Au moins 16 Pakistanais sont morts et 10 autres sont portés disparus après le naufrage d’un bateau transportant des dizaines de migrants en partance pour l’Europe, cette fin de semaine, au large des côtes libyennes, ont indiqué mardi des responsables.
Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que 33 des 37 survivants étaient en garde à vue en Libye et qu’un était soigné dans un hôpital. On estime que 65 personnes se trouvaient à bord du bateau, a-t-il ajouté.
Le premier ministre Shehbaz Sharif a exprimé sa profonde tristesse et sa douleur pour les personnes disparues dans le naufrage au port de Marsa Dela, dans la ville de Zaouïa.
M. Sharif a ordonné au ministère des Affaires étrangères de terminer le processus d’identification des victimes et de fournir une assistance aux personnes touchées. Il a également ordonné des mesures contre les personnes impliquées dans «des actes odieux, comme le trafic d’êtres humains», indique un communiqué.
La plupart des victimes venaient de Kurram, un district de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec l’Afghanistan, où des centaines de personnes ont été tuées ces dernières années dans des affrontements sectaires.
«Les gens tentent de se rendre en Europe par des moyens illégaux à cause du chômage» dans leur pays, a expliqué Javed Hussain, un neveu de Shehzad Hussain, l’une des victimes. Il a ajouté que des personnes en deuil se rassemblaient au domicile des personnes qui ont péri dans la dernière tragédie.
En janvier, les autorités ont déclaré que des dizaines de Pakistanais étaient morts lorsqu’un bateau a chaviré au large de l’Afrique de l’Ouest. Certains des survivants ont ensuite accusé les passeurs d’avoir tué 43 migrants dans un différend concernant le paiement. Le Pakistan a depuis confirmé la mort de 13 de ses ressortissants.
Des centaines de Pakistanais meurent chaque année en essayant d’atteindre l’Europe par la terre et par la mer avec l’aide de passeurs. Ils peuvent emprunter des routes terrestres et maritimes dangereuses pour rejoindre l’Europe dans le but de trouver du travail.
La Libye, qui a des frontières avec six pays et un long littoral sur la Méditerranée, a été plongée dans le chaos après un soulèvement soutenu par l’OTAN qui a renversé et tué le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi en 2011. Depuis lors, le pays riche en pétrole est devenu le principal point de transit des migrants fuyant vers l’Europe la guerre et la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient.
Au moins 674 migrants ont été déclarés morts et plus de 1000 disparus au large de la Libye en 2024, selon le projet sur les migrants disparus de l’Organisation internationale pour les migrations. Plus de 21 700 migrants ont été interceptés et renvoyés dans ce pays en proie au chaos.
Les migrants renvoyés sont détenus dans des centres de détention gérés par le gouvernement, où les abus sont monnaie courante, notamment le travail forcé, les coups, les viols et la torture – des pratiques qui constituent des crimes contre l’humanité, selon les enquêteurs mandatés par l’ONU. Ces abus s’accompagnent souvent de tentatives d’extorsion d’argent aux familles des migrants emprisonnés avant de les libérer ou de les autoriser à quitter la Libye sur des bateaux de trafiquants à destination de l’Europe.
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Magdy a fait son reportage depuis Le Caire. Le journaliste de l’Associated Press Javed Hussain à Kurram, au Pakistan, a contribué à ce reportage.