Originaire du secteur Saint-Luc à Saint-Jean-sur-Richelieu, Pascale Beauregard a rapidement eu à apprendre la langue des signes québécoise (LSQ) afin de pouvoir communiquer avec ses parents sourds. Elle s’est inspirée de son vécu pour écrire un premier roman fictif intitulé Muette, qui est paru en septembre 2023.
En novembre dernier, Pascale Beauregard a animé un café littéraire à la bibliothèque Adélard-Berger en lien avec le livre Muette. Il s’agissait d’une première conférence pour l’autrice dans sa ville natale.
« C’était vraiment une belle expérience chaleureuse. Il y avait beaucoup de gens. J’ai ressenti beaucoup d’émotions et de fierté à revenir dans un lieu qui fait partie de mon histoire », raconte celle qui a habité dans la région jusqu’à l’âge de 17 ans.
L’autrice visite également plusieurs écoles à travers le Québec pour aborder la réalité des personnes sourdes et celle des personnes qui les accompagnent au quotidien. « Je suis impressionnée de voir à quel point les élèves sont ouverts et curieux », dit-elle.
Soif de parole
Le roman Muette a nécessité sept années d’écriture à Pascale Beauregard. Il a fallu qu’elle se permette d’aller au bout de son désir d’écriture et de son besoin de relater son vécu en tant qu’enfant de parents sourds.
« Le livre est une prise de parole. L’idée derrière était d’aller trouver des réponses qui demeuraient muettes. J’ai décidé de créer un personnage qui vit une situation proche de mon histoire, mais qui n’est pas moi. C’est une façon pour moi de faire ressentir des vérités de manière plus profonde, car mon histoire personnelle est remplie de trous et de ruptures », déclare-t-elle.
Pascale Beauregard ne dresse pas de plan précis lorsqu’elle écrit, mais elle doit absolument respecter deux choses chaque jour qu’elle est en période de création : prendre une marche et ne pas se lever tant que son infusion de thé n’est pas terminée! « J’essaie de tenir ça le plus possible », commente-t-elle en riant.
Défis
L’autrice ne cache pas être davantage intéressée par la forme que par le contenu.
« C’est le travail de recherche sur la langue que je fais en amont qui me permet d’avoir des idées pour des personnages. Je travaille beaucoup les rimes. J’aime m’abandonner dans la beauté du langage. C’est de là que surgissent les histoires », explique-t-elle.
L’écriture du roman Muette a apporté son lot de défis. « Le plus difficile était de réussir à faire parler les sons et les voix des personnes sourdes, de rendre ça visible et vivant. Il fallait que je transpose à l’écrit le côté théâtral, la poésie et le visuel de la langue des signes québécoise. Je devais décrire des gestes avec un côté comique pour ne pas que ça devienne trop lourd », ajoute Pascale Beauregard.
Nouveau roman
Pascale Beauregard travaille actuellement sur un nouveau roman. Pour celui-ci, elle ne s’inspire pas de sa vie.
« Je vais complètement ailleurs, mais je suis encore inspirée par des personnages marginalisés. J’aime explorer les non-dits et les rêves enfouis », laisse-t-elle tomber.
