Les propriétaires du golf des Légendes et d’autres terrains connexes du secteur ont récemment déposé un mémoire à la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu en réponse à la vision d’aménagement proposée pour le secteur Bergère et des Échevins, communément appelé le secteur des golfs.
Les « Promoteurs », par le biais de ce document de 25 pages, critiquent une proposition d’aménagement incomplète et dénoncent également un manque total d’échange de la part de la Municipalité, bien qu’ils soient parties prenantes du dossier. La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu n’aurait eu aucun contact avec eux depuis la soirée de type porte ouverte qui avait présenté le projet aux citoyens le 3 décembre 2024.
« [Mes clients] ont été presque insultés que la consultation et sa préparation se fassent pratiquement à leur insu », affirme Marc Perreault, représentant des Promoteurs, en entrevue avec le journal. « S’ils avaient été consultés au préalable, la Ville aurait été en mesure de présenter un plan plus réaliste avec un meilleur potentiel de mise en œuvre », ajoute-t-il.
Écran de fumée
Les propriétaires visés considèrent la vision d’aménagement comme étant un écran de fumée. « La Ville se place davantage dans une position de confrontation que dans celle de la collaboration, qui permettrait d’arriver à quelque chose qui fasse sens pour tout le monde », déplore M. Perreault.
L’urbaniste explique notamment qu’une cession de terrains, dans des proportions si importantes, ne colle pas avec l’économie de marché actuelle. Il souligne qu’avec une telle manière de procéder, la Ville s’expose aussi au risque de se confronter à des propriétaires moins enclins à la concession, dès lors qu’elle souhaitera opérer sa vision.
75% à 80% de conservation
Les Promoteurs qu’il représente détiennent 596 896 m2 de terrains qui regroupent l’actuel golf des Légendes. Rappelons que la Municipalité veut réserver 75% à 80% du secteur Bergère et des Échevins à la conservation des espaces verts.
« Ça avoisine le 10 millions de pieds carrés : c’est énorme ! », témoigne l’urbaniste. « Est-ce la course à avoir le plus grand parc possible ? Ou vaut-il mieux un parc qui est raisonnable en termes de superficie et qui permettra aux gens d’accéder à un environnement vert, mais aussi à des activités récréatives ? », questionne-t-il, rappelant que la vision de la Ville n’inclut pas de détails d’un parcours de promenade au sein du parc projeté.
Marc Perreault rappelle aussi qu’un parc nécessite un entretien régulier, ce qui implique des coûts supplémentaires. Quant à la biodiversité, qui est au cœur de ce pourcentage, l’urbaniste rappelle que les terrains visés sont majoritairement utilisés pour la pratique du golf depuis de nombreuses années.
Un programme de plantation et de réhabilitation serait donc nécessaire pour rétablir un environnement naturel dans le secteur visé, qu’il considère détruit par ses usages et concrètement être « de la pelouse » depuis de nombreuses années.
Expropriation déguisée
Si la Ville est souveraine dans sa manière de zoner son territoire, les Promoteurs soulignent que si leur terrain privé est zoné parc sans échange ni compensation, le dossier risque de se retrouver à la cour pour expropriation déguisée.
Marc Perreault note également que ses clients ont réalisé une étude de caractérisation biologique sur l’ensemble de leur territoire. Un inventaire de tous les arbres a été dressé pour le terrain du golf des Légendes. La qualité écologique du terrain y est aussi incluse.
« Si on fait face à une expropriation, la Ville aura beaucoup de difficulté à justifier des fins de conservation [devant les tribunaux] », prévient M. Perreault.
Compromis
Les Promoteurs réclament ainsi une rencontre avec la Ville et souhaitent pouvoir s’asseoir avec le conseil municipal pour discuter de cette vision avant l’adoption d’une résolution d’intention, promise en décembre dernier.
Marc Perreault affirme que ses clients sont prêts à un échange de terrains, considérant les 169 891 m2 de lots dont la Ville est propriétaire dans le secteur et dont une bonne partie est potentiellement développable.
Il précise que ses clients ne cèderont pas plus de 25% de terrains prévus à la réglementation. Si la Municipalité veut acquérir davantage de leurs terrains, elle devra donc en payer le prix ou procéder à un échange à hauteur d’un pied carré pour un pied carré.
« Mais pour en arriver là, il faut d’abord se parler et établir un niveau de confiance entre les parties ! » conclut M. Perreault. Joint au téléphone par le journal, le conseiller municipal du secteur, Marco Savard, s’est dit ouvert à rencontrer les promoteurs.