Les enseignants du Syndicat de l’enseignement du Haut-Richelieu (SEHR) plaident pour avoir plus de temps pour enseigner. Dans le cadre d’une consultation menée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), 92 % des 267 enseignants consultés par le SEHR sont favorables à réduire le nombre de bulletins de trois à deux par année scolaire, comme à l’époque de la COVID-19. De son côté, le Centre de services scolaire des Hautes- Rivières souligne que ce n’est pas tant le nombre de bulletins qui importe, mais la rétroaction qu’offrent les enseignants aux élèves lors des apprentissages.
Malgré la signature des dernières conventions collectives en juin 2023, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) est insatisfaite de certaines conditions. Afin de trouver des solutions, la FSE-CSQ a mené un sondage auprès des 34 syndicats affiliés au sujet des évaluations.
« Ce qu’on dénonce, c’est qu’on est toujours en mode évaluation. Donc, ç’a un impact sur l’enseignement des apprentissages parce que le bulletin s’en vient. Il faut faire une révision et on s’assure de voir si les élèves sont prêts aux évaluations. On revendique de faire tomber un des bulletins pour pouvoir passer plus de temps aux apprentissages dans un contexte qui n’est pas stressant comme celui d’une évaluation », mentionne Gislain Tardif, deuxième vice-président et responsable des dossiers pédagogiques au bureau du SEHR.
Stress et anxiété
Il explique que lorsque la période des évaluations approche, le niveau de stress et d’anxiété augmente chez les élèves. Ainsi, en éliminant un des trois bulletins, il est d’avis que l’anxiété de performance et la peur de l’échec diminueraient. Selon le syndicat, il serait préférable de tenir en compte pas juste la note, mais le processus qui se greffe autour du projet qui est réalisé.
« Avec les évaluations, souvent, on se trouve devant un élève avec une note à un moment spécifique où on a pris la photo. Les enseignants souhaitent focaliser plus sur la progression de ce qui a été compris et les avancées de chaque élève au lieu de focaliser sur les notes. Il y a plein de compétences transversales qui peuvent être vues avec une évaluation plus formative qu’avec une évaluation sommative », note-t-il.
S’il y avait une diminution du nombre de bulletins annuels, 61 % des enseignants répondants des écoles du Centre de services scolaire des Hautes-Rivières (CSSDHR) aimeraient conserver trois communications par année avec les parents, soit une sans bulletin et deux avec bulletin.
« La Loi sur l’instruction publique demande à ce que les parents soient informés de la progression des apprentissages de leurs enfants une fois par mois quand ce sont des enfants en difficulté. Actuellement, elle prévoit aussi qu’en octobre, une première communication est faite aux parents pour avoir la progression de l’enfant. Cette première communication pourrait toujours avoir lieu, mais autrement qu’avec un bulletin. Les enseignants veulent offrir un portrait détaillé aux parents de l’enfant », ajoute-t-il.
Rétroaction
Le Centre de services scolaire des Hautes-Rivières explique de son côté que ce n’est pas le nombre de bulletins qui importe, mais la rétroaction que les enseignants offrent aux élèves pendant leurs apprentissages.
« Dans un examen formel minuté de trois heures, [les élèves savent] qu’une partie de l’année scolaire est en jeu, et ça ajoute du stress aux élèves. C’est pour ça qu’on travaille sur le terrain avec les enseignants pour créer d’autres formes d’évaluation. Une enseignante du deuxième cycle du secondaire a demandé aux élèves de prendre des photos de vitraux d’église pour ensuite créer des problèmes géométriques. C’est un exemple concret de la manière dont on travaille qui permet à l’enseignant d’analyser les traces de l’élève et sa progression », explique Taïga Waelput-Lavallée, directrice du Service des ressources éducatives aux jeunes au Centre de services scolaire des Hautes-Rivières.
Elle est d’avis que peu importe le nombre de bulletins, le CSSDHR va s’ajuster tout en gardant les bonnes pratiques de rétroaction entre l’enseignant et ses élèves ainsi que la communication avec les parents pour les impliquer dans la démarche.
« Dans l’histoire, on a connu des années à quatre bulletins et d’autres à deux. Ça évolue et on s’ajuste. On est également conscients que les épreuves ministérielles existent pour réguler le système dans un contexte plus formel. Elles sont nécessaires. Que le nombre de communications officielles change, ça ne va pas influencer la façon d’enseigner », conclut-elle.