Le premier ministre britannique s’arrête à Auschwitz lors d’une visite stratégique

Vanessa Gera et Monika Scislowska, The Associated Press
Le premier ministre britannique s’arrête à Auschwitz lors d’une visite stratégique

Le premier ministre britannique Keir Starmer a visité vendredi le camp d’extermination d’Auschwitz, exprimant sa «pure horreur» face à ce qu’il y a vu, avant de s’entretenir avec les dirigeants polonais sur le renforcement de la défense européenne et le resserrement des liens de la Grande-Bretagne avec l’Union européenne.

M. Starmer a visité le mémorial d’Auschwitz dans le sud de la Pologne — une zone sous occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale — et a promis qu’il lutterait contre l’antisémitisme croissant qui inquiète de plus en plus les juifs, dont ceux de Grande-Bretagne. Il a fait cette halte après une visite en Ukraine jeudi.

Le premier ministre Starmer s’est ensuite rendu à Varsovie pour rencontrer le président Andrzej Duda et le premier ministre Donald Tusk pour des entretiens sur le renforcement de la coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense européennes et la lutte contre l’immigration illégale.

La Pologne, qui borde l’Ukraine, a fait de la sécurité sa principale préoccupation. Elle occupe aussi actuellement la présidence de l’UE.

M. Starmer a déclaré lors d’une conférence de presse après ses entretiens avec M. Tusk qu’il était «déterminé à approfondir notre collaboration en matière de sécurité, autant avec l’UE que, bien sûr, au niveau bilatéral.»

Il a également déclaré qu’ils avaient «parlé de la manière dont nous pouvons renforcer nos liens économiques, en stimulant une relation commerciale qui vaut déjà 30 milliards de livres sterling, de la manière dont nous pouvons faire plus ensemble sur la sécurité énergétique et le climat, ainsi que de la manière dont nous pouvons approfondir notre coopération sur la migration» avant pour objectif de «briser les gangs ignobles qui opèrent à travers l’Europe» et qui conduisent illégalement les migrants à travers les frontières européennes.

M. Tusk a déclaré que son rêve était de voir arriver le «Breturn», soit le retour de la Grande-Bretagne dans l’UE, et que la présidence polonaise travaillerait à resserrer ces relations. Il a déclaré avoir demandé à l’organe décisionnaire, le Conseil européen, d’organiser un sommet informel avec la Grande-Bretagne.

Tous deux se sont engagés à œuvrer pour maintenir des liens transatlantiques étroits avec le Canada et les États-Unis, où le président élu Donald Trump doit prendre ses fonctions lundi.

«Plus Jamais»

Plus tôt vendredi, une déclaration a été publiée à la suite de la visite de M. Starmer au mémorial d’Auschwitz avec sa femme Victoria, qui est juive.

«Rien n’aurait pu me préparer à l’horreur pure et simple de ce que j’ai vu dans cet endroit. C’est absolument déchirant, a déclaré le premier ministre britannique. Les montagnes de cheveux, les chaussures, les valises, les noms et les détails. Tout y a été méticuleusement conservé, à l’exception de la vie humaine.» Sa visite a eu lieu un peu avant l’anniversaire de la libération du camp, le 27 janvier 1945. Le roi Charles III sera parmi les dignitaires qui iront assister à la sombre cérémonie, où l’accent sera mis sur le nombre décroissant de survivants des atrocités nazies.

De 1940 à 1945, environ 1,1 million de personnes, principalement des Juifs, mais aussi des Polonais, des Roms et des Sintés, des prisonniers de guerre russes et d’autres, ont été tuées dans les chambres à gaz ou sont mortes de faim, de travaux forcés et de maladie à Auschwitz-Birkenau. Le complexe de camps de concentration, de travail forcé et de mort est devenu le plus célèbre des sites entourant la Shoah. Environ 90 % des victimes étaient juives.

La déclaration de M. Starmer a souligné l’antisémitisme qui s’est accentué dans le monde depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché les hostilités actuelles à Gaza.

«Nous avons condamné cette haine à maintes reprises et nous disons avec audace « plus jamais ». Mais où est le « plus jamais », quand nous voyons le poison de l’antisémitisme monter dans le monde entier au lendemain du 7 octobre? Où est le « plus jamais », quand le pouls de la peur bat dans notre propre communauté juive, alors que des personnes sont à nouveau prises pour cible de manière méprisable pour la même raison, parce qu’elles sont juives».

M. Starmer a déposé une gerbe au mur d’exécution d’Auschwitz I, rendant hommage à toutes les victimes du camp, et a allumé une bougie au monument de Birkenau, où la plupart des Juifs ont été tués.

Le parti travailliste de M. Starmer a dû faire face à des accusations d’antisémitisme. En 2020, l’organisme britannique de surveillance de l’égalité des chances a constaté dans un rapport cinglant que les responsables du parti travailliste n’avaient pas réussi à éradiquer l’antisémitisme et avaient commis des «actes illégaux de harcèlement et de discrimination» sous le prédécesseur de M. Starmer, Jeremy Corbyn.

Lorsque M. Starmer est devenu chef du parti en 2020, il a juré d’éradiquer les préjugés et de rétablir les relations entre le parti travailliste et la communauté juive. M. Corbyn, qui a refusé d’accepter les conclusions du rapport sur l’antisémitisme, s’est vu interdire de se présenter comme candidat eu parti lors des élections de 2024 et siège désormais en tant qu’indépendant.

Les signalements d’incidents antisémites ont fortement augmenté au Royaume-Uni, selon le Community Security Trust, une organisation juive. Elle a enregistré 1978 incidents auto-déclarés au cours du premier semestre 2024, soit une augmentation de 105% par rapport à la même période en 2023.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires