Le FBI aurait dû colliger plus de renseignements avant l’assaut du Capitole

Eric Tucker et Alanna Durkin Richer, The Associated Press

Le FBI aurait dû colliger plus de renseignements avant l’émeute du Capitole, même si la police fédérale s’était préparée à la possibilité de violences le 6 janvier 2021, selon un rapport publié jeudi.

Le rapport du Bureau de l’inspecteur général du département américain de la Justice conclut également qu’aucun employé infiltré de la police fédérale (FBI) n’était présent ce jour-là et qu’aucun des informateurs de cette agence n’était autorisé à y participer.

Le rapport du Bureau de l’inspecteur général dément une théorie conspirationniste marginale avancée par certains républicains au Congrès selon laquelle le FBI aurait joué un rôle dans l’instigation des événements le 6 janvier 2021.

Ce jour-là, des émeutiers déterminés à renverser la défaite électorale de 2020 du républicain Donald Trump face au démocrate Joe Biden ont pris d’assaut l’édifice du Congrès lors d’un violent affrontement avec la police.

Le rapport de l’organisme de surveillance est publié près de quatre ans après ce chapitre sombre de l’histoire des États-Unis qui a ébranlé les fondements de la démocratie américaine. Bien que de portée limitée, il vise à faire la lumière sur des questions qui ont dominé le discours public, notamment si des échecs majeurs du renseignement auraient précédé l’émeute et si quelqu’un dans la foule agissait pour une raison quelconque sur ordre du FBI.

Il s’agit de la plus récente enquête majeure sur une journée sans précédent dans l’histoire des États-Unis, qui a déjà donné lieu à des enquêtes du Congrès et à des inculpations au fédéral et dans des États américains.

Le Bureau de l’inspecteur général du département de la Justice a découvert que 26 informateurs du FBI étaient à Washington le 6 janvier pour les manifestations liées aux élections. Or, bien que trois de ces informateurs soient entrés dans le bâtiment ou dans une zone d’accès restreint à l’extérieur, aucun agent n’avait été autorisé par le FBI à entrer ou à enfreindre la loi — ou même à encourager d’autres personnes à le faire.

Le rapport révèle aussi que le FBI avait pris les mesures appropriées pour se préparer aux événements du 6 janvier, mais n’avait pas mis à contribution ses 56 bureaux locaux à travers tout le pays à la recherche de renseignements pertinents.

Un bulletin qui ne se serait pas rendu

Le long examen de l’inspecteur général a été amorcé quelques jours après l’émeute, à la suite de révélations selon lesquelles un bulletin du 5 janvier 2021 préparé par le bureau du FBI à Norfolk, en Virginie, avertissait du risque de «guerre» au Capitole.

L’ancien chef du bureau du FBI à Washington a déclaré qu’une fois qu’il avait reçu cet avertissement du 5 janvier, les informations avaient été rapidement partagées avec d’autres agences d’application de la loi par le biais d’un groupe de travail conjoint sur le terrorisme.

Mais les dirigeants de la police du Capitole ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de ce document à l’époque. Ils ont insisté sur le fait qu’ils n’avaient aucun renseignement spécifique ou crédible selon lequel une quelconque manifestation au Capitole entraînerait une attaque à grande échelle contre le bâtiment.

Le directeur du FBI, Chris Wray, qui a annoncé cette semaine son intention de démissionner à la fin du mandat du président Joe Biden, en janvier, a défendu la remise du rapport de renseignement par son agence. Il a déclaré aux législateurs en 2021 que le rapport avait été diffusé par l’intermédiaire du groupe de travail conjoint sur le terrorisme, discuté dans un poste de commandement à Washington et publié sur un portail Internet accessible à d’autres agences d’application de la loi.

«Nous avons communiqué ces informations en temps opportun à la police du Capitole et (à la Police métropolitaine du district de Columbia) de non pas une, ni deux, mais trois manières différentes», avait déclaré M. Wray à l’époque.

La théorie du complot selon laquelle des agents des forces de l’ordre fédérales auraient piégé des membres de la foule a été répandue dans les cercles conservateurs, y compris par certains législateurs républicains. Le représentant républicain Clay Higgins a récemment suggéré dans un balado que des agents se faisant passer pour des partisans de M. Trump étaient responsables de l’incitation à la violence.

Et l’ancien représentant républicain Matt Gaetz, de Floride, qui s’est retiré de la sélection de M. Trump au poste de procureur général en raison d’un examen minutieux d’allégations de trafic sexuel, a envoyé une lettre à M. Wray en 2021 pour lui demander combien d’informateurs se trouvaient au Capitole le 6 janvier et s’ils étaient «de simples informateurs passifs ou des instigateurs actifs».

On ne savait pas jusqu’ici combien d’informateurs du FBI se trouvaient dans la foule ce jour-là. M. Wray a refusé de dire lors d’une audience du Congrès l’année dernière combien de personnes parmi celles qui sont entrées au Capitole et dans ses environs le 6 janvier étaient soit des employés du FBI, soit des personnes avec lesquelles le FBI avait pris contact.

Mais M. Wray a qualifié de «ridicule» l’idée selon laquelle «la violence au Capitole le 6 janvier faisait partie d’une opération orchestrée par des sources et des agents du FBI».

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