Les forces ukrainiennes rejettent un ultimatum russe à Marioupol

Adam Schreck et Mstyslav Chernov, The Associated Press
Les forces ukrainiennes rejettent un ultimatum russe à Marioupol

KYIV, Ukraine — Le port assiégé de Marioupol serait sur le point de tomber aux mains des forces russes après un siège de sept semaines. 

Si cela s’avérait, cela représenterait un succès pour l’armée russe après les échecs successifs à s’emparer de la capitale du pays, Kyiv, et la perte du navire amiral de la flotte de la mer Noire.

Selon les forces russes, il n’y aurait plus qu’environ 2500 combattants ukrainiens regroupés dans la dernière poche de résistance, une grande aciérie disposant d’un réseau de passages souterrains. Les Russes leur ont envoyé un ultimatum: s’ils se rendaient et déposaient leurs armes, ils auraient la vie sauve.

Les Ukrainiens ont rejeté l’ultimatum.

«Tous ceux qui continuent de résister seront annihilés», a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense, le major général Igor Konachenskov. Il a prétendu que l’interception des communications avait permis de détecter la présence d’environ 400 mercenaires étrangers au sein des troupes ukrainiennes présentes à l’aciérie Azovstal. Cette information n’a pu être vérifiée de façon indépendante.

S’emparer de Marioupol permettait à l’armée russe de libérer des troupes pour affaiblir et encercler les forces ukrainiennes dans l’est du pays, son principal objectif depuis l’échec pour s’emparer de Kyiv. 

Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malya, Marioupol est «le bouclier qui protège l’Ukraine». Les forces russes se préparent à reprendre une vaste offensive contre le Donbass, dans l’est du pays, une région en partie occupée par les séparatistes russes appuyés par Moscou.

Voulant sans doute démontrer qu’aucun secteur de l’Ukraine n’est à l’abri, l’armée russe a tiré des missiles vers Kyev et d’autres villes. Elle dit avoir visé une usine de munition près de la capitale, la troisième frappe en autant de jours.

Les Russes disent avoir détruit des radars ukrainiens près de Sievierodonetsk, dans l’est du pays, ainsi que plusieurs dépôts de munition ailleurs. Des explosions ont été entendues à Kramatorsk.

Le siège de Marioupol a été coûteux en vie humaine. Selon les responsables, les combats auraient tué au moins 21 000 personnes. La ville ne compterait plus que 120 000 habitants alors que sa population s’élevait à 450 000 avant l’invasion.

Des bombardements ont aussi été rapportés à Kharkiv. Les autorités y déplorent cinq nouvelles victimes. Treize autres personnes auraient été blessées, selon Maksym Haustov, le directeur de l’administration régionale du ministère de la Santé.

Des obus ont frappé des immeubles résidentiels et administratifs, provoquant plusieurs incendies. Le centre de la ville a été atteint par des roquettes.

Le gouverneur de la région de Louhansk, Serhiy Gadai, a signalé que des bombardements avaient tué deux personnes. Quatre autres personnes ont été blessées lorsque les troupes russes ont ouvert le feu sur des immeubles résidentiels à Zolote, près du Dombass.

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a déclaré que le sort réservé aux combattants de Marioupol pourrait avoir une influence sur les négociations de paix.

«L’élimination de nos gars à Marioupol — c’est que font [les Russes] en ce moment —mettra fin à toute négociation», a-t-il déclaré à des journalistes ukrainiens.  Au cours de son discours nocturne, M. Zelesky a prié les Occidentaux à lui envoyer immédiatement plus d’armes lourdes si on veut sauver la ville. Il a accusé les troupes russes de vouloir éliminer quiconque vivait à Marioupol.

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