Grève générale illimitée dans l’industrie de la construction

Par Charles Poulin

L’Alliance syndicale a déclenché, dans la nuit de mardi à mercredi, une grève générale illimitée, envoyant ainsi quelque 175 000 travailleurs en arrêt de travail pour une durée indéterminée.

La convention collective des quatre secteurs (construction résidentielle, industrielle, institutionnelle et commerciale ainsi que le génie civil et la voirie) venait à échéance le 30 avril. Malgré plusieurs séances de négociations dans les dernières semaines et la présence d’une conciliatrice au dossier depuis mars, l’impasse persistait. La conciliation travail-famille, donc les changements proposés aux horaires de travail, semble être le principal point d’achoppement.

«La grève était le seul choix qui nous restait, estime le porte-parole de l’Alliance syndicale de la construction, Michel Trépanier. Nous avons négocié jusqu’à la dernière seconde afin de tenter d’en venir à une entente. D’ailleurs, nous avons accepté à plusieurs reprises de collaborer avec la conciliatrice afin d’accepter un règlement qui évite un conflit. Malheureusement, les employeurs se sont entêtés à conserver leurs demandes déraisonnables et n’ont pas voulu accepter les propositions de la conciliatrice. Leur objectif est clair, ils veulent prolonger les négociations pour continuer à tirer profit de l’absence de rétroactivité. Ils misent sur une loi spéciale.»

C’est la seconde grève dans l’industrie de la construction au cours des quatre dernières années. En 2013, le conflit de travail avait duré deux semaines et s’était conclu par l’application d’une loi spéciale imposée par le gouvernement Marois.

Partie patronale

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) déplore le déclenchement de ce conflit de travail. Elle avance que les actions de l’Alliance syndicale étaient stratégiquement posées dans l’objectif d’aboutir à une grève le plus rapidement possible.

L’organisme patronal chiffre les pertes quotidiennes pour l’économie québécoise à 45 M$. Plusieurs chantiers pourraient être livrés en retard, prévient-il.

«Une grève générale illimitée aura non seulement pour effet de paralyser l’industrie de la construction au Québec, mais elle engendra de grandes pertes économiques en plus de retarder la livraison de projets de construction et de rénovation à des citoyens», rappelle le vice-président Développement stratégique et Communications de l’APCHQ, François-William Simard.

Selon lui, le Québec ne peut se permettre une grève prolongée en raison de l’impact économique que cela générerait.

Piquets de grève

L’alliance syndicale indique que des piquets de grève devraient être installés à l’entrée de plusieurs chantiers. Les travailleurs seront invités à se mobiliser pacifiquement. Autant la partie syndicale que la partie patronale appellent à ce que toutes ces actions se fassent dans le calme et le respect.

La ministre du Travail, Dominique Viens, a convoqué les deux parties quelques heures après le déclenchement de la grève. Mme Viens avait menacé de recourir à une loi spéciale advenant un arrêt de travail. Mercredi matin, elle n’avait pas donné d’échéancier quant à l’imposition de celle-ci.

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