Une adaptation mémorable de Tu te souviendras de moi

Par mclessard
Une adaptation mémorable de Tu te souviendras de moi
Françoise Duménil, Mélanie Ruel, Robert Boivin et Marcel Fortin dans une scène de Tu te souviendras de moi. (Photo : (Photo Le Canada Français - Kim Valiquette))

Le Théâtre de Grand-Pré (TGP) démarre l’année 2025 en force en présentant Tu te souviendras de moi, la deuxième pièce de sa programmation 2024-2025. Grâce à une mise en scène efficace et à une distribution fort crédible, qui sont au service du poignant texte de François Archambault, on peut avancer que cette version est l’une des productions les plus abouties des dernières années de la part de la troupe.

Les cometteuses en scène Danielle Beaulieu et Gabrielle Guérin sont parvenues à un résultat lumineux et touchant qui ne verse jamais dans les grands épanchements mélodramatiques.

La production brosse un portrait à la fois réaliste et onirique des conséquences de la maladie d’Alzheimer sur le malade, mais aussi sur ses proches qui se sentent, et avec raison, impuissants et épuisés.

Se souvenir

L’histoire se concentre sur Édouard Beauchemin (Robert Boivin), un professeur d’histoire, retraité de l’université, qui sombre de plus en plus dans les affres de la maladie d’Alzheimer. N’en pouvant plus de devoir constamment s’occuper de lui, sa femme Madeleine (Françoise Duménil) l’emmène chez leur fille Isabelle (Mélanie Ruel) pour qu’elle prenne soin de son père.

Comme elle doit s’absenter pour son travail, c’est plutôt son mari Patrick (Marcel Fortin), en arrêt de travail, qui le surveille. Ce dernier demande en secret à sa fille Bérénice (Éliane Toupin) de l’aider. En voyant Bérénice, Édouard replonge dans d’atroces douleurs du passé qui forceront les autres membres de sa famille à faire la paix avec leurs démons.

Avec cette prémisse, Tu te souviendras de moi aborde également avec brio les notions de souvenirs et d’idées. Le texte suscite de pertinentes réflexions sur la toxicité et les avantages des réseaux sociaux, sur la surenchère d’informations à laquelle la société est confrontée sur une base quotidienne ainsi que sur la lassitude presque instantanée d’une tendance avant qu’une nouvelle ne fasse son apparition.

Un décor poétique

À la barre de la conception des décors et de la direction artistique, Patrick Ménard a effectué un travail inventif, sobre et poétique qui marque les esprits par sa simplicité et ses multiples couches d’interprétation.

Du côté droit de la scène se trouve une forêt dans laquelle Édouard apprécie marcher et admirer la nature. Elle est illustrée par des brindilles et autre feuillage artificiel, mais surtout par des colonnes de pages de livres empilées les unes sur les autres.

Le rendement est impressionnant et sublime. L’illusion d’arbre fonctionne et renvoie directement à Édouard et son amour des livres. L’éclairage tantôt orangé, tantôt bleuté magnifie brillamment le tout.

Un duo étincelant

Éliane Toupin et Robert Boivin forment un duo d’apparence improbable, mais qui se révèle au final compatible et franchement émouvant. Leurs interactions empreintes de vérité tirent les larmes à plusieurs reprises.

Éliane Toupin incarne avec conviction la révolte de la jeunesse, alors que Robert Boivin, qui est presque de toutes les scènes, saisit avec éclat toutes les subtilités de la maladie d’Alzheimer. Son aisance scénique est magnétique.

Campant les rôles de soutien, Mélanie Ruel en fille blessée qui vit dans le déni et le détachement, Françoise Duménil en épouse fatiguée, et Marcel Fortin en mari dépassé, mais investi, tous tirent très bien leur épingle du jeu.

Encore quelques billets

La représentation du samedi 15 février de Tu te souviendras de moi affiche complet, mais il reste des places pour celles prévues les 14, 21 et 22 février. Il est possible de se procurer des billets sur le site Internet officiel du Théâtre de Grand-Pré.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires