Ancien producteur laitier à Saint-Sébastien, Joseph Schwabl a vendu ses vaches en 2014 pour prendre sa retraite. À la recherche de projets, il a décidé de se lancer dans la production des noisettes il y a huit ans. Lors de la dernière saison, il a réussi à produire ses 500 premières livres de noisettes. Bien que les producteurs de noisettes ne soient pas nombreux au Québec, la culture de noix détient un beau potentiel dans la province malgré l’hiver rigoureux. Après des essais-erreurs, M. Schwabl raconte comment il a réussi à trouver un noisetier qui s’adapte aux conditions climatiques de la Montérégie.
D’origine allemande, Josef Schwabl est arrivé dans la région de Saint-Sébastien à l’âge de neuf ans. Sa famille a acheté une ferme dans la région en 1967 lors de son arrivée au Québec. M. Schwabl a consacré sa vie à sa ferme laitière. Homme de projets, une fois à la retraite, il a mis son énergie sur des projets novateurs en agriculture.
« Mon fils va reprendre la ferme. Il va continuer à s’occuper de la culture du maïs à grain. Quand j’ai vendu mes vaches, je cherchais un projet pour m’occuper. Pour rester vivant et jeune longtemps, ça prend un défi. J’ai vu des amis lâcher parce qu’ils n’avaient plus de raison pour se lever le matin. Je me suis lancé dans les noisettes parce qu’on m’a dit que ce n’était pas possible d’en avoir ici. Donc, je me suis lancé pour prouver que c’est possible. J’y vais une année à la fois », indique Josef Schwabl.
Les noisetiers
Il y a huit ans, Joseph Schwabl a entendu parler de la culture de noix dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Pour ses premiers essais, il a contacté Marc-Olivier Harvey, propriétaire de la pépinière Casse-Noissette. L’entreprise, située dans la Mauricie, se spécialise dans la production de plants rares et d’arbres à noix. Il lui a conseillé de planter un noisetier hybride, une sorte d’arbuste obtenu grâce au croisement de noisetiers américains et asiatiques.
« J’ai pris des noisetiers qui poussent très bien dans la région de Joliette. Si ça pousse là-bas, ça va pousser encore mieux ici. J’en ai fait venir d’autres de l’Ontario. Une variété qui est produite près des chutes du Niagara. Les deux fonctionnent bien ici. Le danger l’hiver est que le pollen sèche par le froid. Je fais aussi venir des noisetiers de l’Ouest canadien. Ce sont des arbres ultraperformants. J’en ai quelques-uns, mais ils n’ont pas l’air de profiter », mentionne-t-il.
Au printemps, lors de la floraison, la fleur mâle du noisetier devient jaune et les écailles s’ouvrent pour libérer le pollen qui sera transporté par le vent. Pour réussir la pollinisation qui se fait par le vent et non par les insectes, il faut avoir un minimum de deux ou trois arbres sur le terrain. Toutefois, pour réussir dans la culture de noix, il ne faut pas être pressé. Un noisetier prend une dizaine d’années avant de produire une première récolte.
Le travail
Avec un total de 2500 arbres sur son terrain, l’homme de 67 ans travaille seul. Il fertilise le terrain au début du mois de mai et récolte les noisettes à la fin du mois de septembre. Selon lui, il est relativement simple de s’occuper des plantes sur lesquelles il n’utilise aucun pesticide ni aucun autre produit chimique.
« Quand j’ai des questions, je vais écrire au Club des producteurs de noix comestibles du Québec. Maintenant, il y a de plus en plus de producteurs de noix dans chaque région de la province. Les noix produites ici sont d’une très bonne qualité. C’est un produit qui est recherché par les restaurants haut de gamme. Quand elles sont achetées ici dans notre terroir, les noix sont plus fraîches que celles importées de l’Italie ou de la Turquie qui viennent de loin. Tu ne sais pas quelles sont leurs pratiques », affirme M. Schwabl.
L’année dernière, il a atteint une production de 500 livres de noisettes qu’il a vendues, en partie, à des amis et à des proches. Le reste de sa production a été commercialisé dans la boutique en vrac Pot-Éthique, située sur le boulevard Iberville, dans le secteur du même nom.
Les noisettes sont vendues avec leur écaille, car le producteur ne possède pas l’équipement nécessaire au décorticage. Afin de convaincre ses premiers clients, il leur offre un casse-noisettes en cadeau. Dans les prochaines années, le producteur compte doubler ou tripler sa production, car ses noisetiers auront atteint leur maturité.