Pour la troisième pièce de sa saison 2024-2025, le Théâtre de Grand-Pré (TGP) présente la comédie absurde L’homme du bureau du dramaturge français Éric Beauvillain les 4 et 5 avril. À travers des répliques volontairement creuses et remplies de malaise, l’œuvre propose une réflexion subtile et intéressante sur le climat et la communication en milieu de travail.
L’homme du bureau suit cinq collègues d’une entreprise multinationale qui s’appellent tous par leur nom de famille : le naïf Morin (André St-Hilaire), l’autoritaire Lapointe (Catherine Turcot), le timide Patenaude (Frédéric Beaudin), le colérique Bernier (Daniel Langlois) et la bienveillante Delagrange (Isabelle Dubé).
Ensemble, pendant leurs pauses devant la machine à café, ils essaient d’élucider le mystérieux décès d’un employé qui est survenu dans son bureau. Qui était-il? Quelle était sa fonction au sein de l’entreprise? Était-il malade? Pourquoi personne ne semblait le connaître véritablement?
Personnages colorés
Les réponses à ces questions et bien d’autres sont partiellement révélées pendant la pièce. Au fur et à mesure que la pièce avance, les spectateurs réalisent que ce sont les conséquences de la mort de l’homme du bureau qui est plus importante et essentielle que la révélation de l’identité de ce dernier.
La terrible nouvelle qui secoue tout le bureau est également un prétexte pour mieux étudier la dynamique entre les personnages, tous colorés et excentriques à leur manière.
À travers une mise en scène rythmée et physique signée Patrick Ménard, les comédiens embarquent à pieds joints dans l’univers décalé de la pièce, s’abandonnant aisément dans les jeux de mots tantôt savoureux, tantôt prévisibles ainsi que dans les longs silences qui finissent par accomplir leur objectif de susciter un certain inconfort chez le public.
Dans la peau d’un homme souffrant probablement d’un dédoublement de personnalité, Daniel Langlois réussit à soutirer beaucoup d’éclats de rire lorsque son personnage perd le contrôle de sa patience. Alors que André St-Hilaire s’en donne à cœur joie dans la répétition d’une expression traduisant la bonhomie de son personnage, Frédéric Beaudin enchaîne avec brio des blagues burlesques rappelant l’humour de Gilles Latulippe.
De son côté, Catherine Turcot incarne efficacement le caractère rigide de Lapointe qui cache en réalité un cœur tendre. Isabelle Dubé tire admirablement son épingle du jeu avec sa voix aiguë de fillette qui s’avère bien plus sournoise qu’elle veut le laisser faire croire.
Questionnements
Même si la pièce multiplie les gags absurdes, elle parvient à faire preuve de sérieux, surtout lors de l’acte final. De petits rebondissements dans la trame narrative surprennent et entraînent, sans verser dans un ton moralisateur, une réflexion chez les spectateurs à propos de l’éthique de travail et de la charge mentale.
Il est encore possible de se procurer des billets pour les quatre représentations de la pièce L’homme du bureau sur le site Internet officiel du Théâtre de Grand-Pré.