Le taux de lavage des mains dans les milieux hospitaliers, qui avait atteint un record durant la pandémie de COVID-19, est en baisse dans les établissements de santé du Haut-Richelieu, révèlent des données du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie- Centre obtenues par Le Canada Français.
Toutefois, le taux d’hygiène des mains est globalement meilleur que celui d’avant la pandémie. À l’Hôpital du Haut-Richelieu, par exemple, on passe d’une fréquence de lavage des mains de 61 % en 20182019 à 87 % en 20202021, au plus haut point de la pandémie. Selon les premières données de 20242025, la fréquence est de 78 %.
Le CHSLD Georges-Phaneuf a lui aussi connu une hausse majeure du taux d’hygiène des mains entre 20182019 (42 %) et 20202021 (92 %). Aujourd’hui, ce taux s’établit à 90 %.
Dans les quatre milieux hospitaliers de la région, on observe d’abord une hausse du pourcentage de lavage des mains pendant la pandémie, en 2020, suivie d’un plateau jusqu’en 2023 environ, et finalement une légère baisse dans la dernière année.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, la cible de conformité à l’hygiène des mains est de 80 %. En date d’octobre 2024, l’Hôpital du Haut-Richelieu (78 %) et le CHSLD Champagnat (74 %), situé à Iberville, se trouvent sous ce seuil. Le CHSLD Gertrude-Lafrance (86 %), le CHSLD Georges-Phaneuf (90 %) et la Maison des aînés de Saint-Jean-sur-Richelieu (86 %) répondent aux attentes.
Essoufflement
« Pendant la pandémie, tout le monde a été fort rigoureux, que ce soit pour les masques, pour l’hygiène des mains, on n’entendait parler que de ça, donc les gens étaient fortement sensibilisés à la contamination, raconte Chantal Boucher, directrice des soins infirmiers au CISSS de la Montérégie-Centre. Et là, comme tout, ça s’est essoufflé un petit peu et on a vraiment vu le relâchement. »
Pour Mme Boucher, une partie de ce relâchement est causée par une baisse de motivation générale. « Je pense que ça, c’est l’humain ». Elle note que pendant la pandémie, la sensibilisation était à son maximum, autant dans les milieux hospitaliers que dans le reste de la société. Une autre partie de la réponse serait la banalisation du lavage de mains. « Parce que c’est simple, parce que c’est un geste qui ne demande pas beaucoup de connaissances, les gens le banalisent », décrit Mme Boucher.
La directrice des soins infirmiers ne trouve pas les résultats du Haut-Richelieu inquiétants outre mesure. « (Le lavage des mains) n’est pas le seul chiffre qu’il faut regarder. Il faut regarder aussi les éclosions et le nombre d’infections nosocomiales qui arrivent », nuance Mme Boucher.
Ensuite, si la situation s’avère problématique, la direction va « décortiquer » les résultats pour trouver la source des infections, par exemple une unité où le lavage des mains est négligé. De la sensibilisation supplémentaire ou une optimisation des stations de lavage des mains peut alors être faite.
Contexte
L’hygiène des mains permet de prévenir les infections nosocomiales, soit les infections transmises lors d’un contact entre un soignant et un patient. Dans le milieu de la santé, il existe quatre moments clés où un lavage des mains est requis. Seuls le « moment 1 », soit celui juste avant d’entrer en contact avec le patient, et le « moment 4 », soit celui juste après avoir donné un soin à un patient, sont pris en compte dans le calcul du taux d’hygiène des mains.
Les données en question sont recueillies par des auditeurs externes ou internes, par exemple un gestionnaire, directement dans le milieu hospitalier.