Le rapport de l’année 2024 de la vérificatrice générale de Saint-Jean-sur-Richelieu, Sonya Guilbault, révèle qu’il reste du travail à faire pour améliorer les infrastructures de la Ville. En évaluant la gestion des actifs et des actifs en eau de la municipalité, Mme Guilbault a conclu que la stratégie de la Ville devrait être évolutive et plus centralisée.
Une évaluation réalisée en 2021 a permis de révéler que 80 % de ses 136 bâtiments sont dans un état de vétusté importante. De ces 136, 78 édifices présentent un état jugé « très mauvais » selon le rapport annuel. Environ 1500 interventions totalisant 30,2 M$ devraient être faites sur les bâtiments municipaux « de façon immédiate ou dans un délai d’un an. »
La Ville affirme faire toutes les réparations nécessaires sur ses bâtiments, ajoute aussi le rapport. « Elle a évalué l’état, mais elle n’a pas mis encore la stratégie de l’avant », observe Sonya Guilbault, commentant dans son rapport que la Ville « tarde » à créer cette stratégie.
Plusieurs des points soulevés par la vérificatrice se concentrent sur la stratégie de la Ville quant à la gestion de ses actifs. Mme Guilbault suggère une approche itérative, plus formelle et centralisée, qui comprendrait aussi de meilleures mesures de performance.
Une bonne gestion des actifs de la Ville, qui comprennent les routes, les bâtiments, les infrastructures en eau, les installations sportives et bien d’autres, permet de concentrer les fonds publics aux bons endroits. Cela sert à « maximiser la valeur de ses interventions pour être performante au niveau des coûts et au niveau des risques », selon Mme Guilbault.
À l’inverse, sans stratégie, des surprises peuvent survenir. Le rapport mentionne l’exemple de la réfection de la piscine Claude-Raymond (Aurélie-Rivard), qui a vu son coût bondir de 4 M$ à 11 M$. Des besoins en conformité n’ayant pas été détectés en amont ont changé au cours du projet. Plus d’analyses devraient être faites autour des projets d’acquisition et d’investissements, appuie la vérificatrice.
Eaux usées
Les eaux usées sont le cœur du problème de la gestion des actifs en eau à Saint-Jean, selon Sonya Guilbault. Elle reconnaît que la Ville a mis les bouchées doubles pour mettre à jour ses infrastructures souterraines, leur attribuant 455 M$ entre 2025 et 2029 et instaurant un moratoire qui a servi à établir l’état du réseau.
Aujourd’hui, la valeur de remplacement des infrastructures en eau atteint 1,3 G$, soit trois fois plus que leur coût.
Les rejets d’eaux usées dans la rivière Richelieu sont encore fréquents : entre 2022 et 2024, la Ville aurait jeté des surplus d’eaux usées environ 1400 fois par manque de capacité.
La Ville compte améliorer son réseau de collecte des eaux usées sur la rive est du Richelieu. Un projet estimé à 106 M$ a été inscrit au Plan quinquennal des infrastructures. Il pourrait s’agir d’une nouvelle usine d’épuration, d’un bassin de rétention ou d’un nouveau tronçon collecteur.
Dans ses 19 recommandations sur la gestion des eaux, la vérificatrice invite la Ville à se doter, entre autres, d’une stratégie qui regrouperait les informations sur le réseau, à établir un bilan d’état de son réseau collecteur et à tenir à jour une synthèse des débordements auprès du ministère de l’Environnement.
Un deuxième rapport
En poste depuis octobre 2023 pour une durée de sept ans, la vérificatrice générale a la mission d’observer et de commenter la gestion des fonds faite par la Ville au bénéfice de la population et du conseil municipal. Pour ce faire, elle effectue chaque année un audit financier, en plus d’un audit de performance ou de conformité aux règles et lois sur des aspects jugés pertinents.
« On a une grille de priorisation. On avait déjà choisi de faire la gestion des actifs cette année pour diverses raisons, expose Sonya Guilbault. Le financement des besoins dans le secteur municipal au travers le Québec a des retards dans le maintien des actifs, et c’est quelque chose d’important d’être capable de bien planifier et de placer ce que (les villes) ont à faire dans le temps. »
L’année dernière, pour l’élaboration de son premier rapport, Sonya Guilbault a analysé le Service de l’urbanisme, émettant alors 17 recommandations. Le Bureau de la vérificatrice générale a fait un suivi de ces suggestions. Il a conclu que les plans d’action déployés par la Ville en réponse aux recommandations seraient suffisants pour atteindre ses buts, si toutefois la Ville les applique comme prévu.
Cette année, la vérificatrice a émis 36 nouvelles recommandations. Les plans d’action découlant de celles-ci sont déjà en train d’être créés, précise un communiqué. « Il reste du travail à faire, et c’est normal », conclut Sonya Guilbault. Il est possible de consulter le rapport complet de la vérificatrice générale sur le site Web de la Ville : https://sjsr.ca/verificateur-general/.