Un segment de la rue des Fortifications pourrait adopter le nom de Margot Phaneuf (1928-2020), une référence johannaise dans le domaine de la santé. La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a présenté une demande d’officialisation à la Commission de toponymie à la fin janvier.
La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu rendrait ainsi hommage à l’une des plus grandes dames de sa communauté, Margot Phaneuf, qui a consacré plus de 50 ans de sa vie à la profession d’infirmière, mais aussi à la démocratisation et à l’enseignement de soins infirmiers plus humains.
L’hommage souhaité, actuellement soumis à une procédure auprès de la Commission de toponymie du Québec, survient dans le cadre du développement du Domaine des Légendes à Saint-Luc. La rue des Fortifications, qui n’est pas un axe linéaire, s’en trouverait ainsi fragmentée, ce qui compliquerait les délais de réponse du 911.
« Nous en sommes honorés, je suis sûr qu’elle aurait aussi été très, très heureuse », réagit Michel Phaneuf, fils aîné de cette pionnière de la santé, en entrevue avec Le Canada Français.
Soins infirmiers
Diplômée de l’Hôpital Notre-Dame de Montréal en 1949, Margot Phaneuf entame sa carrière comme infirmière dans la métropole. Elle y rencontre son conjoint, Jacques Phaneuf, avec qui elle aura cinq enfants : Michel, Louise, Monique, Daniel et Claude.
« Je viens d’une famille de médecins. Mon père était chirurgien, son frère était chirurgien et son autre frère était anesthésiste. Et leur père à eux, Émile Phaneuf, était médecin ici à Saint-Jean », raconte Michel Phaneuf, qui est sorti des sentiers battus en embrassant les carrières de musicien et de journaliste.
Une fois l’éducation des enfants terminée, des années durant lesquelles elle s’adonne aux tâches du foyer, Margot Phaneuf retourne aux études et se spécialise en soins infirmiers avant d’être engagée au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu. Excellente vulgarisatrice, Mme Phaneuf écrit 25 ouvrages, dont plusieurs sont devenus des outils de référence dans le domaine de la santé, et ce, jusqu’à ce jour.
« Elle a toujours mis l’accent sur l’humanisation des soins », relate Michel Phaneuf. « C’est-à-dire que le patient n’est pas juste un cas, mais un être humain », ajoute-t-il.
Pédagogie
Margot Phaneuf enseigne de nombreuses années au Cégep de Saint-Jean, mais donne aussi des conférences à travers le monde comme en France, au Luxembourg ou encore au Maroc. Elle y apporte ses connaissances et ses enseignements en soins infirmiers au travers de ses ouvrages.
L’un d’entre eux, intitulé La maladie d’Alzheimer : prise en charge infirmière, aura un impact important sur sa carrière. Michel Phaneuf explique que sa mère aurait développé un grand intérêt pour les maladies liées au vieillissement, notamment à cause du temps qu’elle a passé dans le CHSLD Georges-Phaneuf où elle visitait sa propre mère arrivée en fin de vie.
Margot Phaneuf était aussi une pionnière en technopédagogie. Embrassant les nouvelles technologies, elle participe à développer en 1990 le logiciel Pharmacourse, un jeu pédagogique qui reçoit le prix du ministère de l’Éducation du Québec. Elle collaborera également avec l’équipe à l’origine du système informatisé d’évaluation clinique des étudiants en soins infirmiers Ariane, créé en 1991.
Hommage
Margot Phaneuf continue de travailler jusqu’au bout de sa vie malgré une santé qui se dégrade fortement dans ses dernières années. Après avoir vécu dans la résidence La belle époque à La Prairie, Mme Phaneuf passe finalement les deux derniers mois de sa vie à Saint-Jean-sur-Richelieu.
En juin 2020, elle s’éteint non sans laisser derrière elle ses apprentissages et les répercussions de sa passion à toute une génération d’infirmières, tout comme à sa famille. « C’était une personne extraordinaire, qui nous a aimés, choyés et transmis beaucoup de très belles valeurs », témoigne Michel Phaneuf.