« Passer quatre heures et plus par jour devant un écran est associé à un faible niveau d’activité physique et à une moins bonne santé mentale », détermine l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2022-2023 de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), dont les résultats ont été dévoilés en décembre 2024.
La Direction de la santé publique de la Montérégie a rassemblé en mars une centaine d’intervenants des milieux scolaire, communautaire et de la santé pour se pencher sur deux volets de cette large étude, soit ceux de l’utilisation des écrans et de la santé mentale.
Mises ensemble, ces données révèlent que l’utilisation excessive des écrans est liée, dans plusieurs cas, à une moins bonne santé mentale. Environ 26% des jeunes du secondaire passeraient au moins quatre heures par jour devant un écran pour les loisirs et les communications. En plus de cette proportion, 22% des élèves rapportent passer au moins quatre heures par jour sur un écran pour des raisons scolaires.
Détresse psychologique
Le communiqué diffusé par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre rappelle aussi que la santé mentale des jeunes, surtout des filles, se détériore depuis plusieurs années. Le pourcentage de jeunes ayant une santé mentale positive est passé de 49% (2016-2017) à 36% (2022-2023).
Selon les dernières données, moins de trois filles sur dix rapportaient avoir une santé mentale positive. Les garçons, de leur côté, ont rapporté une santé mentale positive dans 44% des cas. En tout, 42% des jeunes sondés en 2022-2023 disaient avoir un niveau de détresse psychologique élevé.
L’enquête conclut qu’il y a une corrélation entre une utilisation excessive des écrans et une mauvaise santé mentale. Cela se traduit par « des symptômes anxieux, de la détresse psychologique, mais aussi on peut parler du sommeil, de l’activité physique, du sentiment d’appartenance à l’école. Ces éléments-là sont plus bas en général », explique Benoît Gauthier, agent de planification, de programmation et de recherche de l’équipe développement des enfants et des jeunes à la Direction de la santé publique de la Montérégie.
L’EQSJS a été réalisée auprès de 70 825 élèves dans 483 écoles secondaires du Québec.
Les bonnes habitudes comme solution
La rencontre organisée par la Direction de la santé publique en mars cherchait donc à trouver des pistes de solution pour aider les jeunes, que ce soit pour promouvoir une meilleure santé mentale ou pour mieux gérer l’utilisation des écrans.
« Il s’agit de créer des conditions favorables à travailler à créer des environnements positifs qui vont favoriser une meilleure santé mentale et un usage plus équilibré des écrans », affirme Benoît Gauthier.
Sans retirer les écrans des salles de classe, M. Gauthier soutient qu’il faut mettre de l’avant les technologies lorsque cela amène un avantage marqué : « On veut favoriser que les milieux (scolaires) soient des environnements plus sobres en écrans. On veut que les écrans soient présents dans les bons moments, dans les bons contextes, que leur usage montre une valeur ajoutée, mais le reste du temps, on peut s’en passer. »
Surtout, l’agent de planification croit que le changement passe par les bonnes habitudes à prendre. La technique des « quatre pas » est un conseil qu’il recommande, soit de ne pas regarder d’écran pendant les repas, pas dans la chambre à coucher, pas une heure avant d’aller dormir et pas avant d’aller à l’école.
Il suggère aussi de privilégier le covisionnement dans les espaces communs. Écouter une émission en famille, par exemple, amène des échanges interpersonnels et permet des discussions sur des sujets sensibles, qui n’auraient pas lieu lors d’un visionnement en solo.