Jean-François Crépeau entame sa 50e année de chroniques

Par mclessard
Jean-François Crépeau entame sa 50e année de chroniques
Jean-François Crépeau lors de sa visite dans les nouveaux bureaux du Canada Français. (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens Gaboriau))

Avec son texte Laboratoire d’une obédience exacerbée paru le 6 février dans Le Canada Français, Jean-François Crépeau a entamé sa 50e année de chroniques au journal. Cette année symbolique marque aussi sa dernière avant de prendre sa retraite du milieu de la littérature. Une décision mûrement réfléchie qui s’accompagne d’un grand sentiment du devoir accompli. 

Pour la petite histoire, la toute première chronique signée par Jean-François Crépeau a été publiée le 4 février 1976 dans le journal Le Richelieu. À partir de ce moment, il a fait paraître un article par semaine, tantôt en tant qu’enseignant de français, tantôt en heureux retraité profitant de voyages bien mérités en croisière avec son épouse, Marie Gruslin. 

Le chroniqueur, qui a évolué au sein de la revue Lettres québécoises jusqu’en 2016, estime avoir pondu un total approximatif de 2200 articles pour Le Canada Français et Le Richelieu. Chaque chronique abordait majoritairement trois romans, recueils de poésie, guides pratiques ou essais.

« Finalement, ces 50 ans de chroniques auront été le projet d’une vie, qui n’était pas prévu», résume Jean-François Crépeau, avec un petit sourire. 

Des raisons surprenantes 

Évidemment, celui qui détient une maîtrise en art et littérature en français à l’Université McGill ne se doutait pas que son rôle de chroniqueur occuperait une place si importante dans son parcours. 

« À l’époque, quand je suis allée au Richelieu pour proposer d’écrire une chronique, c’était pour deux raisons qui peuvent paraître étonnantes aujourd’hui. Je voulais écrire pour m’obliger à lire, car ça m’a pris du temps avant d’avoir de l’intérêt pour la lecture. Je voulais aussi travailler cette bête qu’est la langue française. Quand j’étais plus jeune, j’étais pourri en français! J’ai d’ailleurs encore l’impression d’en apprendre tous les jours », confesse celui qui habite Saint-Jean-sur-Richelieu depuis 1973. 

Processus d’écriture

Jean-François Crépeau, qui a fait paraître le livre Passion chronique en 2016 pour détailler les rouages du métier de chroniqueur, a toujours procédé en deux étapes avant d’arriver à la rédaction finale d’une chronique. 

« D’abord, je rédige un premier jet en disant tout ce que je pense du livre. J’inclus des extraits qui m’ont frappé. Ensuite, je crée quelque chose de global et je m’assure que je ne dévoile aucun punch du livre », relate celui qui ne se gêne pas pour affirmer qu’il est un de ces lecteurs qui surligne et rature dans les ouvrages. 

Une fois ces étapes faites, Jean-François Crépeau se laisse nourrir par les auteurs et les avenues possibles qu’il peut explorer selon les réflexions que le livre tente de livrer aux lecteurs. Il ne suit pas une structure de texte définie, « mais il faut avoir fait des recherches sur l’auteur et s’assurer d’avoir un côté éducatif », précise l’auteur qui a toujours pondu ses chroniques dans un bureau rempli de livres à l’intérieur de son lieu de résidence. Écrire dans un café ou autre lieu public, ce n’est pas pour lui. 

Coups de cœur 

Tôt dans sa carrière d’auteur de chroniques, Jean-François Crépeau a décidé de mettre de l’avant des ouvrages d’auteurs québécois, qu’ils vivent ici ou ailleurs. Un choix qu’il ne regrette pas et qui lui a permis de faire de belles découvertes.

Parmi ses coups de cœur intemporels, on retrouve L’arbre du veilleur de Jean Royer et les mémoires de son bon ami Victor-Lévy Beaulieu, qui s’intitulent Bibi

« J’ai fait une promesse à Victor-Lévy Beaulieu que si ce livre allait être lancé à Paris, j’y assisterais. Finalement, le livre a plutôt reçu un prix là-bas, donc j’ai tenu ma promesse et j’y suis allé », se remémore-t-il.

Au courant de ses 50 années, Jean-François Crépeau a également lu des livres étrangers. Il a particulièrement été charmé par Munkey diaries et Post-scriptum, les deux journaux intimes de la regrettée artiste Jane Birkin. « Il s’agit d’une mise à nu essoufflante, incroyable et à peine retenue, mais jamais vulgaire », détaille-t-il.

Retraite

Jean-François Crépeau a fait le choix, il y a quelques mois, d’arrêter de rédiger des chroniques au début de l’an 2026. Il n’avait pas prévu nécessairement que cette fin de chapitre coïnciderait avec le 50e anniversaire de sa contribution avec Le Canada Français, mais ce moment est plutôt bien choisi.

« J’y ai bien réfléchi. Avec mes ennuis de santé causés par la sclérose en plaques, je suis plus facilement fatigué. Je suis encore fonctionnel, mais je ressens que j’ai moins d’énergie », explique celui qui a fait paraître à son compte un recueil de poésie. Une expérience qu’il a appréciée, mais qu’il ne ressent aucunement le désir de renouveler. 

Si les chroniques de Jean-François Crépeau cesseront de se multiplier dans un an, sa passion pour la lecture, elle, restera. 

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