En 2024, le ministère de l’Environnement a lancé un appel à projets d’aires protégées en territoire méridional afin d’atteindre son objectif de protéger et conserver 30% du territoire québécois d’ici 2030. Devant cette occasion, le Mouvement écologique du Haut-Richelieu (MEHR) a soumis un projet où il propose qu’une partie de la rivière Richelieu soit reconnue comme réserve de biodiversité.
Le secteur de la rivière pour lequel le MEHR souhaite obtenir le statut d’aire protégée est celui qui s’étend du pont Félix-Gabriel-Marchand jusqu’à la frontière américaine. L’organisme estime que l’obtention du titre de réserve de biodiversité permettrait notamment de mieux protéger certaines espèces, de mieux encadrer les activités industrielles qui jouxtent le Richelieu, d’améliorer la qualité de l’eau et de limiter la dégradation de la plaine inondable.
Si la proposition de l’organisme est retenue, l’endroit pourrait aussi devenir une sorte de « corridor » qui permettrait une connectivité entre différents espaces de conservations de la région.
« Il y a déjà des statuts de protection sur la rivière Richelieu. Il y a la réserve écologique Marcel-Raymond, il y a la réserve de biodiversité Samuel-de-Champlain plus près de la frontière, il y a des aires de concentrations des oiseaux aquatiques, des héronnières et des habitats du rat musqué. Ce sont tous des petits points sur la rivière, mais de plus en plus, les biologistes avancent que si on veut être capable de protéger les espèces, il faut de la connectivité », détaille Marc Jetten, membre du conseil d’administration du MEHR.
M. Jetten précise que la proposition actuelle pourrait être d’une grande aide pour lutter contre le déclin de dizaines d’espèces menacées ou en voie de disparition, comme le chevalier cuivré, le petit blongios ou le carex faux-lupulina, par exemple.
Protection
Le MEHR souligne que le projet qu’il a soumis au gouvernement n’amènerait pas une disparition des activités anthropiques sur le Richelieu et qu’il permettrait de mettre en valeur l’importance du cours d’eau, et ce, de différentes façons.
« À partir du moment où il y a un statut ou une reconnaissance d’aire protégée reliée à la biodiversité, ça attire l’attention des différentes municipalités qui bordent la rivière. Ça vient convaincre les gens qu’il y a une importance écologique à ce cours d’eau et non seulement une importance économique », fait remarquer Frédéric René, membre du conseil d’administration du MEHR.
MM. René et Jetten indiquent qu’ils ont espoir que le ministère retiendra le projet proposé par le MEHR, d’autant plus qu’il y a peu de territoires naturels qui sont présentement protégés dans la région. « En Montérégie, on est à peu près à 4%, et dans la MRC du Haut-Richelieu, c’est environ 2,6% du territoire qui est protégé », explique M. Jetten.
Selon les informations de M. René, 320 projets ont été soumis dans le cadre de l’appel d’aires protégées du ministère de l’Environnement et ils totalisent environ 160 000 km2.
Attente
Le projet du MEHR a eu l’appui de la MRC du Haut-Richelieu par résolution lors d’une séance du conseil de la MRC, en septembre 2024. Le dossier a ensuite été envoyé au ministère de l’Environnement afin qu’il en fasse l’étude.
La prochaine étape du processus se fera en 2025 lorsque « des tables de concertation seront mises en place dans toutes les régions administratives visées. Elles auront pour objectif de déterminer les territoires à prioriser pour la création de nouvelles aires protégées dans leur région », écrit le ministère de l’Environnement dans l’appel de projets.
Une analyse interministérielle des projets devrait être faite en 2027 en vue d’une prise de décision finale. Les projets retenus seront connus par la suite.