La Fédération des chambres de commerce du Québec et la Chambre de commerce et de l’industrie du Haut-Richelieu (CCIHR) demandent un moratoire sur les restrictions imposées au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Étant donné que des centaines d’entreprises québécoises craignent pour leur survie, les deux organismes plaident pour une collaboration des deux paliers de gouvernement afin qu’ils agissent rapidement sur le maintien du niveau actuel de ces travailleurs.
Au moment d’écrire ces lignes, les restrictions imposées au PTET mettaient en péril les permis de milliers de travailleurs étrangers temporaires (TET) impossibles à remplacer. S’ajoute à cela une possible guerre tarifaire qui aurait des impacts dévastateurs sur l’économie.
Pertes
Le gouvernement provincial projette des pertes de 100 000 emplois si l’administration Trump met ses menaces tarifaires à exécution. Même si les tarifs entraient en vigueur et qu’il y avait des pertes d’emplois, les entreprises qui embauchent des TET ont des besoins spécifiques qui ne seraient pas automatiquement comblés par de nouveaux chômeurs, selon la CCIHR.
Elle pense entre autres aux soudeurs et aux travailleurs dans l’industrie touristique qui œuvrent dans toutes les régions du Québec. Le départ de ces travailleurs étrangers temporaires forcera de nombreuses entreprises à ralentir leur production, refuser des contrats et, dans certains cas, cesser leurs activités.
« Nos entreprises font déjà face à une pression énorme pour maintenir leurs activités dans un contexte économique incertain. Restreindre l’accès aux travailleurs étrangers temporaires fragilise inutilement notre économie régionale. Le gouvernement doit agir et appliquer un moratoire sur les restrictions imposées au PTET. Et rapidement », affirme Michel Milot, président- directeur général de la CCIHR.
Témoignages
Plusieurs entreprises johannaises font mention de l’importance de ces travailleurs au sein de leurs équipes.
« Nous travaillons fort pour limiter les dégâts du gouvernement Trump. Si notre gouvernement veut nous aider, il serait opportun de nous permettre de garder nos employés qualifiés et productifs », souligne Daniel Tremblay, président de Tremcar, un manufacturier johannais de remorques et de camions-citernes pour le marché nord-américain.
« Les TET nous permettent aujourd’hui de pourvoir des postes vacants sur des quarts de nuit pour lesquels il n’y a tout simplement pas de travailleurs locaux intéressés, considérant le contexte démographique actuel au Québec. Le départ prochain de ces travailleurs pourrait avoir un impact plus grand sur nous que celui de possibles tarifs », mentionne Mathieu Jeanneau, vice- président d’Emballage St-Jean, un fabricant d’emballages flexibles destinés aux industries de l’alimentation et de l’hygiène personnelle.
« Nos 43 travailleurs étrangers temporaires occupant des postes d’aides-manutentionnaires et d’aides-mécaniciens sont à la base de l’entonnoir des opérations de notre entreprise. Ces postes, souvent de nuit et de fin de semaine, sont nécessaires pour que nous puissions respecter les contrats avec notre clientèle. Une perte de 20% du chiffre d’affaires est à prévoir à court terme avec la perte d’emplois très bien rémunérés auprès de nos 584 tra- vailleurs québécois », ajoute, de son côté, Julie Brault, vice-présidente de l’entreposage chez Transport Bourassa, une autre entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Retraite
Au troisième trimestre de 2024, le Québec enregistrait 127 000 postes vacants et un taux de chômage moyen de 5,4%. En 2023, environ 62 000 permis de travail étrangers temporaires ont été émis pour pourvoir les postes de plus de 17 000 employeurs. D’ici 2031, on prévoit le départ à la retraite d’un million de personnes.