Accord de Paris: les Européens déterminés, malgré le retrait des Américains

David Keyton et Sibi Arasu, The Associated Press
Accord de Paris: les Européens déterminés, malgré le retrait des Américains

La deuxième journée du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, a été marquée par de fortes réactions à la décision du président américain Donald Trump de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, les dirigeants européens déclarant sans équivoque qu’ils assureraient la continuité et resteraient partie prenante du pacte mondial.

La cheffe de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, a assuré mardi que l’Europe maintiendrait le cap et continuerait de travailler avec tous les pays qui veulent freiner le réchauffement climatique.

Elle a insisté sur le fait que le bloc des 27 nations conserverait l’accord historique de Paris sur le climat, affirmant qu’il demeurait «le meilleur espoir pour toute l’humanité».

L’accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique à long terme à 1,5 degré Celsius ou, à défaut, à maintenir les températures au moins bien en dessous de 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.

Quelques minutes avant le discours d’Ursula von der Leyen, des militants pour le climat ont lancé une manifestation surprise et rare dans ce lieu habituellement ultra-sécurisé, en déployant une banderole sur laquelle était écrit: «Taxez les super-riches! Financez un avenir juste et vert.»

Le responsable du climat des Nations Unies, Simon Stiell, s’exprimant lors d’une table ronde en prévision des prochaines négociations sur le climat de cette année au Brésil, a déclaré que «la porte reste ouverte» pour les États-Unis.

«Le monde traverse une transition énergétique qui est inarrêtable. L’année dernière seulement, plus de 2000 milliards de dollars (américains) ont été investis dans la transition (vers l’énergie propre). Et cela se compare à 1000 milliards dans les combustibles fossiles», a-t-il déclaré.

M. Stiell a affirmé qu’il y avait actuellement une «fatigue de crises» dans le monde. «Dans le contexte de crises mondiales que nous traversons depuis quelques années, le climat a été relégué au second plan des priorités de crises», a-t-il déclaré.

Cependant, il a souligné que, quels que soient les changements politiques, «la science derrière le climat n’a pas changé. Les impacts ont en fait changé dans la mesure où ils s’aggravent de plus en plus».

Lors d’une session à Davos consacrée à la transition de l’Europe vers une énergie propre, Alexander De Croo, le premier ministre belge, a réagi à la décision de M. Trump en déclarant: «Je veux dire, le monde est encore plus incertain après hier, et peut-être que demain il y aura encore plus d’incertitude. S’il vous plaît, en tant qu’Européens au sein de l’Union européenne, ne contribuons pas à l’incertitude en créant une ambiguïté sur nos objectifs.»

Les chefs d’entreprise présents à Davos ont souligné les avantages de s’en tenir à un mandat climatique mondial. Jesper Brodin, président et directeur général de l’entreprise mondiale de meubles IKEA, a déclaré : «Pour nous, qui sommes dans un train cahoteux depuis quelques années, nous découvrons année après année comment nous pouvons non seulement réussir à respecter l’Accord de Paris, mais aussi comment cela profite aux entreprises.»

Les pays en développement plus touchés

Les climatologues et les militants du Sud ont été plus critiques à l’égard du retrait des États-Unis du pacte climatique. «À l’échelle mondiale, la décision de Trump porte atteinte à la lutte collective contre le changement climatique à un moment où l’unité et l’urgence sont plus cruciales que jamais. Les conséquences les plus tragiques se feront toutefois sentir dans les pays en développement», a prévenu Harjeet Singh, du Traité de non-prolifération des combustibles fossiles basé à New Delhi.

«Ces nations et communautés vulnérables, qui ont le moins contribué aux émissions mondiales, seront les plus touchées par l’intensification des inondations, la montée des eaux et les sécheresses paralysantes.»

S’exprimant à Davos, Damilola Ogunbiyi, présidente et directrice générale et représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour l’énergie durable pour tous, a déclaré: «Nous collaborons déjà à une échelle telle que personne ne peut empêcher un pays, un dirigeant de prendre une décision. Parce que c’est tout simplement la bonne chose à faire à l’échelle mondiale.»

La Chine a également exprimé son inquiétude face à la décision des États-Unis de se retirer de l’Accord de Paris, a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Guo Jiakun: «Le changement climatique est un défi commun auquel l’humanité est confrontée», ajoutant qu’«aucun pays ne peut y être à l’abri.»

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