Une soirée en compagnie de passionnés du bingo

Daniela Vargas Rojas drojas@canadafrancais.com

Une soirée en compagnie de passionnés du bingo
Depuis 2014, les clients peuvent acheter des cartes physiques ou électroniques, ainsi qu'une combinaison des deux. (Photo : (Photo Le Canada Français - Kim Valiquette))

Tous les jours, à 19h précises, les passionnés du bingo sont prêts à entamer la partie. Tamponneuse à la main, les diverses cartes à 12, 15 ou 18 cases sont soigneusement posées sur la table devant eux. Tel un début de messe, un silence immaculé envahit la salle avant le début de la partie. Ce vendredi soir, la salle atteint un total de 140 joueurs. Le Canada Français visite le Bingo communautaire du Haut-Richelieu pour plonger dans l’univers de ce jeu de hasard. 

Réunissant une cinquantaine de longues tables brunes, la salle du bingo ouvre ses portes vers 16h. Les habitués qui sont là sept jours par semaine arrivent toujours les premiers. Dès l’ouverture, ils s’assoient pour jaser, jouer aux cartes et boire du café. Pour de nombreux joueurs, le bingo constitue leur moment de socialisation de la journée et leur permet de briser l’isolement.

La préparation

D’autres clients se pointent vers 17h. Selon eux, il faut arriver deux heures d’avance pour avoir le temps nécessaire pour acheter les cartes, souper et discuter avec les connaissances. À l’entrée de la salle, devant le tambour transparent où flottent les boules de couleur, s’assoit André Lapointe, amoureux du bingo depuis ses 18 ans.

M. Lapointe se rappelle très bien de la première fois qu’il a joué au bingo. Sa mère l’a amené découvrir cette passion en 1976 alors que ce loisir représentait une sphère sociale à part entière. À l’époque, le bingo au Québec permettait aux femmes de socialiser et constituait une bonne occasion de sortie abordable et ludique. Cette soirée-là, Andrée et sa mère ont remporté un prix, et depuis, il fréquente le bingo religieusement. 

«J’ai planifié ma retraite pour pouvoir venir au bingo quatre fois par semaine. J’ai un budget de 100$ par soirée et je le respecte. Je gagne très souvent au bingo et quand je ne gagne pas pendant un moment, j’arrête de venir pendant une semaine. J’adore l’adrénaline que ça me procure chaque fois qu’une nouvelle boule sort», explique André Lapointe, un Johannais de 65 ans.

Le jeu

Dans la salle, la concentration est totale. Pendant que les numéros sont annoncés au haut-parleur un à un, les joueurs tamponnent à une vitesse fulgurante les numéros sur leurs cartes. Tels que des machines programmées, ils scrutent les numéros manquants en attente d’avoir la fiche gagnante. Un autre plus loin crie bingo! Le premier prix de 100$ est remporté.

Comptable de profession, Bianka Choquette vient au bingo une ou deux fois par semaine avec sa sœur et son beau-frère pour socialiser. Afin de contrôler son argent, elle se donne un budget de 55$ par soir. Elle fait des exceptions les soirées spéciales comme les 7, 17 et 27 de chaque mois quand les prix sont plus importants.

«Je ne viens pas ici avec l’idée de gagner. C’est un jeu de hasard et on est conscients de ça. Il arrive que Paul, mon beau-frère, gagne et on se divise le prix en trois. Lui, il gagne souvent au contraire de nous. Il prend l’ordinateur pour avoir plus de cartes. On se met aussi un budget par soirée pour acheter les « shling-shling » ou moitié-moitié. On aime bien en ouvrir pendant la soirée pour avoir plus de chances de gagner. C’est amusant ici. On vit des émotions», ajoute-t-elle.

Socialiser

Bianka Choquette, fervente passionnée du bingo depuis plus de 40 ans, a connu ce jeu grâce à une voisine qui l’a invitée alors qu’elle était enceinte de son premier enfant. Elle se rappelle encore l’époque où ils utilisaient des cartes rigides et des jetons pour couvrir les numéros. Les tamponneuses, que son amie collectionne, sont apparues une année plus tard, en 1983.

«Pour moi, le bingo est un passe-temps comme un autre. C’est comme faire du crochet. Je viens ici pour le côté social. Ici, tout le monde se connaît. Avec les années, je suis devenue amie de certains employés. On échange et on se tient au courant de nos vies et, parfois, on va au cinéma ensemble. Je viens aussi parce que je sais que l’argent revient à la communauté. C’est une manière de redonner», affirme-t-elle.

Lorsque la soirée avance, les prix montent. On entend un petit brouhaha parmi les conversations et le son des feuillets qui tournent à l’annonce d’un nouveau gagnant. Toute la soirée, les vendeuses circulent pour offrir des billets surprises ou à languettes qui permettent de remporter des prix additionnels. À l’approche de 22h, le dernier jeu de la soirée débute : c’est le bingo en réseau qui se déroule en simultané dans toutes les salles du Québec.

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