rien garantir», a déclaré M. Trump.
Cette approche diffère des discours habituels de M. Trump tout au long de la campagne présidentielle, lorsqu’il présentait son élection comme un moyen sûr de freiner l’inflation.
Dans cette entrevue, M. Trump a défendu les droits de douane en général, affirmant qu’ils allaient «nous rendre riches».
Il s’est engagé à imposer, dès le premier jour de son mandat en janvier, des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits importés du Mexique et du Canada, à moins que ces pays mettent fin de manière satisfaisante à l’immigration clandestine et à l’entrée aux États-Unis de drogues illégales, comme le fentanyl. Il a également menacé d’imposer des droits de douane à la Chine pour l’obliger à lutter contre la production de fentanyl.
«Tout ce que je veux, c’est que les règles du jeu soient équitables, rapides et justes», a souligné M. Trump.
«J’en ai le droit absolu»
Il a fait des déclarations contradictoires sur la manière dont il aborderait le système judiciaire après avoir remporté l’élection, même s’il a été reconnu coupable de 34 délits devant un tribunal de l’État de New York et qu’il a été accusé dans d’autres affaires pour sa gestion des secrets de sécurité nationale et ses efforts pour renverser sa défaite en 2020 face au démocrate Joe Biden.
«Honnêtement, ils devraient aller en prison», a lancé M. Trump à propos des membres du Congrès qui ont enquêté sur l’émeute du Capitole provoquée par ses partisans qui voulaient qu’il reste au pouvoir.
Le président élu a indiqué qu’il pouvait utiliser le système judiciaire contre d’autres personnes, notamment le procureur spécial Jack Smith, qui a mené l’enquête sur le rôle de M. Trump dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Il a confirmé son intention de gracier les partisans condamnés pour leur rôle dans l’émeute, affirmant qu’il prendrait cette mesure dès le premier jour de son mandat.
Quant à l’idée que la vengeance puisse motiver d’éventuelles poursuites, M. Trump s’est défendu en disant qu’il en avait «le droit absolu». «En tant que président, je suis le principal responsable de l’application de la loi, mais cela ne m’intéresse pas».
Il a aussi montré du doigt les membres d’une commission spéciale de la Chambre des représentants qui avait enquêté sur l’insurrection, citant Bennie Thompson et Liz Cheney.
«Cheney était derrière tout ça, tout comme Bennie Thompson et tous les membres de cette commission», a soutenu M. Trump.
Lorsqu’on lui a demandé spécifiquement s’il ordonnerait à son administration d’entamer des poursuites, il a répondu «non» et a laissé entendre qu’il ne s’attendait pas à ce que le FBI entreprenne rapidement des enquêtes sur ses ennemis politiques.
Mais à un autre moment de l’entrevue, M. Trump a déclaré qu’il laisserait le soin à Pam Bondi, qu’il a choisie comme ministre de la Justice, de s’occuper de cette question. «Je veux qu’elle fasse ce qu’elle veut.»
Indépendamment des incohérences de M. Trump, ces menaces ont été prises suffisamment au sérieux par de nombreux démocrates de premier plan pour que M. Biden envisage d’accorder des grâces générales et préventives afin de protéger les membres clés de l’administration sortante.
M. Trump a apparemment renoncé à sa rhétorique de campagne appelant à une enquête sur M. Biden, puisqu’il a fait savoir qu’il «ne cherche pas à revenir sur le passé ».
Des mesures rapides en matière d’immigration
M. Trump a mentionné à plusieurs reprises sa promesse de sceller la frontière entre les États-Unis et le Mexique et d’expulser des millions de personnes en situation irrégulière par l’entreprise d’un programme d’expulsion massive.
«Je pense qu’il faut le faire», a-t-il martelé.
Il a laissé entendre qu’il essaierait d’utiliser une mesure pour mettre fin à «la citoyenneté de naissance», en vertu de laquelle les personnes nées aux États-Unis sont considérées comme des citoyens, même si de telles protections sont énoncées dans la Constitution.
Interrogé spécifiquement sur l’avenir des personnes qui ont été amenées illégalement dans le pays lorsqu’elles étaient enfants et qui ont été protégées de l’expulsion ces dernières années, M. Trump a affirmé vouloir «trouver une solution» avec les autres membres du Congrès.
Mais il a également déclaré qu’il ne voulait pas «briser les familles» dont le statut juridique est mixte, «alors la seule façon de ne pas briser la famille est de garder les membres ensemble et de les renvoyer tous».