Cette année, dame Nature a réservé une température idéale pour les friands d’activités extérieures, ce qui n’a pas été le cas dans le passé. Dans le Haut-Richelieu comme ailleurs dans la Montérégie, les amateurs de sports d’hiver doivent s’adapter à de nouvelles réalités. Avec des hivers décrits comme doux où la neige s’accumule moins qu’auparavant, les activités hivernales changent petit à petit.
« Depuis deux ans, ce n’est pas fort. On voit vraiment l’impact des réchauffements climatiques […] Il n’y a plus de glace ! L’impact on le voit direct. Les hivers sont beaucoup moins froids qu’ils étaient », rapporte Mathieu Beauvais, copropriétaire de la pourvoirie Chez Bob, à Venise-en-Québec.
D’après le météorologue Patrick Duplessis de chez MétéoMédia, il est de plus en plus fréquent que les prévisions météorologiques hivernales au Québec soient au-dessus des normales de saison.
« La saison qui se réchauffe le plus dans l’année, c’est l’hiver […] On se dirige de plus en plus vers un hiver qui va avoir de moins en moins de neige, ou un hiver comme à New York où il y a de la neige, mais où elle ne reste pas tout l’hiver », explique M. Duplessis.
L’expert indique que décembre est le mois de l’hiver qui s’est le plus réchauffé. Par conséquent, les patinoires naturelles et les activités comme la pêche sur la glace sont quand même possibles, mais elles peuvent être faites plus tardivement qu’autrefois.
« Je pense qu’on va garder encore pas mal d’hivers où on a une certaine blancheur. Dans les tendances à long terme, j’ai hâte de prévoir un hiver froid, mais je ne sais pas si ça va arriver de nouveau », mentionne-t-il.
Changements
En seulement quelques décennies, les activités hivernales de la région ont grandement changé. La saison de pêche sur glace s’est largement amincie, les tournois de hockey d’antan n’animent plus la région comme ce fut déjà le cas, et les saisons des clubs de motoneige débutent de plus en plus tard… si elles débutent.
« [En 2023], c’était catastrophique. Je n’ai même pas pu ouvrir mes sentiers une fin de semaine », se désole Marc-André Fortin, président du Club motoneige du Haut-Richelieu.
Pour la pourvoirie Courchesne à Venise-en-Québec, où l’entreprise familiale permet la pêche sur glace depuis la fin des années 1950, l’an dernier a aussi été particulièrement difficile.
« On a sorti les cabanes deux jours, on a fait une fin de semaine. L’année passée, il y a des jours où il faisait 10 Celsius en plein hiver », déplore Jacques Courchesne, copropriétaire de la pourvoirie.
Même si la région n’offre plus la même abondance d’activités hivernales qu’autrefois, les pourvoiries et les clubs de motoneiges soulignent que l’intérêt du grand public est toujours là.
Adaptation
La glace qui orne les cours d’eau de la région est moins épaisse que par le passé et les hivers parsemés de redoux font en sorte qu’il « devient de plus en plus hasardeux d’organiser des tournois de hockey sur la bande du canal comme avant », mentionne Sylvain Lapointe, directeur général du COVABAR.
Consciente qu’elle ne peut se battre contre ce qu’impose mère Nature, la pourvoirie Chez Bob tente d’adapter son modèle d’affaires autant que faire se peut. Le nombre de cabanes de location a été réduit de 100 à 30 et l’entreprise offre et promeut la pêche sur glace sans abri ou avec une tente de protection.
Des initiatives existent aussi pour combattre les moments où la neige se fait rare. Ainsi, à Venise-en-Québec, la Municipalité a décidé d’enneiger mécaniquement un espace de la base de plein air Jacques-Gagné afin de permettre certains loisirs extérieurs comme la glissade.
Difficile de prédire l’avenir des activités hivernales dans le Haut-Richelieu, mais il est probable que plus les années passeront, plus les passionnés devront se déplacer dans d’autres régions pour pratiquer leurs plaisirs hivernaux.