É.-U.: 50 morts dans une semi-remorque transportant des migrants à San Antonio

Eric Gay et Elliot Spagat, The Associated Press
É.-U.: 50 morts dans une semi-remorque transportant des migrants à San Antonio

SAN ANTONIO — Cinquante personnes sont mortes après avoir été abandonnées dans une semi-remorque sous la chaleur étouffante du Texas, l’une des pires tragédies à avoir coûté la vie à des migrants faisant l’objet d’un trafic entre le Mexique et les États-Unis. Plus d’une douzaine de personnes avaient été transportées dans des hôpitaux, dont quatre enfants.

Un employé de la ville a entendu un appel à l’aide sur une route secondaire de San Antonio peu avant 18h00, lundi, et a découvert la scène horrible, a déclaré le chef de la police William McManus. Quelques heures plus tard, des sacs mortuaires gisaient sur le sol près de la remorque.

Quarante-six personnes ont été retrouvées mortes sur les lieux, ont indiqué les autorités. Quatre autres sont décédées plus tard après avoir été transportées dans des hôpitaux, a déclaré le juge du comté de Bexar, Nelson Wolff, le plus haut responsable élu du comté.

Parmi les morts se trouvaient 39 hommes et 11 femmes, a-t-il dit.

Le président Joe Biden a qualifié les derniers décès d’«horribles et déchirants». Il a déclaré que les premiers renseignements indiquent que des passeurs ou des trafiquants d’êtres humains sont à blâmer pour la situation.

«Exploiter des personnes vulnérables à des fins lucratives est honteux, tout comme la démagogie politique autour d’une tragédie, et mon administration continuera de faire tout son possible pour empêcher les passeurs et les trafiquants d’êtres humains de profiter des personnes qui cherchent à entrer aux États-Unis entre les points d’entrée», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Sur les 16 personnes hospitalisées pour des complications liées à la chaleur, 12 étaient des adultes et quatre des enfants, a indiqué le chef des pompiers Charles Hood. Les patients étaient chauds au toucher et déshydratés. Aucune eau n’a été trouvée dans la semi-remorque, a-t-il spécifié. 

«Ils souffraient d’un coup de chaleur et d’épuisement, a mentionné M. Hood. C’était une semi-remorque réfrigérée, mais il n’y avait aucune pièce de climatisation visible sur cette plateforme.»

Le maire de San Antonio, Ron Nirenberg, a déclaré que les 46 personnes décédées avaient «des familles qui essayaient probablement de trouver une vie meilleure».

«Ce n’est rien de moins qu’une horrible tragédie humaine», a dit M. Nirenberg.

Ceux qui se trouvaient dans la caravane faisaient partie d’une tentative présumée de trafic de migrants aux États-Unis. L’enquête est menée par les services d’investigation de la sécurité intérieure des États-Unis, a déclaré M. McManus.

Trois personnes ont été arrêtées, mais il n’était pas clair si elles étaient liées à la traite des êtres humains, a indiqué M. McManus.

Les gros camions sont apparus comme une méthode de contrebande populaire au début des années 1990 dans le contexte d’une intensification de la présence policière aux frontières américaines à San Diego et à El Paso, au Texas, qui étaient alors les couloirs les plus fréquentés pour les passages illégaux.

Avant cela, les gens payaient de petits frais aux opérateurs pour les faire traverser une frontière largement non surveillée. La traversée est devenue de plus en plus difficile après les attentats terroristes de 2001 aux États-Unis. Les migrants ont été amenés à aller sur des terrains plus dangereux et à payer des milliers de dollars de plus.

Dix migrants sont morts en 2017 après avoir été piégés à l’intérieur d’un camion qui était garé dans un Walmart à San Antonio. En 2003, 19 migrants ont été retrouvés sans vie dans un camion qui surchauffait au sud-est de San Antonio.

La chaleur représente un grave danger, en particulier lorsque les températures peuvent augmenter considérablement à l’intérieur des véhicules. 

Certains défenseurs ont établi un lien avec les politiques frontalières de l’administration Biden. Le directeur politique de l’American Immigration Council, Aaron Reichlin-Melnick, a écrit qu’il redoutait une telle tragédie depuis des mois.

«Avec la frontière fermée aussi étroitement qu’elle l’est aujourd’hui pour les migrants du Mexique, du Guatemala, du Honduras et du Salvador, les gens ont été poussés vers des routes de plus en plus dangereuses. La contrebande de camions est en hausse», a-t-il écrit sur Twitter.

Stephen Miller, l’un des principaux concepteurs des politiques d’immigration de l’ancien président Donald Trump a déclaré: «les contrebandiers et les trafiquants d’êtres humains sont méchants et pervers» et que l’approche de l’administration en matière de sécurité frontalière récompense leurs actions.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, un républicain candidat à la réélection, a été incisif dans un message sur Twitter à propos du président démocrate : «ces morts sont sur Biden. Ils sont le résultat de ses politiques meurtrières d’ouverture des frontières.»

Plus de deux millions de migrants – principalement du Mexique, du Guatemala, du Honduras et d’El Salvador – ont été expulsés en vertu d’une règle en vigueur depuis mars 2020, dans le contexte de la pandémie, qui leur refuse une chance de demander l’asile, mais encourage leurs tentatives répétées, car il n’y a pas de conséquences juridiques pour se faire prendre. 

Les personnes d’autres pays, notamment Cuba, le Nicaragua et la Colombie, sont moins fréquemment soumises à l’autorité du titre 42 en raison des coûts plus élevés pour les renvoyer chez eux, des relations diplomatiques tendues et d’autres considérations.

Les douanes et la protection des frontières des États-Unis ont signalé 557 décès à la frontière sud-ouest au cours d’une période de 12 mois se terminant le 30 septembre, soit plus du double des 247 décès signalés l’année précédente. Il s’agit du taux le plus élevé depuis qu’il a commencé à être suivi en 1998. La plupart sont liés à l’exposition à la chaleur. 

La douane et la protection des frontières des États-Unis n’ont pas publié de décompte des morts pour cette année, mais ont déclaré que la patrouille frontalière avait effectué 14 278 «missions de recherche et de sauvetage» sur une période de sept mois jusqu’en mai, dépassant les 12 833 missions effectuées au cours de la période précédente de 12 mois. 

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