Le milieu culturel québécois vit une crise majeure : plusieurs entreprises d’ici à vocation artistique suppriment des postes et coupent drastiquement dans leur programmation. Nouvellement en poste à titre de directrice générale de la SPEC du Haut-Richelieu, Isabelle Laramée confirme que la programmation 20242025 de l’organisme à but non lucratif n’est pas affectée par ces coupures malgré un certain « écroulement du star système ».
« Aucun spectacle n’a été annulé. En 2023-2024, on a présenté 364 spectacles. En 20242025, notre programmation en compte 374. Nous offrons 20 représentations scolaires de plus que l’année précédente. Par contre, notre programmation compte moins de spectacles de danse et de cirque », précise celle qui, avec son équipe, travaille déjà à l’horaire de 20252026.
Le Conseil des arts et des lettres du Québec a prolongé sa Mesure particulière à la diffusion de spectacles québécois jusqu’au 30 juin 2024 afin d’aider financièrement les diffuseurs après la pandémie. « Le gouvernement provincial a mis fin à ce soutien à la billetterie alors que notre programmation était déjà faite, on a donc moins vécu d’impact. On n’est pas encore certain des impacts que cela aura sur la programmation 2025-2026 », affirme Isabelle Laramée.
Moins de risques
Évidemment, Isabelle Laramée ne se met pas la tête dans le sable. La pandémie a été un facteur qui a propulsé l’industrie vers la crise culturelle que l’on connaît présentement.
« Ce serait mentir de dire que le public n’a pas bougé dans sa fréquentation des offres depuis la pandémie. Il y a un impact, surtout pour les spectacles un peu plus expérimentaux. On sent que les gens préfèrent opter pour des valeurs sûres plutôt que de découvrir de nouveaux artistes », explique-t-elle.
Pour illustrer le fait que le public prend moins de risques dans son choix de consommation de spectacles, Isabelle Laramée cite en exemple les abonnements pour la série théâtrale.
« On a remarqué que les gens vont plus choisir le forfait de trois spectacles plutôt que le forfait qui offre le plus de spectacles. Bien souvent, ce sont les pièces de théâtre de style variétés qui sont les plus sélectionnées », remarque-t-elle avant d’ajouter qu’il ne faut pas négliger le fait que, avec l’attrait des plateformes, les gens ont perdu le goût de sortir.
Ayant ces données en tête, Isabelle Laramée mentionne que, même si la SPEC a pour cheval de bataille la pluralité des contenus, les choix de l’organisme doivent refléter les désirs du public. « On a beau solidifier notre organisation, si les disciplines que nous présentons ne rejoignent pas les gens, peut-être qu’il faudra moins les programmer et changer nos façons de développer nos publics », soutient-elle.
Pas une dépense
Le rôle d’un diffuseur de spectacles est d’abord et avant tout de mettre en contact le public avec les artistes. C’est dans cette optique qu’Isabelle Laramée souhaite rappeler que la culture n’est pas une dépense, mais bien un investissement qui permet de créer des emplois localement.
« Il faut voir la culture comme un levier économique et comme une ouverture sur l’autre. En 2023-2024, la SPEC a pu redistribuer 810 000 $ dans la communauté », résume-t-elle.
Nouvelles nominations
La SPEC du Haut-Richelieu a récemment procédé à quelques changements au sein de son équipe. Alors que Guy Boulanger agira à titre de conseiller cadre à la direction générale jusqu’en juin, Martin St-Gelais, ancien attaché politique de Pierre Curzi, devient le directeur général adjoint à l’administration. De son côté, André Proulx occupe le poste de directeur général adjoint des opérations.
Issue du monde de l’événementiel, Laurence Payant est, depuis le mois de janvier, directrice des communications et du marketing numérique.