Marie-Andrée Foucreault-Therrien est la première membre du mouvement de Mères au front qui reçoit un prix de 1000 $ visant à souligner l’implication d’une mère qui vit également des défis importants. Cette nouvelle reconnaissance, qui sera remise annuellement à une femme différente, portera le nom de la Johannaise. Impliquée dans le mouvement depuis 2020, Mme Foucreault-Therrien se penche sur sa maladie et son parcours au sein de Mères au front.
Mère de quatre filles, la vie de Marie-Andrée Foucreault-Therrien a changé en 2020 lorsqu’elle a entendu sa fille de 14 ans parler d’écoanxiété. Lors d’une discussion, sa fille lui a avoué qu’elle ne se projetait pas dans le futur et qu’elle ne voulait pas avoir d’enfant à cause de la situation environnementale actuelle. Triste et indignée, la mère cherche alors sur Internet une manière de s’engager. Elle tombe par hasard sur un texte de Mères au front intitulé Le Cri du cœur.
En pleine pandémie, la Johannaise décide de poser un premier geste sur Facebook en se prenant en photo avec un cœur en papier vert agrafé sur son chandail. Peu de temps après, elle fonde le groupe de Mères au front Haut-Richelieu et rencontre le député de Saint-Jean, Louis Lemieux.
« Je n’ai jamais milité pour l’environnement. Quand je me suis rendu compte à quel point, pour ma fille, c’était catastrophique l’état actuel de la planète, j’ai décidé de faire quelque chose. Au final, c’est moi l’adulte. Je n’étais pas consciente de l’ampleur que pouvait avoir mon implication. Après un an, ma fille a commencé à me parler de son avenir », affirme Mme Foucreault-Therrien.
Reprise de pouvoir
Une fois le groupe de Mères au front fondé à Saint-Jean, cette femme curieuse a multiplié ses actions dans l’espace public. Elle a participé à la création d’alliances avec d’autres mouvements écologiques de la région du Haut-Richelieu.
« L’une de nos premières actions était d’aller parler aux députés pour leur exprimer nos inconformités. Comme citoyen, notre devoir est de leur rappeler que la décision de couper une forêt ou de remblayer un milieu humide peut causer des impacts sur les prochaines générations. Un an après, en 2021, j’ai déménagé à Stanbridge après m’être séparée. J’ai fondé un deuxième groupe de Mères au front dans les Cantons-de-l’Est », raconte la femme dans la cinquantaine.
Une fois déménagée, Marie-Andrée Foucreault-Therrien s’est impliquée dans plusieurs comités et projets du mouvement, dont un rassemblement que le mouvement a organisé en 2022 devant le bureau de François Legault à Montréal pour manifester contre le dossier de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda.
Il y a deux ans, Mme Foucreault-Therrien revient vivre à Saint-Jean-sur-Richelieu et reprend les rênes du groupe local, qui s’était éteint après la fin de la pandémie. Dans la dernière année, le groupe Mères au front du Haut-Richelieu a milité contre la coupe d’arbres et la construction d’une école dans le boisé des Colibris. Une lutte, qui, selon elle, a été perdue par le mouvement écologiste qui se sent aujourd’hui moins écouté par le conseil municipal de la Ville.
Maladie
Diagnostiquée avec un cancer de l’estomac en janvier 2025, Marie-Andrée Foucreault-Therrien a suivi des traitements de chimiothérapie dans les derniers mois. Elle sera opérée dans les prochaines semaines et devra suivre d’autres traitements par la suite.
« Je veux « détabouïser » la maladie. Je veux rendre ça normal le fait de parler de deuil. Quand je vais finir mes traitements, je veux continuer à travailler en zoothérapie et aider les jeunes à mieux transiter les différents types de deuils tels qu’un déménagement, un changement d’emploi ou une séparation », ajoute-t-elle.
Elle affirme que ce mouvement l’a profondément changée. « Il y a une reprise du pouvoir de mon côté. Ça m’a apporté des connaissances et ça m’a amenée à tisser des liens avec des personnes partout dans la province. Aujourd’hui, j’ai apporté à mes filles une conscience, mais aussi je leur ai enlevé toute la culpabilité qu’elles avaient sur elles. Je leur ai enlevé cette responsabilité et ce poids de leurs épaules et je sais qu’elles sont fières de moi », conclut-elle.