Deux entreprises rejoignent une alliance pour la main-d’œuvre

Camille Vanderschelden cvanderschelden@canadafrancais.com

Deux entreprises rejoignent une alliance pour la main-d’œuvre
Les entreprises Emballage St-Jean et Transport Bourassa rejoignent une nouvelle coalition pour dénoncer la situation.  (Photo : (Photo Le Canada Français - Archives - Laurianne Gervais Courchesne))

L’Alliance pour la main-d’œuvre étrangère, une nouvelle coalition d’entreprises dont deux sont de Saint-Jean-sur-Richelieu, se forme pour dénoncer les nouvelles mesures affectant les travailleurs étrangers temporaires (TET) à bas salaire.

L’Alliance main-d’œuvre étrangère (AME) regroupe quinze entreprises québécoises des secteurs stratégiques, dont l’aérospatial et le manufacturier. Onze d’entre elles sont des petites et moyennes entreprises (PME). Formée le 10 décembre, cette nouvelle coalition compte faire état des impacts majeurs et directs qui les touchent et qui découlent des récentes modifications au programme des TET.

« S’il y a une chose qu’on aimerait que les gouvernements allègent, c’est la main-d’œuvre qu’on détient actuellement, celle qu’on est déjà allés recruter et qu’on a intégrée à grands frais et gros efforts », témoigne Anne-Renée Meloche, porte-parole de l’AME, en entrevue avec Le Canada Français.

Les entreprises de l’AME sont principalement basées dans Chaudière-Appalaches, dont la Beauce, et dans la grande région de Montréal. Deux d’entre elles sont johannaises : Emballage St-Jean et Transport Bourassa. Ces dernières avaient déjà rejoint un front commun local pour dénoncer la situation en décembre.

Une industrie en péril

La réduction des quotas de TET à 10 % est largement décriée par la coalition, tout comme l’augmentation du salaire médian qui passe de 27,47 $/h à 32,96 $/h. Une hausse que la majorité des entreprises de l’AME ne peuvent pas assumer.

La réduction de la durée des permis de travail pour les TET à bas salaire, désormais limités à un an à la place de deux, assène un coup fatal aux entreprises puisqu’elles devront assumer quelque 30 000 $ de plus par année en coûts administratifs et juridiques. Un coût mirobolant pour les PME, qui représentent 98 % des entreprises québécoises.

Enfin, l’élimination des exceptions pour les professions en traitement simplifié est au cœur des revendications de l’AME puisque les secteurs manufacturiers, aérospatiaux et technologiques détiennent des besoins spécifiques et peinent déjà à recruter dans le contexte actuel de pénurie de talents. L’AME appelle donc au retour de cette liste.

Anne-Renée Meloche, qui travaille également à titre de vice-présidente des ressources humaines pour le fournisseur en aéronautique Groupe Meloche, estime par exemple que les métiers de machinistes et de soudeurs sont en déclin depuis plus de vingt ans.

Pertes

Les impacts créés par les nouvelles mesures pour les TET à bas salaire ont une visée triple et dévastatrice pour les entreprises du Québec : la perte de bénéfices, la perte d’opportunités et la perte de valeur.

Les trois prochaines années, le Groupe Meloche s’attend à une perte de bénéfices de 6,3 M$ directement liée à l’incapacité d’embaucher à la hauteur de sa croissance. « C’est une véritable perte de valeur pour les entreprises », déplore la porte-parole de l’AME, qui souligne que ces perturbations entraînent une perte des parts du marché du Québec au profit de concurrents internationaux.

De plus, les entreprises et PME devront renoncer à de nouvelles opportunités, comme acquérir de nouveaux clients ou développer de nouveaux produits, puisqu’elles seront incapables de livrer leurs services sans nouvelle solution. Les TET travaillent les quarts de soir, de nuit et de fin de semaine, participant ainsi à la croissance et à la compétitivité de l’entreprise.

Délocalisation

En janvier, l’AME rencontrera les décideurs locaux et nationaux pour proposer des ajustements aux nouvelles mesures. La coalition rappelle le risque d’une délocalisation partielle ou totale de la majorité des entreprises vers d’autres pays, où la main-d’œuvre est plus accessible et où certaines d’entre elles détiennent déjà des filiales. Cette délocalisation entraînerait des pertes économiques régionales estimées à des dizaines de millions de dollars par année.

La coalition propose également de créer une certification pour les entreprises recrutant des TET, qui prouverait que l’optimisation des opérations et l’intégration locale des TET ont été largement financées par les entreprises. Elle ferait aussi état de la priorisation du recrutement local.

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